#8. Remember me ∞ Sarah & Mylow

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Remember me

Parler de soi n’est jamais facile, pourtant je savais que je devais m’essayer à cet exercice. Sarah en avait besoin pour la simple et bonne raison qu’elle avait tout oublié de moi. J’étais à présent pour elle un parfait étranger qu’elle devait réapprendre à connaître. Les choses se sont faites si naturellement entre nous… Mais nous n’avons plus la même spontanéité que des enfants de 5 ans peuvent avoir, ça change absolument tout. Et puis on s’est construits ensemble, nos goûts et nos personnalités se sont forgés au fil des années, ce n’est pas facile de faire un résumé de tout ça. Tout comme il n’est pas facile de la voir, là, dans ce genre de circonstance. Quand je suis parti, je lui ai dit que si un jour elle décidait de revoir ses priorités, elle pouvait m’en parler. Une façon de lui faire comprendre que ma porte était toujours ouverte, que j’avais toujours envie de faire ma vie avec elle, que je l’aimais toujours. Alors j’espérais… J’espérais que quand je la reverrais, ça serait à un moment où elle aurait pris le temps de se poser, qu’après s’être rendue compte que je lui manquais elle aurait eu envie de revenir vers moi. Je sais, c’est un peu masochiste de laisser ce genre de chance à une relation mais que voulez-vous… Je ne pouvais pas faire autrement, la séparation était vraiment la dernière chose que j’avais voulu, dieu sait que j’avais tout essayé, tout fait pour que ça n’arrive pas.

Avant oui, on courrait ensemble tous les matins.

On avait commencé ce petit rituel à Central Park et on avait tout naturellement continué après avoir déménagé. Mais dès ses études finies, elle n’a plus trouvé le temps, ni l’énergie pour le faire. Je ne pouvais pas lui en vouloir, elle était crevée à essayer de monter son cabinet, elle dormait peu, alors courir… C’était la dernière chose dont elle avait envie.

J’avais finalement réussi à trouver quelques petits trucs à lui raconter, comme le fait que j’aimais faire de la moto et qu’elle venait souvent avec moi faire des balades. j’ai vu ses yeux s’agrandir quand je lui ai parlé de ça, elle semblait surprise et pourtant… On a pris la clé des champs plus d’une fois et elle adorait ça. Je me demande si ça lui manquait… En fait, je me demande comment elle a pu se concentrer sur une seule chose au point d’oublier tout le reste. Nos projets, nos rêves d’enfants, les petits plaisirs simples de la vie ne faisaient plus partie de la sienne. Ca ne lui manquait pas de siroter un petit verre de vin dans le canapé le soir en refaisant le monde avec moi ? De regarder la télé en mangeant du pop corn ? De lire un bon bouquin près de la cheminée qui crépite ? Je ne peux même pas lui poser la question, elle ne saurait quoi me répondre…

Oh si tu faisais la cuisine, ça ne serait pas à cause des épices que je me retrouverais à l’hôpital !

Je me joignais à son rire, c’était une blague entre nous, elle savait à quel point elle était mauvaise en cuisine puisqu’elle parvenait à cramer des oeufs sur le plat et oubliait systématiquement de mettre du sel pour faire cuire les patates ou les pâtes, alors on s’en amusait beaucoup et je la taquinais pas mal sur ce sujet là, une de ses très rares failles, alors il fallait bien que j’en profite ! D’ailleurs en parlant de ça, je mourrais de faim. Logique en même temps, le temps passait vite et il était plus que l’heure de manger quelque chose. J’ai donc tout naturellement proposé à Sarah de nous cuisiner quelque chose. Quand elle a proposé de m’aider, ça m’a fait sourire, parce qu’elle ne mettait jamais les pieds dans la cuisine, elle disait que ça portait malheur !

Aucun secret entre nous ! Pour une fois que tu veux participer, ne compte pas sur moi pour ne pas profiter de l’occasion !

J’attrapais sa main et la tirais à ma suite dans la cuisine.

Tu te sens capable de t’occuper de la béchamel si je te note la recette et que je reste à côté pour surveiller ?

Oui parce que… Déjà avant, c’était pour elle quelque chose de très compliqué. Comme elle a tendance à vouloir que tout aille vite, elle mélangeait tout d’un coup alors forcément, le résultat n’était jamais à la hauteur de ce qu’elle espérait ! Je notais scrupuleusement les quantités et les étapes, puis je lui sortais les aliments et le matériel dont elle avait besoin. J’allais surveiller tout ce qu’elle faisait tout en m’occupant de la viande sur le gaz juste à côté.

Nous allons vivre un grand moment… La première béchamel de Sarah Bennett ! Concentre toi je sais que tu peux le faire !

Mais non je ne me moquais pas d’elle ! Enfin… Si un tout petit peu quand même. Mais si elle avait encore eu ses souvenirs, elle n’en aurait pas été étonnée, tout simplement parce que c’était tout le temps comme ça entre nous, on trouvait toujours une raison de rire, soit de l’un l’autre, soit d’autre chose, mais tout était sujet aux plaisanteries. Ca faisait du bien de retrouver ça… Ca fait si longtemps qu’on l’avait perdu… Trop longtemps.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
Remember me.

Nous avions l'air de partager beaucoup de choses ensemble, avant que je ne me lance dans ces études qui ont bouffés probablement les meilleurs années de ma vie. Entre les balades en moto, le sport, les sorties, peut-être avons-nous même voyagé, nous avions du vivre de beaux moments ensemble. J'aimerais pouvoir revivre tout cela ou encore les avoirs gardés en mémoire, car quoi que l'on puisse dire, les photos, les objets gardés ne remplaceront jamais les souvenirs.

Je le regardais avec de grands yeux, prenant un air presque offusquée.

« Ne sois pas de si mauvaise foi, je suis certaine que tu exagères ! Si tu es encore en vie, c'est que jusqu'à présent je ne t'ai jamais empoisonné alors pas de quoi en faire tout un plat ! », lui dis-je d'un ton qui se voulait sérieux, mais je finis par rire avec lui.

J'avais peine à croire que j'étais si mauvaise cuisinière, quel dommage ! Enfin, il restait un avantage, ne pas avoir à se soucier du repas en rentrant le soir chez soi, fallait-il encore avoir un charmant compagnon bon cuisinier, ce qui apparemment était le cas.

« Très bien Mylow Valentyne s'évertue à critiquer ma cuisine alors il va s'empresser de me montrer ses talents ! », affirmais-je avec un ton qui se voulait autoritaire mais j'avais du mal à garder mon sérieux.

Il me prit par la main et m'entraîna vers la cuisine. Je ne me posais pas de question et le suivis sans réfléchir. Il était tactile et étrangement ce contact ne m'avait pas dérangé. Il pris soin de m'expliquer que j'allais me charger de la béchamel.

« Oui je pense et puis au pire des cas ce ne sera pas la première fois que je te ferais goûter quelque chose d’immangeable apparemment ! », lui répondis-je avec une petite moue, comme si je lui en voulais à propos de sa remarque sur ma cuisine.

J'ajoutais tout de même un sourire, je sentais que nous commencions à être plus à l'aise l'un envers l'autre. La plaisanterie était toujours une bonne solution pour créer des liens et de la complicité.
J'étais contente qu'il veuille bien me donner quelque chose à faire, c'est un peu comme s'il me faisait confiance. Et ça, j'en avais réellement besoin. Même si c'était sur le ton de la plaisanterie et qu'apparemment la cuisine ne devait pas être mon truc, depuis mon accident, les gens avaient tendance à me sous-estimer, à ne pas me laisser faire par peur.

« Je rêve ou tu es en train de te moquer de moi ouvertement ? » lui demandais-je légèrement offusqué en le poussant gentiment à l'épaule.

Je lui arracha presque le papier des mains afin d'en lire les instructions. Je voulais lui prouver de quoi j'étais capable, et puis au pire des cas, même si j'échouais les conséquences seraient minimes. Je n'avais pas à me sentir angoissée, à me mettre la pression que je subissait lors de mes consultations à la clinique. Là je me sentais à l'aise, presque en sécurité et ça faisait un bien fou.

Je me saisissais des ingrédients afin de commencer à suivre la première étape mais je sentais son regard posé sur moi, comme s'il était resté fixé.

« Cesse de m'observer ainsi tu vas me mettre la pression, si je ne l'a réussi pas cela viendra entièrement de toi. »

Ces yeux étaient rivés sur moi, il paraissait pensif, presque nostalgique. J'aurais beaucoup donné à cet instant même pour être capable de connaître ses pensées. Que pensait-il de moi ? Peut-être ne réagissais-je pas comme il l'espérait, peut-être n'attendait-il qu'une chose, de se réveiller et d'oublier toute trace de cette rencontre perturbante.

« Voyons voir cela, ai-je fais un quelconque faux-pas jusqu'à présent ? Je te préviens que si elle est réussie, tu me devras des excuses », lui assurais-je sûre de moi tout en versant le lait.

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Remember me

Vous savez quoi ? J’avais presque envie de me pincer pour vérifier que je ne rêvais pas. La femme que j’avais en face de moi n’était pas la Sarah des derniers temps, celle qui était facilement irritable, qui était sur les nerfs tout le temps parce qu’elle avait peur de ne pas gérer son emploi du temps ou un cas trop difficile… Non, la femme que j’avais en face de moi, c’était la Sarah d’avant, celle dont j’étais tombé amoureux, cette fille pleine d’esprit et joyeuse, avec de l’énergie à revendre et toujours souriante. Elle m’avait manqué cette Sarah là, j’avais l’impression qu’elle avait disparu à jamais avec l’âge adulte. Ca fait du bien de la retrouver, de pouvoir rire avec elle comme je le faisais avant. En un clin d’oeil j’avais retrouvé mes repères avec elle, j’étais redevenu celui que j’avais toujours été en sa compagnie, tout naturellement, sans que j’aie à me poser de question, c’était tout simplement comme ça. Et le mieux dans cette histoire, c’est qu’il en était de même pour elle. Je la sentais plus à l’aise et même si j’étais toujours un étranger pour elle, elle ne me regardait plus comme tel. Je la taquinais, ricanais à ses réactions, j’oubliais presque dans quel contexte nous étions dans cette cuisine.

Si je t’ai proposé de la faire, c’est parce que je crois que tu peux la réussir je te signale… N’attends pas que le lait soit chaud pour mettre la farine ! Et petit à petit !

OK, elle va me tuer, je me tais ! Mais bon, si elle ne veux pas de grumeaux… Bref, je la laissais faire, me concentrant à présent sur mes échalotes que j’épluchais et hachais finement avant de les faire revenir dans un filet d’huile d’olive. Je n’en revenais pas d’être là, en train de cuisiner, avec Sarah qui m’aidait. Elle qui avait horreur de ça…

Ca te plait ou… Tu fais juste ça pour m’aider ? Parce qu’avant tu n’aimais pas cuisiner donc… Je me demande.

Je lui souriais, curieux d’entendre sa réponse. Des choses semblaient avoir changé chez elle, ou bien simplement elle était redevenue elle ? C’est vrai que je ne la reconnaissais plus depuis qu’elle avait ouvert son cabinet, peut être que c’est dû à ça. Ses goûts semblaient être restés les mêmes, pour le peu que j’avais pu observer depuis qu’elle était chez moi, mais peut être qu’elle a une vision différente de certaines choses à présent. Je prenais une cuillère et prélevait un peu de la béchamel qu’elle venait de terminer, faisant mine de me concentrer longuement avant de donner un avis, puis je me fendais d’un salut théâtral.

Mademoiselle Bennett je vous fais toutes mes excuses, cette sauce est divine !

Sarah a continué de m’aider et ce moment partagé ensemble était vraiment agréable. J’essayais de ne pas trop penser à tout ce qui ne concernait pas le moment présent pour en conserver l’insouciance, mais le fait était que je me demandais si je devais lui parler de ce que je ressentais. Parfois je me disais que je le devais, qu’il fallait que je sois honnête avec elle, ne rien lui cacher, parfois je me disais que je ne devais rien dire, que ça risquait de lui faire peur, de la faire fuir… Après tout, dans son esprit elle me connaissait à peine. On a fini par monter les étages de la lasagne ensemble et par la mettre au four, puis on a mis la table. Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça à ce moment là, sans doute parce que j’en avais besoin, j’avais besoin qu’elle le sache. En tout cas c’est sorti le plus spontanément du monde, je n’ai rien prémédité.

Tu m’as manqué Sarah.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
Remember me.

Une fois la sauce terminée, je continuais à l'aider à cuisiner les lasagnes ainsi qu'en mettant la table. C'était quelque peu étrange de mettre la table uniquement pour nous deux, surtout que je l'avais rencontré aujourd'hui même. Nous n'étions pas loin du dîner romantique à vu d’œil. Je posa les verres sur la table tandis qu'il me posa une question curieuse.

« Et bien je te dirais ça lorsque j'aurais fait plusieurs essais, en tout cas cette fois ci là cela ne m'a pas déplu. »

Il est vrai que je n'en savais strictement rien. J'avais passé un moment agréable avec lui en l'aidant à cuisiner et à vrai dire sans me poser la question de si cela me plaisait. J'essayais simplement de profiter de ce moment sans trop me poser de question, me contentant d'être dans la bonne humeur pour trouver une certaine complicité.

« Peut-être pourrais-je même remédier à cela en devenant un petit cordon bleu si tu m'apprends à cuisiner », lui lançais tel un défi avec un clin d'oeil.

Nous passions rapidement à table et je pu déguster sa cuisine italienne. Il complimenta ma béchamel, me présentant même ses excuses. Je souris fièrement en riant légèrement.
Je ne voulais pas l'accabler de question mais c'était plus fort que moi, elles revenaient sans cesse. Je ne me connaissais pas et c'était très frustrant à vivre. J'étais impatiente d'en savoir plus sur ma vie passée.

« Quelle genre de fille j'étais ? Je veux dire mon caractère, ce que j'aimais faire, mes petites manies et ce qui me caractérisait... »

J'étais certaine qu'il y avait tant de choses à dire, tellement qu'il ne saurait pas par ou commencer étant donné qu'à mes yeux, tout était bon à savoir lorsque l'on a tout oublié. Il était pourtant le mieux placé pour me répondre, j'avais décidé de partager ma vie avec lui alors il devait me connaître par coeur, même lorsqu'il s'agissait de mes secrets je suppose.

« Tes lasagnes sont délicieuses, même si je suis persuadée que c'est en grande partie grâce à ma béchamel », le taquinais-je en savourant son plat.

Je fus surprise d'entendre Mylow m'avouer ceci, tout naturellement, au beau milieu du repas. Je suppose qu'il avait ressenti le besoin de m'en faire part, ça paraissait si spontané. Tellement que je me retrouvais quelque peu déstabilisée et gênée face à cet aveux.

Sincèrement, que pouvais-je répondre à cela ? La réponse ne pouvait être toi aussi, ça sonnerait faux et c'était hypocrite, or j'avais envie d'être sincère avec lui. Je l'appréciais et j'étais contente d'être en sa compagnie mais n'ayant aucun souvenir de lui je ne pouvais me résoudre à lui dire ce qu'il attendait certainement en retour.
En guise de réponse je lui accorda un sourire sincère.

« Lequel d'entre nous a fait le premier pas ? », lui demandais-je quelques minutes plus tard.

J'avais envie qu'il me raconte comment nous en sommes arriver à éprouver plus que de l'amitié l'un envers l'autre, lequel s'est décidé à faire sa déclaration, quand, où, comment. J'étais curieuse de savoir si j'étais le genre de fille plutôt réservée, qui laissait faire les choses ou si j'étais celle qui prenait les devants. Je devais connaître notre relation sur le bout des doigts pour comprendre comment nous en sommes arrivés là. Les yeux rivés sur lui, je buvais ses paroles.

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Remember me

C’est drôle de la voir derrière les fourneaux. Elle n’a jamais aimé ça mais tout bien considéré, c’est peut être parce que personne ne lui avait appris à cuisiner ? Je sais que sa mère est de ces femmes actives qui n’ont pas le temps de faire la cuisine et préfèrent s’en remettre aux plats préparés ou aux traiteurs. C’est quelque chose qui se transmet et moi, c’est ma grand mère qui a commencé à m’apprendre à faire des cookies quand j’étais tout petit, puis maman a pris le relai et comme j’aimais ça, le reste s’est fait tout seul. Alors oui, peut être que si elle s’y met et que je l’aide, elle pourra devenir un cordon bleu !

Je t’apprendrai avec plaisir.

C’était une belle occasion d’être ensemble, et puis ça permettait de parler facilement. Parler, c’est une chose dont elle avait besoin. En tout cas poser des questions. On était là pour ça, j’avais promis de l’aider au mieux que je pouvais, mais j’avoue que quand elle m’a demandé de la décrire, j’ai trouvé que l’exercice n’était pas aussi facile qu’il semblait l’être. J’avais pourtant tant de choses à dire sur elle, j’aurais pu écrire un livre pour la décrire dans les moindres détails. Mais en quelques mots, c’est tellement difficile… Je prenais mon temps pour réfléchir à ce que j’allais lui répondre avant de me lancer.

Tu aimes la pluie, écouter du Chopin en prenant ton bain, tu es capable de dévorer un pot de nutella en cinq minutes chrono, tu peux toucher ton nez avec ta langue, tu adores la mode, tu rêves de poser le pied sur chaque continent du monde, depuis que tu es gamine tu sais que tu veux être vétérinaire et tu l’es devenue. Tu es têtue, obstinée, lunatique, rayonnante, drôle, intelligente, sensible, soupe au lait, bosseuse, généreuse, très mauvaise cuisinière en temps normal et pleine de joie de vivre.

C’était un résumé bref et concis. Pour le reste j’imagine que ça viendra petit à petit, que chaque situation réveillera des souvenirs que je pourrai lui raconter. On avait commencé à manger la lasagne qu’on avait préparé ensemble pour la première fois et pour moi c’était tout un événement en soi. J’avais aimé partager ce moment avec elle.

C’est UNIQUEMENT grâce à ta béchamel, c’est évident !

Je lui offrais un clin d’oeil qui se voulait complice, nous servant à tous les deux un verre de vin. En lui parlant d’elle, je n’avais pu m’empêcher de réaliser à quel point elle m’avait manqué. Je ne sais pas pourquoi je le lui ai dit… C’était spontané, pas du tout calculé. Une évidence qui devait être dite. Je me suis bien rendu compte que ça la mettait mal à l’aise, alors j’ai baissé les yeux vers ma part de lasagne et en ai mangé un nouveau morceau, comme si de rien n’était. Après un long silence, Sarah m’a demandé de lui parler de nous, de la façon dont ça avait démarré. Un léger sourire se forma sur mes lèvres pendant que la scène me revenait dans les moindres détails et que je lui racontais.

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DEBUT DE FLASHBACK

On était assis sous cet arbre à Central Park où on aimait venir glander quand on le pouvait. La veille, le plus curieux des hasards avait voulu qu’on rompe avec nos partenaires respectifs et bien entendu, on ne pouvait pas faire autrement que d’en parler ! Sarah venait de mordre rageusement dans son sandwich et avait ce regard noir qui voulait dire « le premier qui joue avec mes pieds, je le démonte ! ».

J’arrive pas à le croire… Je vais finir par croire que j’ai vraiment un problème !
Mais non tu n’as pas de problème… Ou alors j’en ai un gros aussi ! Vas-y doucement, tu vas finir par t’étrangler.
Ou alors j’en demande trop ? Tu crois que je suis trop difficile ?
J’en sais rien…
Tout ce que je demande, c’est un mec mignon, gentil, qui aime les animaux, qui sait m’écouter sans me faire comprendre que je l’ennuie, romantique et qui ne passe pas son temps devant la télé à regarder le superbowl.
Moi en fait…

J’avais dit ça sur le ton de la plaisanterie, sans vraiment me rendre compte à quel point c’était vrai. Mais Sarah, elle, avait capté.

Et toi… Tu cherches quoi ?
Mmm… Une fille qui me fait rire et qui est toujours de bonne humeur, qui ne se moque pas de mon côté romantique mais qui au contraire aime ça, une fille intelligente avec qui je pourrai partager des loisirs et en qui je pourrai avoir confiance.
Moi en fait, non ?

Dit par elle, ça prenait un autre sens. Là j’ai vraiment réalisé que oui, effectivement, c’est une fille comme elle que je cherchais et que si aucune de mes relations ne fonctionnait, c’est parce qu’aucune n’était… Sarah.

Dis Mylow, pourquoi on s’acharne à chercher ailleurs ce qu’on a sous les yeux depuis toujours ?
Parce qu’on est des idiots ?

J’avais haussé les épaules avec un sourire contrit, puis je m’étais penché pour l’embrasser. Elle ne s’était pas reculée et m’avait rendu mon baiser, le premier d’une très longue série à venir.

FIN DE FLASHBACK
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Voilà, c’est comme ça que ça a commencé toi et moi.

Je ne vais pas dire que c’est étrange de se remémorer ces moments, parce qu’il arrive souvent que j’y pense. Ca fait partie des meilleurs souvenirs de ma vie.

Je crois que ça serait bien qu’on envisage d’aller à New-York. C’est là qu’on a grandit et tes parents sont là-bas. D’ailleurs… Est-ce qu’ils sont au courant de ton accident ?

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Le repas se déroulait tranquillement, autour d'un bon plat de lasagne et d'un verre de vin. C'était étrange, on aurait dit deux bons vieux amis qui se retrouvaient. Il paraissait plus à l'aise, tout comme moi avec lui d'ailleurs. Nous parlions cuisine, il me taquinait sur le fait que c'était une grande première de me voir préparer ne serait ce qu'une sauce, puis je lui posais d'autres questions me concernant.

Je riais lorsqu'il me cita toutes ses petites choses à mon propos. J'étais surprise par certaines choses, comme le coup du pot de nutella, d'autres m'étonnaient moins, le fait de vouloir voyager par exemple. J'avais l'air d'être assez ambitieuse et de savoir ce que je voulais. A la suite, il me sorti un nombre incalculable d'adjectif servant à décrire ma personnalité. Je l'écoutais attentivement, en essayant de m'identifier.

« Tu sais, je me demande parfois si ma personnalité, mes goûts seront complètement différent. J'ai du mal à comprendre comment on peut changer du tout au tout simplement en ayant perdu la mémoire. Pour moi, la plupart de ses choses sont instinctives, je ne vois pas pourquoi elles deviendraient complètement différente. »

Je ne sais pas pourquoi mais j'avais eu le besoin de lui confier ma pensée, certainement parce que depuis que j'étais sortie de l’hôpital je ne m'étais jamais confié à qui que ce soit. Et ça faisait du bien d'avoir quelqu'un qui vous écoute sans vous jugez, je ne doutais pas de Mylow sur ce point de vu.

« Pourtant j'ai tout de même l'impression que rien ne pourra redevenir comme avant même si je cherche à m'en approcher. », poursuivais-je.

Mylow cherchait la complicité et à la fois la proximité, m'avouant même à quel point je lui avait manqué. Toutes ses questions avaient forcément du réveiller des choses en lui, peut-être même une once de sentiments. Je ne pu m'empêcher de le questionner sur la manière dont on avait été amenés à sortir ensemble.

J'étais réellement impressionnée, Mylow semblait se souvenir de chaque détail, aussi petit soit-il, comme si c'était gravé en lui.

« Oh je vois, un peu comme dans ses films où les deux héros sont les seuls à ne pas savoir qu'ils sont fait l'un pour l'autre », lui dis-je en riant légèrement.

C'était attendrissant, comme si le fait d'être ensemble ne nous avaient jamais traversés l'esprit alors qu'en fait il ne suffisait pas toujours d'aller chercher bien loin pour être heureux, nous en étions la preuve.

« Je rêverais d'y aller... », lui confiais-je, les yeux pleins d'étoiles.

Bien entendu que je mourrais d'envie d'aller à New York, de connaître les lieux dans lesquels j'avais grandis, peut-être même que cela réveillerais quelques souvenirs en moi. Je remarquais qu'il avait utilisé "on" se qui voulait certainement dire qu'il était près à m'accompagner là-bas pour m'aider une fois de plus. J'avais presque envie de le prendre dans mes bras tellement j'étais ravie.

« Justement, j'allais te poser la même question, je n'ai eu aucune nouvelle d'eux jusqu'à présent alors j'imagine que non... »

Le fait qu'ils n'aient pas cherchés à avoir de mes nouvelles m'attristais. J'aurais aimé qu'il soit présent à mon réveil pour m'aider à surmonter cette période difficile de ma vie.

« Sait-tu si j'étais proche de mes parents ? Si nous nous étions disputés quelques temps avant mon accident ? »

Chacun de nous à besoin de ses parents dans les bons moments mais encore plus lorsque notre vie devient complexe et que l'on doit subir de tels événements. J'espérais avoir gardé contact avec eux, j'avais envie de les rencontrer. Ils seraient eux aussi les mieux placés pour parler de leur fille.

« Ils devaient t'apprécier non ?», finis-je par le questionner.

Je supposais que oui, depuis tant d'années que nous nous fréquentions. Et puis Mylow n'avait pas l'air d'être le genre de garçon à qui l'on pouvait trouver facilement des excuses pour ne pas l'apprécier.

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Remember me

Plus j’y pensais, plus je me disais que Sarah s’était perdue les dernières années de sa vie. Elle n’était pas cette fille carriériste capable de tout abandonner pour son métier, capable d’oublier ses rêves de famille. Je ne sais pas ce qui s’est passé, souvent que je me dis que si j’avais été plus vigilant j’aurais vu les choses venir et j’aurais pu lui parler, la raisonner. La Sarah que je connaissais si bien m’aurait écouté, elle m’aurait d’abord envoyé sur les roses et le lendemain elle serait venue me voir pour me dire qu’elle avait réfléchi et qu’il y avait peut être un tout petit peu de vrai dans ce que j’avais dit. Sa façon à elle de rester digne quand elle se rend compte que j’ai raison !

Alors j’espère qu’elle est à nouveau ma meilleure amie, la femme de ma vie, celle avec qui j’ai grandi et qui était ma complice depuis toutes ces années. J’avais tellement envie de la retrouver… Pas la Sarah que j’avais quitté, celle dont j’étais tombé amoureux et qui voulait soigner les animaux, avoir un chien, une maison à la campagne et au moins trois enfants. Peut être que cet accident aura l’effet positif de me la rendre… Peut être que dans quelques années on regardera en arrière en se disant que ça avait eu du bon, que grâce à ça elle avait pu redevenir elle-même et faire repartir sa vie sur le bon chemin, celui qu’elle aurait toujours dû suivre.

Peut être… Que ça n’est pas si mal que tout ne redevienne pas comme avant. Tu sais Sarah… Tu ne riais plus comme avant, tu étais toujours exténuée, sur les nerfs… Tu n’étais plus la fille gaie et lumineuse que tu avais toujours été. Peut être que c’est l’occasion pour toi d’être à nouveau vraiment heureuse.

Sarah me disait souvent que ce qu’elle aimait chez moi, c’était mon honnêteté vis à vis d’elle. Elle savait toujours ce que je pensais parce que je ne lui mentais jamais et que j’étais toujours franc avec elle. Cette franchise lui faisait du bien, ça la rassurait. Les derniers temps elle ne m’écoutait plus, comme quand je lui disais qu’elle devait téléphoner à ses parents plus souvent. Je me souviens qu’elle avait levé les yeux au ciel, prétexté qu’avec le décalage horaire c’était difficile, que de toute façon ils savaient à quel point elle était occupée et respectaient ça. En réalité, ils avaient simplement renoncé à la houspiller et espéraient qu’au bout des quelques années dont elle avait besoin pour se fixer professionnellement parlant et avoir son rythme de croisière, elle finirait par recommencer à les contacter plus régulièrement.

J’avais envie de lui demander si ses parents étaient au courant de ce qui lui était arrivé, mais Sarah fut plus rapide et me demanda de lui raconter comment ça avait commencé entre nous. Ce souvenir était terriblement vivace dans mon esprit, j’aurais pu sans le moindre problème rejouer la scène dans les moindres détails. Je me souvenais de ce qu’elle portait ce jour là, de la petite brise qui soufflait et faisait voleter ses cheveux. Je lui décrivais la scène sans rien omettre de ce qu’on s’était dit et elle trouvait que ça ressemblait à une histoire tirée d’un film. C’est vrai, ça y ressemblait.

Exactement ! Notre entourage nous charriait souvent en nous disant qu’on devrait penser à vendre notre histoire à Hollywood !

Ca serait bien qu’on retourne là bas tous les deux, à New-York, afin qu’elle retrouve ses racines pour mieux se retrouver, elle. Revoir ses parents, les miens, les lieux qu’on fréquentait, le lycée où on a été, le cinéma où on avait l’habitude d’aller voir des films… Quoi de mieux pour titiller sa mémoire que d’aller dans une ville où elle a vu le jour et passé dix-huit années de sa vie ?

Alors je vais réserver des billets pour qu’on y aille au plus vite, je suis sûr que ça va te faire du bien.

Autant battre le fer tant qu’il est chaud comme on dit, plus la mémoire de Sarah serait mise à l’épreuve, plus elle avait de chance de rejaillir. Et bien entendu il était pour moi hors de question qu’elle fasse ce voyage sans moi. J’étais le mieux placé pour lui servir de guide là-bas, pour ajouter des anecdotes à ce qu’elle allait voir. Parler de ça me permit aussi de revenir sur le sujet des parents, et comme je l’imaginais, ils n’étaient pas au courant de son accident.

Je m’en doutais… Nos mères sont amies, si ta mère avait été au courant, elle en aurait parlé à la mienne et j’aurais su ce qui t’était arrivé.

CQFD, comme on dit. Mais bien sûr cet état de fait faisait s’interroger la jeune femme sur ses relations avec les siens. Elle se demandait à juste titre si elle s’était disputée avec eux. Je lui souris, et ce sourire s’agrandit lorsqu’elle me dit que ses parents devaient m’apprécier.

Et bien j’espère qu’ils m’apprécient encore !

Je ne manquais pas de rire à ma propre réponse que j’avais voulue amusante, mais je reprenais vite mon sérieux pour répondre à son autre question, bien plus sérieusement cette fois.

Vous avez de bons rapports, à ce que je sais vous ne vous êtes pas disputés. Ces juste que ces derniers temps tu ne prenais pas le temps de les appeler et ils ont décidé de ne pas être trop sur ton dos… Pour eux ce n’est pas étrange que tu restes des mois sans donner de nouvelles, alors j’imagine qu’ils ne doivent pas s’inquiéter. Je vais te donner leur numéro. Si tu veux les appeler avant qu’on aille là-bas tu pourras, ou alors tu leur diras tout directement quand tu les verras, c’est comme tu veux.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Mylow ne semblait pas regretter la Sarah qu'il avait connu dernièrement, il me confia que ce n'était pas plus mal que je n'en redevienne pas un copier-coller. J'appréciais sa sincérité, je préférait qu'il me dise la vérité plutôt que je me construise une fausse image de moi-même. C'est vrai, que là, aujourd'hui il paraissait heureux de pouvoir discuter avec moi, pouvoir rire et être presque complices ensemble.

« Oh, bien sur, je ne parlais pas forcément de ces derniers temps, je veux dire même celle que j'ai été avant, lorsque tout allait bien... »

C'est vrai que tout ce que l'on me renvoyait me donnait à croire qu'en quelques années tout avait dérapé par ma faute. J'avais tout fichue en l'air, laissant même de côté ma relation avec lui, lui qui semblait près à tout pour arranger les choses. C'est impressionnant comme les choses peuvent parfois nous échapper, à croire qu'il faut en arriver là pour comprendre et changer. Je n'ai aucunement envie de redevenir comme cette personne décrite ces derniers mois. Je tiens d'ailleurs à profiter de la vie avant tout tant que je le peux. J'ai eu de la chance d'échapper à cet accident alors ce n'est pas pour rien.

« C'est une belle histoire » ajoutais-je en souriant et en pensant à ce qu'il venait de me raconter.

Je ne savais comment le remercier de bien vouloir m’emmener aux Etats Unis, j'étais excitée rien qu'à l'idée d'y être. Je me demandais même par où allions nous commencer tant j'avais de choses à redécouvrir là-bas. J'étais réellement contente d'avoir quelqu'un pour m'accompagner dans cette aventure. J'avais besoin d'aide pour me souvenir, seule ce n'était pas possible et là une belle occasion s'offrait à moi alors je comptais bien en profiter.

« C'est certain, ça ne peut que me faire du bien ! », lui répondis-je enjouée tandis que je finissais mon assiette.

« Je ne sais même pas comment te remercier... », lui avouais-je.

J'aimerais lui faire plaisir en effet et le remercier pour tout ce qu'il faisait pour moi mais je n'avais pas la moindre idée de ce dont je pouvais faire.

Nos parents avaient l'air d'être encore proches d'après ce que m'expliquais Mylow. Il est vrai qu'avec toutes ces années des liens s'étaient forcément créés entre eux. Je riais avec lui avant de lui en demander plus sur les relations que j'avais avec eux.

« Oh, je vois. J'avais peur que ce ne soit plus grave que ça. J'ai vraiment hâte de pouvoir les rencontrer en tout cas. »

Il me proposa de me donner leur numéro de téléphone si jamais je souhaitais les prévenir de mon passage.

« Je pense que j'attendrais de leur expliquais lorsque je me trouverais face à eux. Inutile de les inquiétez, et puis c'est déjà difficile à croire en vrai apparemment alors, je n'imagine pas par téléphone ! » ajoutais-je en riant légèrement.

Je faisais bien entendue référence à sa propre réaction lorsqu'il m'avait découvert à sa porte. Je préférais leur expliquer calmement tout ça une fois que je les auraient rejoins. Nous terminions tranquillement le repas avant de débarrasser la table.

« Merci pour ce repas Mylow, c'était délicieux et j'ai vraiment apprécié. »

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Demain je vais me réveiller avec un but. Ca faisait un bon moment que je n’en avais plus vraiment et ça fait du bien de retrouver cette motivation. C’était bon de la retrouver mais il n’y avait pas que ça, je devais également veiller sur elle, faire en sorte qu’elle soit la plus à l’aise possible pour pouvoir se concentrer à fond sur son rétablissement. Parfois ce soir il m’est arrivé de retrouver dans ses yeux la Sarah d’autrefois, par exemple quand je lui ai proposé le voyage à New-York. Elle avait retrouvé ce côté enfantin qui lui allait si bien et qui m’avait manqué les derniers moments de notre relation. Cette fille fraîche, enthousiaste, gaie et pleine de vie avait laissé place à une femme tourmentée, stressée, fatiguée que je ne connaissais pas.

New-York va lui faire du bien. Nos parents doivent avoir des tonnes de photos de nous, le père de Sarah en particulier était toujours vissé à son appareil photo et a pris des milliers de clichés de sa petite fille. La Big Apple, c’est là où on a grandit et forgé nos personnalités, notre caractère, c’est là que tout s’est construit et je suis certain qu’à un moment ou à un autre Sarah aura un déclic. Même si ça ne lui ramène pas sa mémoire en entier, retrouver quelque chose de familier, qui lui dit quelque chose comme un ancien souvenir qui semble flou ne pourra que l’encourager et lui remonter le moral.

Tu n’as pas à me remercier. Tu aurais fait la même chose pour moi.

Evident, on ne peut plus logique… Je sais que pour l’instant je suis le seul à le savoir, mais bientôt Sarah se rendra compte qu’il ne pouvait pas en être autrement. Malgré notre séparation, il y avait entre nous ce lien qui ne pouvait être brisé, toute cette histoire qu’on avait en commun et qui avait duré de si longues années. Elle m’a dit des choses qu’elle n’avait jamais dit à qui que ce soit d’autre, je lui ai confié mes secrets les plus intimes, rien ne peut être plus fort que ça, c’est le genre de chose qu’on ne peut briser.

Evidemment elle ne pouvait que ressentir de l’excitation à l’idée de ce voyage, mais cependant elle s’inquiétait pour ses parents. Elle n’avait prévenu personne de cet accident, elle n’avait pas pu le faire parce que tout simplement elle n’avait aucun souvenir de son père et de sa mère. Quelles étaient leur relations ? Pourquoi ne s’étaient-ils pas inquiétés de son silence ? Etaient-ils seulement encore en vie ? Il était bien normal qu’elle se pose ce genre de question et j’étais content de pouvoir la rassurer. Non, pas de froid entre eux, ils avaient simplement appris à faire avec la nouvelle façon de faire de leur fille.

Ca va leur faire un choc, c’est certain…

Je ne sais pas comment ils vont réagir, ce n’est pas le genre de chose à laquelle on peut se préparer. J’imagine qu’ils auront du mal de la laisser partir à la fin du séjour, mais ça aurait aussi valu sans cet accident.

Je t’en prie, ce n’était pas grand chose. Et puis on s’est amusés en le faisant !

J’avais pris énormément de plaisir à partager ce temps avec elle. Les conditions n’étaient pas idéales, c’est certain, mais on pouvait garder l’espoir et puis… Même si pour l’instant elle n’a plus sa mémoire, elle est vivante, elle va bien, c’est tout ce qui compte. En quelques minutes la table était débarrassée. Le soir était tombé depuis un bon moment, et je me souviens avoir remarqué ce vélo contre le mur de la maison quand j’ai ouvert la porte à Sarah à son arrivée.

Il est tard… On va mettre ton vélo dans mon coffre et je vais te ramener à la maison, je ne veux pas que tu sois sur la route à une heure pareille, ce n’est pas prudent.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Surement. A vrai dire, je n'en sais trop rien si l'ancienne Sarah aurait fait la même chose, certainement. Je doute qu'elle était si mauvaise pour ne pas lui venir en aide si une telle chose lui était arrivé. Elle n'aurait pas pu tirer un trait comme ça sur toutes ces années passées ensemble, elle n'aurait pas pu détruire ce lien qui les unissaient. Du moins, c'est ce que je préférais me dire pour ne pas culpabiliser davantage. En tout cas, ce soir j'étais très reconnaissante envers le comportement de Mylow.

« Oh et au fait, je n'ai pas de frères et soeurs ? »

La question venait de me traverser l'esprit, c'est vrai ça, j'allais aller à New York et avoir la chance de rencontrer mes parents, mais y avait-il d'autres proches que je pourrais voir également ? Que ce soit de la famille ou des amis à nous ?

Il est évident que je ne pourrais pas leur éviter un choc, que je leur annonce au téléphone ou de vive voix, ils resteraient stupéfaits, mais je me devais d'aller les voir, de les rencontrer, de les prévenir, ils étaient tout à fait en droit de savoir. Je comptais bien profiter d'être avec eux et leurs poser mille et une questions.

J'avais passé une agréable soirée, pour la première fois depuis mon réveil, sans compter que j'avais appris beaucoup de choses sur mon passé en même pas une journée. J'avais vraiment bien fait d'oser lui rendre visite, je n'avais rien à perdre, au pire des cas il m'aurait renvoyé de chez lui mais, il en était tout autre chose pour mon plus grand plaisir. Malgré tout cela n'allait pas s'arrêter là, nous allions encore nous voir quelques fois, j'avais encore tant à apprendre, et puis ce voyage à New York allait être fantastique et ne pourrait que m'aider.

« Pour moi ce n'était pas rien, je t'assure. Ça m'a fait beaucoup de bien. »

Il faisait déjà bien nuit lorsque je m'apprêtais à rentrer chez moi. Je n'étais d'ailleurs pas très rassurée de devoir repartir à vélo, le chemin jusqu'à la maison n'était pas encore familier. Je fus alors rassurée lorsque Mylow me proposais de me raccompagner en voiture. Je ne savais pourquoi mais quelque chose me disait qu'il veillerait bien sur moi.

« C'est gentil, je ne te cache pas que je n'étais pas très rassurée de devoir rentrer seule, je ne connais pas encore bien le chemin. »

Je lui fis un petit sourire tandis que nous mettions chacun notre veste sur le dos. Il se dirigeait vers l'entrée, j'attrapais mon sac à main et le suivis. Mylow s'occupa de charger le vélo dans le coffre tandis que je montais en voiture. Le trajet ne serait pas bien long, en vélo j'avais mis moins de vingt minutes à l'aller. Je l'attendais sagement. J'appréhendais tout de même de reprendre la voiture, c'était la première fois depuis mon accident. J'essayais de ne pas y penser, j'avais confiance en Mylow mais malgré cela j'avais une boule au ventre. Il du s'apercevoir que j'étais soucieuse, je n'étais soudain plus très bavarde. J’espérais qu'il m'aiderait à penser à autre chose le temps du trajet.

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Remember me

Dès demain je vais m’occuper de réserver nos billets d’avion. A coup sûr nos parents seront surpris de nous voir débarquer comme ça à l’improviste, mais comme Sarah préfère ne pas appeler les siens avant qu’on aille là-bas, je pense que c’est mieux si on joue sur l’effet de surprise. Je ne sais pas comment ils vont réagir, enfin si, j’en ai une petite idée, donc je vais veiller à ce qu’on dorme à l’hôtel histoire que Sarah puisse souffler un peu là-bas. Penser à ce genre de détail, c’est mon job dans cette histoire, je sais que ce voyage aura une importance capitale, mais aussi qu’il sera psychologiquement éreintant pour la jeune femme.

Non, aucun frère et aucune soeur. Tu as des oncles et des tantes… Des cousins dont tu n’est pas vraiment proche. Tu disais toujours qu’ils étaient trop « prout-prout ».

La première fois qu’elle m’avait sorti ce terme, j’avais carrément éclaté de rire. Ca voulait bien dire ce que ça voulait dire remarquez. Les parents de Sarah font partie de la classe moyenne, sans être riches, ils ne manquent de rien pour autant. Mais la soeur de son père a épousé un homme d’affaires arménien et est soudain devenue la parfaite incarnation de la jet-setteuse dans toute sa splendeur. Ses enfants ont porté des vêtements Dior dès le premier jour de leur vie alors bien évidemment ils étaient du genre « Nous n’avons pas les mêmes valeurs ». Les relations entre Sarah et ses cousins étaient donc « cordiales » mais sans plus. Elle était par contre un peu plus proche de sa tante et surtout de son oncle, le frère de sa mère, un artiste homosexuel haut en couleur et avec un coeur en or.

C’est étrange de se dire qu’elle va redécouvrir tous ces gens comme si c’était la première fois qu’elle les voyait. Un nouveau départ aussi pour sa famille et elle, comme pour nous. Même si « nous » n’existe pas pour l’instant et fait encore partie de son ancienne vie. En attendant je devais faire attention pour nous deux, faire tout mon possible pour que tout se passe bien et pas seulement lors de ce voyage à New-York. Ca commence par la raccompagner chez elle, je serais mort d’angoisse si elle devait rentrer seule à vélo.

Quelle idée aussi tu as eue de venir en vélo !

Je secouais la tête en riant et ouvrait le coffre de ma voiture pour y ranger sa bicyclette. Après avoir fermé à clé la maison, je m’installais sur le siège conducteur et mettais le moteur en route avant de boucler ma ceinture. C’est là que j’ai remarqué que quelque chose n’allait pas. Sarah semblait ailleurs, inquiète, pas du tout à son aise. L’espace d’un instant je me suis demandé ce qu’elle avait et puis je me suis souvenu de ce qu’elle m’avait dit : l’accident de voiture. Le vélo prenait tout son sens et je me traitais intérieurement d’idiot. Je passais ma main dans le haut de son dos avec un petit sourire rassurant.

On sera vite là… Et je conduis toujours prudemment.

En tout cas quand j’étais avec elle… Et aujourd’hui encore plus. Je sortais mon portefeuille de la poche intérieure de ma veste et l’ouvrais pour en extirper une photo que je dépliais et lui tendais.

Puisque tu dois faire travailler ta mémoire… Peut être que ça te dira quelque chose ?

Je passais la première et sortais de la propriété. Avec un peu de chance elle se concentrerait assez longtemps et ne verrait pas le chemin passer…

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Mylow m'expliquait que je n'avais ni frère ni sœur, j'étais donc fille unique. Je me demandais d'ailleurs quel genre d'enfant j'étais, plutôt petite fille solitaire, studieuse, ayant peu d'amis ou du moins préférant son ami imaginaire ou encore une enfant pleine de joie de vivre et de malice. Toutefois je décidais que j'en avais assez entendu pour aujourd'hui, il fallait déjà que je mette en place tout cela dans mon esprit pour me reconstruire. De plus, mes parents seront les mieux placés pour évoquer cette période de ma vie et en seront peut-être ravis de pouvoir m'en parler. Mylow avait déjà fait beaucoup ce soir et je n'avais pas envie de l’assommer davantage avec des dizaines de questions sur le sujet.

« Oh, je vois. », répondis-je avec un petit rire face à sa dernière remarque.

Sans savoir pourquoi j'étais déjà angoissée. En fait si, je savais exactement pour moi, je m'apprêtais dans les jours à venir à rencontrer des personnes de mon entourage, qui savaient tous exactement qui j'étais, se rappelant certainement de chaque moments vécus à mes côtés, et moi je serais là, entourée mais me sentant plus que jamais seule au sein de ma propre famille. J'espérais que tout irait bien, que tout se passerait petit à petit et non lors d'une réunion de famille avec pleins de monde. Mais, j’espérais surtout que mes parents seraient ravi de me retrouver et puis quand on y pense, je ne serais pas vraiment toute seule, j'aurais le soutien de Mylow. J'étais certaine qu'il m'aiderait à surmonter cette étape difficile de ma vie mieux que quiconque.

Je répondis par un petit sourire gênée. Je n'avais pas envie de lui avouer que depuis le jour de mon accident, rien que l'idée de prendre la voiture me terrorise, le simple fait de savoir que c'est pour ça que j'en suis là aujourd'hui… Je devais déjà prendre sur moi pour garder mon calme et atténuer mes angoisses pour qu'il me raccompagne. Toutefois, il perçu mon malaise et m'assura que je pouvais avoir confiance en lui. Après avoir pris place dans la voiture, Mylow démarra tandis que je restais silencieuse. Avant de partir, il attrapait son portefeuille pour en sortir une photo qu'il me tendis.

C'était étrange. Comme si cette photo m'était familière… Et pourtant j'étais absolument incapable de dire quand elle avait été prise, dans quel lieux ou encore pour quelle occasion. C'était une jolie photo nous représentant, le jeune homme me déposant un baiser sur le front en me tenant contre lui. La saison semblait être l'été, il faisait beau et nous étions habillés légèrement, j'avais l'air heureuse. J'étais émue et à la fois toute confuse. Rien n'était clair dans mon esprit, j'aurais tellement voulu être capable de me souvenir ne serait-ce que d'une petite partie.

« J'ai l'impression d'avoir un très vague souvenir… Comme si, comme si ce n'était pas la première fois que je voyais cette photo… », répondis-je troublée par cette sensation.

Je ne faisais plus vraiment attention à la route, me concentrant sur cette photo, espérant qu'elle fasse remonter quelques souvenirs en moi, quels qu'ils soient.

« Tu veux bien me raconter l'histoire de cette photo ? Peut-être cela m'aidera-t-il à en savoir davantage... »

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Remember me

Drôle de machine que le cerveau, capable d’effacer ce qui coule dans nos veines et nous fait vibrer en quelques secondes. J’avais toujours eu l’impression que jamais je ne pourrais oublier Sarah, qu’immanquablement son évocation ferait frissonner ma peau et m’arracherait un sourire. Le genre d’amour qu’on a vécu ne peut pas être oublié si facilement n’est-ce pas ? Et bien je me trompais. Sarah avait oublié, jusqu’à mon prénom qu’elle avait si souvent murmuré et appelé. Situation inconcevable à laquelle je compte bien remédier. Elle veut se souvenir, et moi aussi je veux qu’elle se souvienne. C’est peut être égoïste après tout… Peut être qu’elle est mieux sans mon souvenir pour la hanter et l’empêcher d’avancer. Peut être qu’en fait elle avait tiré un trait sur moi depuis longtemps et sera contente de se souvenir qu’elle avait fait le deuil de nous. J’en sais rien… Mais je crois que je préfère continuer de vivre dans les regrets de notre rupture que de l’oublier, elle.

Dans l’espoir de réveiller des souvenirs, j’avais sorti une photo qui représentait un moment de complicité qui resterait un des plus beaux que j’avais en mémoire. J’espérais que la voir pourrait l’aider à se rappeler de la moindre petite chose, que ça soit des éclats de rire ou du bruit du vent qui ne cessait de souffler, de cette odeur océanique qui nous entourait. Sarah semblait troublée, elle m’avoua même avoir l’impression d’avoir déjà vu cette photo avant.

Vraiment ? C’est bon signe ça, non ?!

C’est par là que ça commence, retrouver des sensations de déjà-vu, se sentir à l’aise dans un lieu ou en compagnie d’une personne qu’on pense ne pas connaître, trouver un air familier à une photo qui représente un moment oublié. Si seulement ça pouvait déclencher quelque chose… On devait s’accrocher à ça. Aussi je n’ai pas hésité un instant à lui raconter l’histoire de cette photo quand elle me l’a demandé.

C’était lors de nos dernières vacances, tu venais d’être diplômée et tu m’avais dit quelques temps auparavant que tu rêvais d’un endroit tranquille pour te ressourcer avant d’entamer officiellement ta vie professionnelle. Je ne t’ai rien dit et j’ai préparé un petit trip dans les Cornouailles. C’est ce qu’on appelle « Last end », la côte extrême du pays d’où on a une vue imprenable sur l’Atlantique. Il y a de grands espaces à perte de vue et j’avais trouvé un site où le propriétaire avait aménagé des cabanes dans des arbres avec vue sur les plaines. On y a passé trois jours, le temps était magnifique et comme la saison n’avait pas encore officiellement commencé, il n’y avait pas beaucoup de monde du coup on avait l’impression d’être seuls. On n’a rien fait d’autre que se balader, rire, faire l’amour, dormir et manger. Le troisième jour on a croisé le propriétaire du gîte près des falaises et il a proposé de nous prendre en photo sauf que son appareil était neuf et qu’il n’y comprenait rien du tout ! Du coup il nous a mitraillé, qu’on prenne la pose ou pas, et cette photo est la seule qui n’était pas floue ! J’adore cette photo… Elle n’a jamais quitté mon portefeuille, je n’ai jamais pu l’enlever.

On était tellement heureux… Tellement amoureux. Je me gardais bien de lui dire ça, je ne voulais pas qu’elle y voie un reproche ou quelque chose de semblable, qu’elle se sente mal. Sarah a assez enduré comme ça. Son parfum flottait dans la voiture et j’y voyais un certain réconfort. C’était comme rentrer à la maison après un long voyage. J’étais encore fou d’elle, la séparation n’avait pas terni mes sentiments et je savais au fond de moi que ça n’arriverait jamais. J’avais follement envie de la prendre dans mes bras, de l’embrasser jusqu’à ne plus avoir de souffle, de la porter jusqu’à la maison et de lui faire l’amour en lui promettant que tout irait bien parce qu’on était ensemble à nouveau. Bien sûr je n’en laissais rien paraître, car si je me souvenais de chaque détail de notre relation depuis le premier jour, je restais un étranger pour Sarah, quelqu’un dont elle ne savait presque rien et qu’elle venait de rencontrer il y a seulement quelques heures. Nous venions d’arriver devant la propriété et je garais la voiture devant l’entrée.

Je… Je vais sortir ton vélo du coffre.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Nous étions toujours dans la voiture, Mylow au volant et moi contemplant cette photo de nous qu'il avait bien voulu me faire partager. Ne faisant guère attention à la route, toute ma concentration était reportée sur cette photo que je scrutais en détails. Au bout de quelques minutes de silence, je lui fis part de mon sentiment de "déjà vu" si je puis dire et le jeune homme parut presque enjoué, comme s'il était de tout coeur avec moi.

Les encouragements de Mylow m'aidaient beaucoup, ne serait-ce qu'à me donner l'espoir, l'envie d'y croire. Je me sentais soutenue et ça me faisait réellement beaucoup de bien. Peut-être avait-il raison, peut-être de jour en jour je pourrais observer des progrès. Peut-être parviendrais-je à connaître tout de cette ancienne jeune femme que j'étais. Et si jamais ma mémoire ne me le permettrait pas, j'étais bien déterminée à y arriver sans son aide mais avec celle de mes proches, sans toutefois refaire les même erreurs que j'ai pu commettre par le passé. J'haussais les épaules puis finit par lui répondre avec un petit sourire.

« Je l'espère. »

Mylow ne pouvait même pas imaginer un seul instant l'intensité de ma volonté à vouloir me rappeler de ce moment que nous avons partagé, de cette photo qui semblait respirer le bonheur. Je buvais ces paroles, en espérant qu'elles s'inscrivent en moi et qu'elles fassent resurgir à leurs tours des petits fragments de souvenirs. L'histoire était tellement joli, cette histoire qui était une partie de la notre. Sans que je m'en rende vraiment compte une larme coulait le long de ma joue.

« Ça avait dû être un super petit séjour... », soufflais-je doucement.

Je ne m'étais même pas aperçue que nous étions arrivés, j'avais du mal à détacher mon regard de la photo. Aujourd'hui avait été une journée éprouvante, je n'aurais pu espérer mieux pour en savoir davantage sur moi-même. Une bonne nuit de sommeil était nécessaire afin que je puisse mettre en mémoire tout cela. Mylow m'avait appris tellement de chose sur moi, sur lui et sur notre relation que j'avais bien besoin d'un peu de repos pour parvenir à retenir toutes ses petites choses qui représentaient pourtant beaucoup pour moi.
Mylow descendit de la voiture afin de sortir mon vélo du coffre et je le rejoins à l'arrière de la voiture. Un léger frisson parcourut mon corps, une petite brise soufflait dans l'air.

« Merci », fis-je avec un sourire en prenant le vélo pour venir le déposer contre le mur.

Je me sentais fatiguée, la journée avait été riche en émotions et pourtant je me dis que je ne pouvais laisser repartir Mylow comme cela. Je lui proposais quelques chose à boire, par politesse mais surtout pour lui montrer que j'avais apprécier son aide. Je ne savais pas s'il serait prêt, prêt à remettre les pieds dans cette maison avec moi, cette maison qui était la notre. En tout cas, je voulais simplement faire ce geste pour qu'il comprenne que je lui étais reconnaissante pour beaucoup.

« Est-ce que, est-ce que tu veux entrer prendre un dernier verre ? », lui demandais-je timidement en me mordant la lèvre inférieur.

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« Souviens-toi Sarah… Regarde-moi et dis-moi que tu te souviens de tout, que tu veux qu’on reparte en arrière, comme on était à l’époque de cette photo et qu’en ayant conscience des erreurs commises on ne les reproduisent plus. Dis-moi que tout va redevenir comme avant. » Voilà ce que j’avais envie de lui dire tandis que je garais la voiture et que je la regardais essuyer une larme qui glissait doucement sur sa joue. J’aurais aussi voulu lui dire qu’elle ne devait pas pleurer, que tout ça n’était pas perdu, que j’étais toujours fou d’elle, que même si j’avais tout essayé pour l’oublier, je n’y étais jamais parvenu. Je n’ai rien dit. Je ne pouvais pas, je n’avais pas le droit de la bouleverser d’avantage. Elle ne pouvait pas m’aimer, elle n’avait aucun souvenir de moi, ça ne mènerait donc nulle part.

Ca a été… Fantastique.

Je me contentais de cette réponse, la tête basse, fixant mon volant. Je déglutis difficilement avant d’ouvrir la portière en lui proposant de sortir son vélo de mon coffre. L’ambiance était devenue bizarre, pas désagréable, mais terriblement mélancolique. C’était normal, on souffrait tous les deux, même si nos raisons étaient différentes. La revoir avait réveillé des choses que je pensais sous contrôle, j’avais même réussi depuis quelques semaines à accepter de vivre comme un jeune célibataire que j’étais devenu et de prendre une maîtresse que je voyais régulièrement. Mais ça n’était pas la même chose. Cette fille, je l’aimais, mais pas d’amour, pas comme j’aimais Sarah. Je tenais énormément à Nell, comme on tient à une amie. En fait c’était ça, on était ce qu’on appelle aujourd’hui des « sexfriends ». Si je l’avais choisie, elle, c’est parce que je savais qu’elle ne voulait pas d’une relation sérieuse. Je ne voulais pas faire souffrir quelqu’un parce que je savais que mon coeur était toujours pris et que je ne pouvais rien offrir de sérieux. Pour moi, c’était un grand progrès en soi. Ma vie s’était totalement arrêtée lors de ma rupture avec Sarah, ça m’avait donné l’impression d’avancer.

Dans un sens, oui, j’avais avancé. J’avais accepté de ne plus vivre dans son souvenir et de reprendre ma vie en main, même si je savais qu’elle ne pouvait pas être aussi parfaite qu’à l’époque de notre bonheur. Se contenter de… A défaut de. Voilà ce que c’était. Se contenter de plaisirs et de petits moments de bonheur à défaut de vivre son rêve. Mon rêve, il me revenait en pleine figure et je me rendais compte à quel point j’avais toujours envie de le vivre.

Le vélo sorti, je le tendais à Sarah en répondant à son sourire par le mien. Mais quand elle m’a demandé si je voulais entrer boire un dernier verre, j’ai été déconcerté. Ca voulait dire entrer à nouveau dans cette maison où j’ai connu mes meilleurs et mes pires moments. Mais ça voulait dire aussi passer plus de temps encore avec elle. J’aurais sans doute dû être raisonnable et refuser, mais après tout ce temps séparé d’elle, je ne pouvais pas résister à la tentation de la voir encore.

Avec plaisir.

Je l’ai suivi à l’intérieur. Un intérieur qui n’avait pas changé, sauf qu’il n’y avait plus aucune photo de nous. Dans la cuisine ouverte sur le salon, je remarquais une porte d’armoire de la cuisine équipée qui semblait prête à se décrocher, alors le plus naturellement du monde, je me rendais dans la pièce et ouvrais un de ses tiroirs dans lequel il y avait un petit ustensile qui permettait de resserrer les charnières. Quelques petits tours et la porte se tenait à nouveau droite. Je replaçais l’objet où je l’avais pris et me tournais vers la maîtresse de la maison en haussant les épaules avec un petit sourire contrit.

Elle fait ça tout le temps.

C’était vrai, quand je vivais ici je devais souvent resserrer les charnières de cette armoire et uniquement de cette armoire. Du coup j’avais laissé ce qu’il fallait pour la petite réparation à portée de main, raison pour laquelle je savais exactement où ça se trouvait sans avoir la moindre hésitation. J’enlevais ma veste et la posais sur une des chaises, puis je mettais mes mains dans mes poches, un peu maladroit.

On va au salon ou on reste ici ?

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Surprise qu'il accepte mon invitation sans difficulté, j'étais heureuse de pouvoir partager un dernier petit moment en sa compagnie et cette fois, chez moi si je puis dire. Enfin plutôt dans cette maison qui avait été la notre, cette maison qu'il devait connaître mieux que personne, sachant certainement s'y repérer parfaitement même les yeux bandés.

Après avoir déposé mon vélo, j'attrapais les clés dans mon sac à main et m'empressais de nous ouvrir la porte. Mylow me suivait à l'intérieur tandis que je déposais quelques unes de mes affaires dans l'entrée.

« Je ne te fais pas visiter », dis-je doucement dans un sourire, comme pour détendre un peu l'atmosphère après l'épisode quelque peu nostalgique dans la voiture.

A peine rentrés, nous avancions tout deux en direction de la cuisine, c'est alors que le regard de Mylow se fixa quelques instants. Puis, d'un pas décidé, il se dirigea vers l'un des tiroirs de la cuisine pour en sortir un outil qui m'était inconnu. Stupéfaite, je le regardais faire sans rien dire, ne sachant absolument pas où il voulait en venir.
Une fois son petit tour de bricoleur terminé, il me regardait avec un petit sourire tout en haussant les épaules et se justifia face à mes yeux qui le regardaient curieusement.

« J'essaierai de m'en souvenir alors, merci », dis-je d'un air amusé.

Sans que je m'y attende, un sentiment de gêne m'envahit quelques secondes plus tard. Je commençais à peine à me repérer dans cette maison trop grande pour moi et d'un coup, le fait d'avoir Mylow face à moi m'intimidait. C'était comme si sa présence me perturbait, étant certaine qu'il connaissait chaque emplacement bien mieux que moi. J'essayais tout de même de camoufler mon malaise en nous sortant deux verres que je déposais sur le plan de travail. Par chance, je parviens facilement à me rappeler de quel placard il s'agissait.

Prise de court lorsque le jeune homme me demanda où nous nous installions pour boire un verre, je l'invitais tout de même à se rendre dans le salon.

« De quoi as-tu envie ? », lui demandais-je précipitamment avant qu'il ne parte de la cuisine.

Dès que j'eu prononçais ces mots, je me rendis compte du double sens qu'ils pouvaient avoir suivant la situation. Instantanément mes joues prirent une couleur plus vive qu'à l'ordinaire tandis que je mordillais ma lèvre inférieure. Je crois que Mylow perçu ce détail au même moment que moi, il me questionnait du regard avec un air amusé et mis quelques secondes avant de me répondre. Pour me justifier je tentais d'ouvrir la bouche mais en vain, celle-ci se referma sans qu'aucun son n'eu le temps d'en sortir, je pointais alors du doigt le frigidaire à ma gauche, avec un petit sourire.

Je servais d'abord Mylow, puis me servit à mon tour un grand verre de jus de pomme. Je le rejoignis rapidement au salon, déposant devant lui son verre et m'asseyant à ses côtés. Je bus une gorgée avant de reparler de ce qu'il s'était passé quelques heures auparavant.

« J'espère que je ne suis pas venue complètement chambouler tes plans cette après-midi lorsque j'ai sonné à ta porte... »

« Même si, je me doute que tu t'attendais certainement à tout sauf à cela. » ajoutais-je en souriant.

En effet, j'avais peut-être été trop impatiente, j'avais peut-être été égoïste de débarquer comme cela, chez lui du jour au lendemain sans prendre la peine de m'assurer qu'il prenne bien la nouvelle. Pour autant, en y réfléchissant je voyais mal comment j'aurais pu m'y prendre autrement, le fait qu'il découvre la nouvelle dans les journaux l'aurait certainement encore plus inquiété. Au moins, en me voyant devant lui, il savait d'avance que même après avoir eu un accident, j'étais seine et sauve, enfin presque.

En tout cas, aujourd'hui j'avais été une femme déterminée, ayant réalisé ses intentions jusqu'au bout, sans avoir été déçue, bien au contraire. Je ne savais si ce comportement correspondait de près ou de loin à la jeune femme que j'avais pu être par le passé mais je n'y prêtais guère d'importance, j'espérais seulement que Mylow ne m'en veuille pas trop de débarquer une fois de plus dans sa vie, et cette fois-ci, un peu à l'improviste.

Codes par Wild Hunger.

Invité

Remember me

Non, ce n’était pas nécessaire de me faire visiter, je connaissais la maison par coeur pour l’avoir beaucoup arpenté. On l’a trouvée ensemble, on l’a choisie ensemble, emménagé ensemble… Cette maison fait partie intégrante de notre histoire et c’est une sensation étrange que d’y pénétrer à nouveau, après tous ces mois. Je m’y sentais pourtant toujours autant chez moi, d’ailleurs quand j’ai vu que la porte d’une armoire de la cuisine menaçait de tomber, j’ai immédiatement arrangé ça, comme si je vivais encore ici. C’était un automatisme, une évidence, je devais réparer ça, c’était à moi de le faire. Oui et non. Car malgré tout, je n’étais plus chez moi, j’avais cédé ma part à Sarah parce qu’elle avait besoin de plus de place que moi pour installer son cabinet. Je n’avais pas voulu d’argent, tout simplement parce que c’était moi qui avait décidé de la séparation et que je ne voulais pas qu’elle paie pour ça, dans tous les sens du terme. Elle démarrait dans la vie, moi j’avais déjà un bon salaire depuis un moment, c’était pas mon genre d’être vénal.

C’est drôle mais quand je me suis rendu compte de ce que je venais de faire, j’étais un peu gêné. Sarah quant à elle me regardait avec l’air de dire « Mais qu’est-ce qu’il fabrique ? ». Forcément, c’était une attitude étrange, je ne pouvais pas lui en vouloir d’être étonnée. J’essayais donc de passer à autre chose après une vague excuse, lui demandant où on allait prendre ce fameux verre. La jeune femme me désigna le salon et après un hochement de tête, j’en prenais la direction.

Oh euh… Un jus de fruit ou de l’eau. Enfin ce que tu as ça ira très bien.

C’est marrant de se sentir aussi gauche. Pourtant je la connais mieux que personne, elle a été ma meilleure amie, mon double, pendant de nombreuses années avant de devenir la femme de ma vie. La complicité qu’on avait, je ne l’ai jamais vu entre personne d’autre. C’est juste que si elle ne se souvient pas de tout ça, moi oui, du coup je ne sais pas trop comment réagir, j’ai peur de tout ce que je peux lui dire, parce que je ne veux pas l’effrayer ou la brusquer, peur des gestes naturels que je peux avoir envers elle et qui peuvent la mettre mal à l’aise. Elle doit me trouver étrange comme type, mais ça ne l’a pas empêché de m’inviter à boire un verre, ni de s’asseoir à côté de moi dans le canapé pour le déguster.

C’est sûr, je ne m’y attendais pas. Mais ne t’en fais pas, je n’avais rien de prévu pour la journée. C’était une sacrée surprise… Mais au bout du compte même si j’aurais espéré que les circonstances soient meilleures pour toi, je suis vraiment heureux de te revoir.

C’est le moins que l’on puisse dire. Cette visite surprise était bouleversante, dans le bon sens du terme. L’avenir est rempli d’interrogations, mais je ne sais pas si la jeune femme aurait un jour remis en question son addiction à son métier. Elle ne parvenait plus à penser à autre chose, elle ne me parlait plus que de ça dans les rares moments où on pouvait discuter. Son métier était un amant indétrônable, elle donnait l’impression de n’être bien que quand elle l’exerçait. Je ne pouvais pas lutter contre ça. Mais aujourd’hui ? Que va-t-il découler de cette amnésie ? Si elle retrouve la mémoire, redeviendra-t-elle cette jeune femme obsédée par sa carrière ? Je ne sais même pas comment elle en est arrivée là, elle n’avait pas montré de signes avant coureurs, ça avait été crescendo au fil des années mais elle ne donnait pas l’impression d’être une fille carriériste au départ. J’ai pas compris… Et souvent je me suis dit que j’avais peut être commis une erreur quelque part.

Pour être honnête avec toi… Je ne sais pas trop comment me placer par rapport à tout ça. Nous deux c’est une histoire tellement forte… Toute ma vie en fait. Je n’en ai pas fait le deuil, mes sentiments pour toi sont toujours aussi forts et là… Là j’ai l’impression de retrouver la Sarah dont je suis tombé follement amoureux, celle qui avait le temps et l’envie de parler avec moi, dont le travail n’était pas la seule et unique priorité. Si je te dis ça, c’est parce que je risque de te sembler gauche et maladroit parfois alors ne m’en veux pas, c’est que je suis juste un peu largué. Mais je veux t’aider. Vraiment. Je veux ce qu’il y a de mieux pour toi.

Doucement je venais replacer une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

C’est ce que j’ai toujours voulu.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

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#8. Remember me ∞ Sarah & Mylow

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