Tu grognes en te levant de ton lit. Toi qui avait prévu de traîner dans ton appartement à ne rien faire à part manger et dormir, c'est raté. Tu viens de recevoir un SMS d'Ezeckiel, ce pauvre petit a besoin de toi. Tu scannes ta chambre du regard et t'enfiles le premier t-shirt que tu vois. Tu soupires. Tu sais pas pourquoi t'as commencé à faire la gentille avec lui. Au début, tu te foutais juste de sa gueule puis il a tenu à en savoir plus et t'étais piégée dans ton propre jeu. Tu t'attendais pas à ce que ça te demande autant d'effort d'entretenir cette fausse amitié. Merde Nemesis, voilà pourquoi t'es jamais gentille. Tu retiendras la leçon pour la prochaine fois, mais là, il est trop tard pour rebrousser chemin. Ça t'apprendra à faire des choix à la con pour te moquer des gens, certaines personnes appellent ça le karma, toi t'appelles ça la merde. Tu cherches ta deuxième chaussure sur le sol miteux de ta chambre. Faudrait peut-être que tu ranges ? Ouais, peut-être, dans un futur plus ou moins proche. Éventuellement.
Tu dévales les escaliers de ton immeuble, merde, t'es déjà en retard. C'est la faute du gamin aussi, demander un rendez-vous d'urgence dans vingt minutes au café du centre alors que t'habites dans le nord, c'est pas évident. T'as fait ce que t'as pu avec ce que t'avais. T'étais pas coiffée, habillée à la va-vite et pas maquillée. Tu regardes ton reflet dans la vitrine d'une boutique. Oh putain, tu fais peur. Tu sors une clope et la coince entre tes lèvres. Tu t'attaches les cheveux dans un chignon désordonné avant d'allumer ta cigarette. Tu peux pas faire mieux que ça. Non, mais pourquoi tu fais autant d'effort, merde ?
Tu passes devant le café et par la vitre, tu l'aperçois. Il a l'air désespéré. Le pauvre. Bordel, mais depuis quand t'as de la compassion, toi ? Faut vraiment que t'arrêtes de fréquenter ce gamin, ça te fait que du mal. Tu pousses la porte du petit établissement après avoir jeté ton mégot par terre. Tu fourres les mains dans tes poches, tu te sens pas trop à l'aise. Tu te diriges vers sa table. « Salut. », tu lances de manière monotone. Tu lui adresses un faible sourire. Il relève la tête vers toi, il a l'air dévasté. Putain, mais pourquoi t'es là ?