#8. Remember me ∞ Sarah & Mylow

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
Remember me.

Sarah Bennett. Ce nom résonnait dans ma tête. Ce nom qui était censé m'identifier me paraissait pourtant totalement inconnu, me laissant presque indifférente. Je l'avais tout de même porté pendant plus de vingt-cinq ans ! Comment était-ce possible de n'avoir pas même un vague souvenir…
Plus j'y pensais, plus cela me rendait folle.
J'étais en chemin pour retourner à Caerphilly, plus précisément à la maison, ma maison. Ma maison que j'étais sur le point de découvrir.
J'avais la sensation d'être perdue. Perdue dans une ville que je ne connaissais pas, où tout me paraissait étranger. Je suivais les indications, gribouillées sur un bout de papier par un membre du personnel de l'hôpital, me menant jusqu'à cette adresse. Les médecins avaient tenu à ce que quelqu'un m'accompagne, alors un de mes proches m'avait amenée au plus près. Il fut toutefois averti d'une urgence et se trouva dans l'obligation de partir, ne pouvant rester à mes côtés plus longtemps. Je me retrouvais alors seule, sans avoir eu l'occasion de lui poser toutes les questions qui me concernaient et restaient sans réponse.

J'avais fini par retourner toute la maison pour trouver ne serait-ce que le moindre indice sur mon passé. Je voulais me rappeler de chaque personne ayant été importante dans ma vie. Je me sentais tellement seule. J'avais besoin de renouer des liens, de comprendre mon histoire pour avancer.

J'avais découvert mon cabinet, lorsque j'exerçais en tant que vétérinaire. J'imagine que cela devait réellement me plaire, à vrai dire en regardant cette maison, on aurait dit qu'il n'y avait que cela qui occupait mon temps, pas vraiment de trace d'un éventuel compagnon. C'était plutôt triste, j’espérais tout de même ne pas avoir été une de ces personnes qui vivent pour leur travail.
Curieusement, j'étais tombé sur différentes photos, me représentant à côté d'un jeune homme, que je ne reconnaissais évidemment pas. Nous avions l'air vraiment proches et nous nous connaissions depuis longtemps apparemment. Certaines photos représentaient deux enfants, je suppose que j'étais la petite brune aux cheveux ondulés et ce jeune homme semblait être toujours le même. Peut-être était-ce quelqu'un de ma famille pour que nous nous connaissions depuis toutes ces années, un cousin ou un frère, à moins que ce ne soit un ami de longue date, ou encore quelqu'un avec qui j'avais vécue une relation amoureuse. La dernière hypothèse me paraissait peu probable, il était tout de même rare que deux personnes en couple se connaissent depuis l'âge de leur cinq ans. A moins que… Cet homme soit le père de l'enfant que j'ai perdu.
Quoi qu'il en soit, il fallait que je retrouve ce jeune homme, je n'avais pas le choix. C'était une chance qui s'offrait à moi, une chance d'en savoir plus sur moi.
Malheureusement, la tâche s'avérait dans un premier temps assez complexe, en effet nous avions apparemment l'air très proches, mais cet homme ne s'était absolument pas manifesté depuis mon réveil. Nous avions probablement du nous éloigner avec le temps, je suppose.

Suite à ma dernière découverte, j'avais décidé de fouiller parmi les papiers, le nom de cet homme devait bien être inscrit quelque part. Je finis par trouver quelque chose. Mylow Valentyne. Ce nom était inscrit sur quelques papiers. Je m'étais empressée de chercher son adresse dans le bottin et par chance, il avait l'air d'habiter dans la ville. Après tout, je n'avais rien à perdre, même si ce n'était pas le garçon des photos, je le connaîtrais certainement lui aussi. J'espérais seulement que ce soit encore d'actualité.

Arrivée devant la présumé adresse, je posais mon vélo contre le mur et m'avança jusqu'à la porte d'entrée. J'inspirais un grand coup avant de frapper à la porte. J'étais impatiente et en même temps, j'avais une boule au ventre.
La porte s'ouvrit et un jeune homme charmant me fit face. Il ressemblait fortement à celui des photos certes, mais je préférais paraître polie et m'assurer que ce soit bien lui.

« Bonjour, je souhaiterais parler à Mylow Valentyne s'il vous plait. »

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Remember me

L’inspiration m’avait quitté pendant quelques jours, mais à présent elle semblait bel et bien revenue. Depuis ce matin, j’avais sorti crayons et aquarelles et peu à peu, les personnages que je devais créer pour le nouveau livre que je devais illustrer prenaient vie sur le papier. Pour y arriver je devais réussir à faire le vide total dans mon esprit, à ne plus penser à rien d’autre qu’à cette histoire que je devais mettre en images, m’imprégner de son univers pour en faire partie et pouvoir lui donner le jour. Mais en ce moment, j’ai bien du mal de réussir à me concentrer… Je pensais que ça passerait avec le temps, que ça serait plus facile, que je réussirais à mettre mes idées noires de côté mais force est de constater que ça n’est pas le cas.

Pourtant je fais de mon mieux pour avancer. Je sors pour rencontrer du monde et me changer les idées, j’ai essayé de tenter l’une ou l’autre aventure avec des filles qui me plaisaient. Des filles géniales, vraiment… Mais elles n’étaient pas ELLE, aussi extraordinaires soient-elles. Je ne parvenais pas à ressentir ce petit quelque chose d’indéfinissable que je ressentais avec Sarah, j’avais l’impression de jouer la comédie et de ne pas être vrai. Pire, j’avais l’impression de tromper celle à qui j’avais donné mon coeur il y a si longtemps de ça. Ce n’était pas confortable, ce n’était pas naturel, je n’étais pas où je devais être, tout simplement.

Difficile de laisser derrière moi une histoire qui a pris une part si importante de ma vie. Tout a commencé quand nous avions cinq ans, une belle amitié entre un petit garçon et une petite fille qui sont devenus inséparables et ont fait les quatre cents coups ensemble. Sarah est donc entrée dans ma vie très rapidement et y a pris une place énorme. Comme nous étions voisins, ça facilitait les rapprochements, d’autant que nos mères sont devenues d’excellentes amies. Outre l’école, on faisait nos devoirs ensemble et on jouait ensemble… Parfois même on prenait nos repas ensemble quand ses parents ou les miens décidaient de sortir et de nous laisser en garde aux parents de l’autre.

Ados, on était toujours aussi proches. On se racontait absolument tout, on refaisait le monde ensemble, comme le font tous les jeunes, on se racontait nos projets et elle me parlait des gars qui lui plaisaient, je lui parlais de mes petits flirts… Dingue, non ? Pas pour nous, on n’avait pas encore réalisé qu’on se plaisait. Ca n’allait pourtant pas tarder, un jour où on avait rompu tous les deux quelques heures plus tôt avec nos partenaires respectifs, on a fait la liste de tout ce qu’on cherchait chez notre partenaire idéal et je crois qu’on a saisit tous les deux en même temps que cette liste correspondait parfaitement à la personne qu’on avait en face de nous. Sacrée révélation, plutôt troublante. Sarah, je l’avais toujours vue comme une soeur, presque une jumelle tant nous étions complices, me rendre compte qu’elle était avant tout une fille magnifique qui me plaisait énormément a été un gros morceau à avaler.

Mais j’ai avalé. Et elle aussi. A partir de là, on ne s’est plus quittés, même quand il a fallu choisir nos études et le lieu où on les ferait. Elle voulait aller en Angleterre, j’ai suivi sans même tenter de lui faire changer d’avis. Elle et moi c’était la chose la plus logique qui soit, je n’imaginais pas un seul instant faire ma vie avec une autre qu’elle. Et tout ça a duré… Jusqu’à il y a six mois. Sarah n’avait plus de temps pour moi, elle n’avait plus de place que pour sa vie professionnelle et j’avais l’impression de ne plus exister pour elle. Je la voyais en coup de vent, elle était soit pressée de partir, soit trop fatiguée pour faire quoi que ce soit d’autre que dormir. Parfois je me disais que si je vivais en colocation j’aurais plus de chance de voir mon coloc’… C’était plus possible, plus vivable, alors je suis parti.

Depuis je pense, je ressasse, je retourne notre histoire dans tous les sens dans ma tête et je cherche ce que j’aurais pu faire pour qu’on n’en arrive pas là. Sarah et moi ne nous sommes pas quittés par manque d’amour, et ça c’est la pire des ruptures. Voilà pourquoi j’ai beaucoup de mal à trouver l’inspiration, pourquoi je ne parviens que très difficilement à me concentrer. Quand ça arrive, quand enfin je réussis à faire le vide, je dois en profiter. Ca fait des heures que je suis sur ce travail, je n’ai pas vu le temps passer, ce qui est plutôt bon signe, mais je suis interrompu par un visiteur inattendu qui frappe à ma porte.

Je fronce les sourcils. Je n’attends personne et je me suis installé dans ce coin de campagne pour avoir une certaine paix et éviter les vendeurs de porte à porte. Je soupire, pose mon pinceau et me lève pour aller voir pour aller voir qui est mon visiteur. Mais rien ne pouvait me préparer à ce que j’allais découvrir en ouvrant la porte. Sarah… Sarah se tenait devant moi, l’air incertain. Pris par la surprise, j’ai entrouvert la bouche mais aucun son n’en est sorti, tant et si bien que c’est elle qui a parlé en premier. Mais si j’étais surpris de la trouver là, ce qu’elle m’a dit m’a carrément stupéfait !

Quoi ?

Minute papillon… Elle me fait quoi là ? C’est une blague ? Ce n’est pourtant pas son genre d’humour… OK ça fait six mois qu’on ne s’est plus vus mais elle n’a pas changé à ce point n’est-ce pas ? Et je suis sensé répondre quoi ? Je dois éclater de rire ? Lever les yeux au ciel ? Et pourquoi elle a l’air si sérieux, si… Timide ?

Sarah… Qu’est-ce qui se passe tu me fiches la frousse là !

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
Remember me.

Je m'apprêtais à ce moment même à ouvrir une page de mon passé, j'étais à la fois angoissée et excitée. Je me sentais comme une enfant. Impatiente mais avec des centaines de questions qui ne cessaient de me traverser l'esprit. J'espérais qu'il ne me rejetterait pas en me claquant la porte au nez, après tout, je n'avais aucune idée du ton de notre dernière conversation, peut-être étions nous restés en bons termes ou pas du tout. Mais il était pour l'instant ma seule chance. J'avais besoin que l'on me donne des réponses et que cela lui plaise ou non, j'étais désolée mais c'était tombé sur lui. Lui qui, au vu des photos, avait l'air d'occuper une place assez importante dans ma vie.

Dès qu'il apparut devant moi, le jeune homme paru stupéfait, à tel point qu'il ouvrit la bouche mais qu'aucun son n'en sorti. De toute manière, je ne lui laissa pas le temps et le devança en lui indiquant mes intentions. Je fus à mon tour surprise de sa réponse, il me renvoyait la sensation que je me fichais de lui. Soudain, j'appréhendais ses autres réactions, je ne voulait en aucun cas le déranger, me moquer de lui ou encore le mettre mal à l'aise.
Une sensation de peur mêlée à de la confusion monta rapidement en moi, me faisant lâcher cette phrase sans que je puisse contrôler mes mots.

« Je... Excusez-moi, j'ai du me tromper. »

Comment pouvais-je lui sortir ça alors que j'étais persuadée que si je laissais passer cette chance je n'aurais peut-être plus l'occasion de savoir une partie de mon histoire, une partie de moi.
La peur avait pris le dessus sur la raison, me donnant tout simplement envie de disparaitre d'ici aussi vite que j'y étais arrivée.

Je m'apprêtais à faire demi-tour lorsqu'il prononça mon prénom. Désormais j'en étais certaine, c'était lui. Je devais prendre mon courage à deux mains et tout lui expliquer calmement, sans l'inquiéter ni lui faire peur.

Je ne savais pas par où commencer, je ne savais absolument pas quoi lui dire étant donné qu'il était un parfait inconnu à mes yeux. Je n'étais même pas certaine du lien qui nous unissait avant mon accident. D'autant plus que j'avais du mal à parler de ce qu'il m'était arrivée, j'avais l'impression d'être tellement impuissante et perdue. Finalement peu de personnes avaient été présentes à mon réveil et je ne savais pas vraiment sur qui je pouvais compter dans cette ville.

Je tentais tant bien que mal de me ressaisir, inspirais un grand coup en me retournant vers lui.

« Croyez-moi vous ne pouvez pas l'être plus que moi. », lui avouais-je timidement. Et c'était vrai, dans l'histoire c'était moi la plus flippé.

« Vous me connaissez vraiment alors ? », lui demandais-je d'une voix pleine d'espoir.

J'attendais un peu avant de poursuivre, je tenais à ce qu'il me réponde même si pour lui tout devais lui paraitre incohérent. C'est vrai, je débarquais chez lui, faisant mine de ne pas le reconnaitre, il y avait de quoi me prendre pour une folle.

« En effet, je comprends que cela puisse paraitre surprenant mais, suite à un accident je suis devenue amnésique, ne me souvenant pas même de mon prénom à mon réveil. Alors une fois rentrée j'ai fais des recherches pour tenter d'en apprendre plus sur moi et j'ai cru comprendre que nous nous connaissions... »

Plus je lui expliquais plus j'avais l'impression qu'il n'en revenait pas et avait du mal à me croire. J'espérais vraiment ne pas regretter d'être venue.

« Voilà pourquoi je me trouve ici...»
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Remember me

J’avais l’impression d’être en plein dans la quatrième dimension. Sarah était là, face à moi pour la première fois depuis notre rupture, et j’avais l’impression de faire face à une petite fille effrayée qui ne savait pas comment me parler. Qu’elle ait peur de moi n’était pas concevable, je n’ai jamais été violent, ni physiquement, ni verbalement. La rupture était déjà une chose assez difficile à accepter, on a tout fait tous les deux pour que ça se passe bien. J’avais toujours espéré qu’on finisse par pouvoir redevenir amis comme avant, même si je doutais que ça soit possible. Je l’aimais trop pour ça et j’avais l’impression que mes sentiments n’étaient pas prêts à s’éteindre.

Alors je ne comprenais pas pourquoi elle faisait cette tête là, ce qui avait bien pu arriver pour qu’elle me vouvoie ! Me vouvoyer ? Moi ? Est-ce que c’est le parfait sosie de Sarah que j’ai en face de moi ? Ce n’est pas possible autrement ! Ca me fout la frousse de la voir comme ça, elle semble prête à partir mais il est hors de question que je la laisse s’en aller, je veux qu’elle m’explique ce qui se passe, ce qu’elle fait là, pourquoi, comment… Je veux savoir. Je flippe, mais elle m’avoue flipper encore plus que moi. L’idée de l’amnésie ne me traverse même pas l’esprit… Si j’étais devant la télé, je me traiterais de crétin en disant que c’est évident, mais là, dans la peau du gars paumé et surpris par cette visite inattendue, je suis incapable de faire fonctionner mon cerveau correctement.

OK… Entre et explique moi ce qui se passe.

Je m’effaçais pour la laisser entrer. C’était bien entendu la première fois qu’elle venait ici, j’ai acheté cette maison après notre rupture. Bounty, le Galgo blanc que j’avais adopté quelques jours auparavant, se levait de son panier pour venir saluer notre visiteuse puis y retournait sagement. Le pauvre avait été utilisé pour la course et en Espagne, dans ce milieu la tradition veut que pour s’assurer d’avoir un nouveau chien qui remporte des courses, le précédent doit souffrir. Bounty a été battu, affamé… Et c’est une association qui l’a trouvé presque mort dans une cave. Il a été remis sur pattes et c’est comme ça qu’il a fini par arriver jusqu’à moi. Malgré son passé terrible, il garde l’amour de l’homme et est sans cesse en attente de caresses.

Si je te connais ?… Mieux que personne.

J’avais répondu du tac-o-tac en lui désignant le canapé pour qu’elle s’y installe. Elle allait m’expliquer le pourquoi du comment, raison pour laquelle j’avais directement répondu à sa précédente question. Sarah semblait totalement perdue et l’idée d’une probable amnésie commençait à faire son chemin. En tout cas c’était la seule explication logique que je pouvais trouver à son comportement. D’ailleurs elle me le confirma. Difficile de vous dire ce que j’ai ressenti à ce moment là, pour tout dire je suis en pleine stupéfaction, je n’arrive pas à y croire. J’ai envie de la prendre dans mes bras mais je m’en abstiens, je ne veux pas lui faire peur et si je la connais mieux que personne, je suis un total inconnu pour elle. Difficile à admettre… Je passais ma main dans mes cheveux nerveusement, cherchant mes mots.

Oui on se connaît… Depuis l’enfance. Nos parents vivaient sur le même palier et on était totalement inséparables. On a commencé à sortir ensemble quand on était ados et quand tu as voulu venir faire tes études ici je t’ai suivie. En fait… On a rompu y’a six mois environ… Je n’étais pas au courant pour ton accident.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Je fus rapidement soulagée de voir qu'il avait l'air de prendre plutôt bien la situation, outre le fait qu'il soit quelque peu déstabilisé ce qui était bien entendu compréhensible. Ma plus grande peur était qu'il me laisse à la porte en refusant de m'écouter. Enfin j'imagine que la situation devait être complexe pour lui aussi. Il m'invitait à entrer chez lui afin que je lui explique tout, je voyais dans ces yeux que lui aussi avait besoin de réponses, il voulait y voir plus clair dans cette histoire.
Tandis que je passais la porte, un grand chien blanc se leva difficilement pour venir à ma rencontre. Je lui fis quelques caresses sur le haut de sa tête avant qu'il ne retourne se coucher dans son panier.

Je me demandais si je connaissais déjà cette maison, elle paraissait plutôt grande et lumineuse. Je la trouvais presque plus accueillante et chaleureuse que celle dans laquelle je vivais.

Après être entrée timidement dans la maison, il m'invita à prendre place sur le canapé et s'installa à son tour non loin de moi. Il m'assura qu'il me connaissait probablement mieux que quiconque. Au moins je ne m'étais pas trompée de personne et je ne serais pas venue pour rien. Lorsque je lui expliqua les derniers événements, Mylow semblait abattu, je ne savais pas ce qui l'ennuyait le plus, ce qui m'étais arrivée, le fait qu'il n'ai pas été prévenu ou encore que je me pointe chez lui pour en savoir plus sur mon passé. Quoi qu'il en soit, malgré sa nervosité, il accepta de m'expliquer le lien qui nous unissait.

« Oh.. »

Je fus à la fois surprise et en même temps pas tant que ça, d'apprendre que nous étions ensemble. C'était une des hypothèses que j'avais émis. Je compris ainsi que la maison dans laquelle j'étais devait être notre maison mais qu'il me l'avait probablement laissé étant donné que j'avais mon cabinet.
En réalité j'étais plus surprise par le fait que nous ayons rompu. Il paraissait tellement sincère, compatissant et sensible. J'étais curieuse, l'envie d'en savoir tellement plus sur moi, sur nous, sur le pourquoi du comment se faisait ressentir.

« Il y a tellement de questions auxquelles j'aimerais que tu me répondes, mais je ne voudrais pas non plus... vous déranger. », finissais-je légèrement embarrassée.

Cette relation était tellement étrange, je ne savais pas comment lui parler, le tutoiement m'avais échapper et je ne me sentais pas encore assez à l'aise pour l'employer. Pour moi nous nous connaissions simplement depuis quelques minutes...

Soudain, je me mis à penser à ce bébé que j'avais perdu, Mylow était très certainement le père et je suppose qu'il n'avait pas été mis au courant non plus. Quelque peu perdue, je ne savais pas comment réagir, devais-je en plus lui annoncer cela ? Ce serait à mon sens trop brutal, il avait tout de même le droit d'avoir le temps de digérer tout ça. Je décidais alors de garder le secret encore un peu.

« Pourquoi avons-nous rompu ? »

Je ne savais pas si lui demander cela du tac au tac était une bonne chose, cela le forçait à se replonger dans notre histoire. Peut-être étais-ce ma faute, j'étais peut-être une garce et je l'avais fait souffrir, que sais-je. Mais c'était plus fort que moi, je voulais savoir, je devais savoir. Ce n'était pas juste qu'un seul de nous deux aient des souvenirs, pourquoi n'aurais-je pas le droit de savoir alors que je l'avais vécu. Et même si c'était dur à entendre je tenais à ce qu'on me confronte à la réalité, à ce que l'on me dise la vérité et que l'on arrête de me ménager.

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Remember me

Ce genre de situation est plutôt complexe à aborder… N’ayant pas été prévenu de ce qui était arrivé à Sarah, je n’ai pas pu me préparer à lui parler, à affronter ce regard qui me toise comme un étranger, ce que je suis pour elle en ce moment. Je ne réalise pas vraiment et voilà que je dois lui parler d’elle, me rappeler tous ces souvenirs qui ont fait notre vie pendant plus de vingt ans pour les partager avec elle, tout en essayant de garder une apparence des plus sereines. Comme si c’était facile… C’est la première fois que je la revois depuis notre rupture et franchement je ne peux pas dire que ça ne me fait rien, bien au contraire. J’ai toujours aimé Sarah et je l’aime encore, je ne m’en suis jamais caché. Quand je suis parti elle savait que ce n’était pas parce que je ne l’aimais plus, on a décidé de laisser passer du temps avant d’envisager de se recroiser, parce que c’était plus facile pour nous deux, ou en tout cas ça devait l’être. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que ça n’a pas fonctionné, en tout cas de mon côté. Pour Sarah je n’en sais rien, je ne sais pas si elle avait réussi à tourner la page… Remarquez elle semble avoir eu son accident il y a un bon moment il y a donc peu de probabilité que ça soit le cas.

Mais que lui dire exactement ? Est-ce que je dois lui révéler absolument tout depuis le début ? Isoler quelques événements majeurs ? Faire un bref résumé ? Je me sens totalement gauche, c’est terrible de se retrouver si démuni devant quelqu’un qu’on connait si bien et qui n’a plus le moindre souvenir de vous. Alors j’y vais doucement, j’essaie de faire aussi simple et concis que possible, choisissant mes mots avec soin. Il y a tant de choses dont je voudrais qu’elle se souvienne… tant d’autres que je voudrais qu’elle garde enfouis, comme ces disputes qui ont parsemé nos dernières semaines.

Tu… Tu ne m’a jamais vouvoyé de ta vie Sarah. Ca fait… Bizarre.

Je passais un main nerveuse dans mes cheveux. J’avais envie de hurler tant cette situation me frustrait. C’était vraiment étrange, j’avais envie de me réveiller ou bien que Sarah se mette à éclater de rire en me disant qu’elle m’avait bien eu. Bon, clairement je lui dirais ce que je pense de cette mauvaise blague, mais je vous jure que je préférerais ça.

Ca ne me dérange pas. Au contraire je crois que je le prendrais mal si tu t’adressais à quelqu’un d’autre pour t’aider.

Je lui adressais un sourire contrit avant de décider de me lever pour aller nous chercher quelque chose à boire. De un ça allait appuyer le fait qu’elle ne me dérangeait pas, de deux ça m’occuperait les mains l’espace de quelques minutes, minutes dont j’avais besoin pour me recadrer un peu. Par automatisme, je préparais un thé glacé. Elle avait toujours adoré ça, spécialement celui que je lui préparais… Je mettais un soupçon de jus de mangue dedans et elle pouvait en boire des litres comme ça. Elle n’en a sans doute plus bu depuis bien longtemps. je revenais avec les deux verres que j’avais préparé et donnais le sien à Sarah. Alors que je me rasseyais, elle me posa LA question que je redoutais. Bien sûr qu’elle voulait savoir, ça n’aurait eu aucun sens qu’elle ne me la pose pas. Je baissais les yeux sur mon verre, le contemplais quelques secondes avant d’en boire une gorgée. Gagner du temps ne servait à rien, encore une fois je réfléchissais à ce que j’allais lui répondre.

A la fac tu as énormément bossé pour obtenir ton diplôme. Tu es une fille brillante Sarah… Et ton métier te passionne. Les gens ont naturellement confiance en toi et tu n’as pas tardé à avoir une clientèle de plus en plus nombreuse et de plus en plus exigeante. Tu ne parvenais pas à te décider à déléguer certaines tâches pour te libérer du temps et du coup… On ne se voyait pratiquement plus. Tu ne rentrais à la maison que pour dormir quelques heures, le dimanche tu t’occupais de la paperasse quand une urgence ne t’obligeait pas à ouvrir ton cabinet. On n’avait plus de vie de couple.

Je buvais une nouvelle gorgée de thé. Je n’osais pas la regarder pour l’instant, je ne savais pas si j’avais bien tourné les choses, je ne voulais pas qu’elle culpabilise.

On ne s’est pas quittés en mauvais termes, je tiens à ce que tu le saches.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Mylow paraissait drôlement gêné que je ne le tutoie pas. En guise de réponse je lui accorda un petit sourire pour me faire pardonner. Il était nerveux et je le ressentais, ses gestes trahissait son état émotionnel, il passait régulièrement la main dans ses cheveux, tentait de gagner du temps et affichait cet air perdu qu'il essayait toutefois de camoufler. J'aurais aimé qu'il soit plus détendu mais je ne savais pas comment m'y prendre pour l'aider. J'aurais aimé lui dire ce qu'il voulait entendre mais je crois que c'était tout de même naturel et presque normale qu'il réagisse ainsi, le contraire aurait été inquiétant, nous avions été proches durant si longtemps.

Je lui adressais à mon tour un sourire sincère, j'étais réellement contente qu'il accepte de m'aider.
Il se leva pour aller en direction de ce qui semblait être la cuisine et revint quelques minutes plus tard avec deux verres. Il me tendit le mien tandis que je le remerciait en regardant le contenu. Curieuse, je lui demandais avec un sourire.

« Qu'est ce que c'est ? »

Mylow paraissait me connaître tellement bien, il aurait beaucoup à m'apprendre sur moi même. Je voulais tout découvrir mon caractère, mes habitudes de vie, en passant par les choses que j'adorais mais aussi celles que je détestais. Toutefois, avant cela, il fallait que j'en apprenne plus sur notre relation.

J'imagine qu'il devait appréhender cette question seulement il devait s'y attendre, cela paraissait évident que j'éprouve le besoin de connaître la raison de notre rupture.

Je ne savais pas quoi répondre, il avait du m'en vouloir tellement. Comment j'avais pu faire passer mon travail avant ma vie personnelle ? Ça me paraissait presque dingue. J'avais beau être une passionnée d'animaux et adorer mon métier, de là à ne plus profiter de ma vie... J'étais peut-être brillante mais j'en avais oublié de passer du temps avec ceux que j'aimais.
Je ne savais pas s'il avait refait sa vie, très certainement, après plus de six mois il devait avoir tourné la page. Néanmoins, il semblait y avoir que nous deux dans la maison, mais j'espérais tout de même ne pas tomber nez à nez avec sa nouvelle compagne, j'avais déjà tout fichu en l'air une fois, je ne voulais pas lui attirer davantage d'ennuis.
Il n'osait pas me regarder dans les yeux et je le comprenais. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable, de ressentir cette pointe de culpabilité.

« Cela expliquerait que peu de personnes ont été à mes côtés à mon réveil, ils ont dû se lasser eux aussi si je n'avais de temps à consacrer à personne... », murmurais-je, une pointe de tristesse dans ma voix.

Je me promis silencieusement de ne pas reproduire cette erreur désormais. Il était hors de question que je reproduise les mêmes fautes, j'avais surement raté beaucoup de choses, mais il n'est jamais trop tard pour avancer et apprendre de ses erreurs.
J'avais envie de déposer ma main sur son épaule, j'étais surprise de cet élan d'affection mais je me retins tout de même de faire quoi que ce soit.

« Nous avions un chien ? » finis-je par demander en regardant ce dernier qui paraissait vraiment mal en point.

La phrase était presque sortie toute seule, comme pour faire cesser ce malaise qui nous envahissait. Je bus une gorgée de ce thé glacé que Mylow m'avait gentiment préparé et curieusement, j'appréciais vraiment, autant par l'odeur que par le goût. Je souris toute seule en me disant que tout n'était peut-être pas perdue, peut-être qu'instinctivement certaines choses me reviendront, peut-être que je n'aurais pas complètement changé. J'écoutais attentivement la réponse de l'homme qui se trouvait à mes côtés.

Un petit silence s'installa avant que je ne lui pose une nouvelle question nous concernant.

« Tu as dit que nous nous connaissions depuis notre enfance, mais comment nous sommes nous rencontrés ? »

C'était plus fort que moi, j'étais avide de réponses, je voulais tout savoir, j'avais besoin de retracer l'histoire de notre relation qui avait durée des années.

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Remember me

La vie est bizarre parfois, elle peut nous jouer des tours vraiment incroyables qui viennent tout bouleverser. Et bouleversé, je l’étais. La revoir, comme ça, dans ces circonstances, me troublait au point que je ne savais pas comment réagir, quoi lui dire, comment tourner les choses. Sarah attendait de moi que je l’aide et malgré tout ce qui c’était passé, elle restait la personne la plus importante dans ma vie. Les quelques femmes avec qui j’ai flirté depuis notre rupture vous le diront : Personne ne peut faire le poids face à Sarah, que je le veuille ou non c’est comme ça. J’ai essayé de passer à autre chose, comme si me forcer allait mettre en route une mécanique immuable, force est de constater que jusqu’ici, l’échec est flagrant. Et voilà que l’amour de ma vie refait surface, privée de tous ses souvenirs, comme si on me permettait de la reconquérir, de réécrire l’histoire, de réussir là où j’ai échoué. Est-ce que c’est un signe du destin ? Etait-il mécontent de notre séparation parce que ce n’était pas ce qui était écrit par lui ?

C’est du thé glacé. Je ne sais pas si c’est encore le cas mais tu adorais ça.

On dit que l’odeur a une importance énorme sur la mémoire. C’est utilisé de façon très scientifique pour faire ressurgir des souvenirs d’ailleurs. Ca ne vous est jamais arrivé de sentir une odeur et de vous retrouver plongé dans la cuisine de votre grand-mère ou dans les bras de votre mère ? C’est peut être quelque chose qu’on pourra envisager pour l’aider. Se souvient-elle du parfum qu’elle préfère ? De son plat préféré ? Des fleurs qu’elle préfère se voir offrir ? Je me demande si ses goûts sont restés les mêmes et surtout, si ses priorités sont toujours les mêmes. Je ne peux m’empêcher de me demander si ce drame qui l’a touchée ne représente pas une chance pour nous de tout recommencer. Mais avant tout, je dois lui venir en aide, répondre à cette question difficile qu’elle vient de me poser, à savoir les raisons de notre rupture. Sa réaction me brise le coeur. J’ai envie de passer une main réconfortante dans son dos mais je m’abstiens, je ne veux pas l’effrayer ou la mettre mal à l’aise.

Je crois plutôt que comme moi les gens n’ont pas été au courant. Tout le monde t’aime… On ne peut que t’aimer.

C’était pour moi une évidence, une chose sur laquelle elle ne pouvait pas douter. J’espérais avoir pu la rassurer, pouvoir le faire encore dans le futur. C’est un sacré défi qu’il nous faut relever et j’espère qu’elle retrouvera vite sa mémoire. J’ose à peine imaginer à quel point elle doit se sentir perdue. Ca doit être terrible de ne même pas se souvenir de son propre nom…

Non. On envisageait d’en prendre un mais on n’en a pas eu l’occasion. J’ai adopté Bounty il y a quelques jours, il se retape doucement. D’ailleurs est-ce que tu peux encore exercer ton métier ?

Si elle ne savait plus son nom à son réveil, si elle ne se souvient pas de moi, j’imagine qu’elle a dû tout oublier de ses cours à l’université. Peut être que certains automatismes sont restés mais de là à pouvoir continuer d’exercer son métier de vétérinaire… J’en doutais fortement. Raison de plus pour souhaiter que la mémoire lui revienne le plus rapidement possible. Le sourire qui s’était accroché à son visage quand elle avait bu une gorgée de thé ne m’avait pas échappé et je souriais à mon tour.

Tu aimes toujours ça on dirait !

C’était bon signe… Du moins je l’espérais. J’avais à présent totalement accepté l’idée que Sarah était amnésique et je cherchais des moyens de la stimuler pour l’aider à se rétablir. J’appréhendais moins les questions qui allaient arriver, j’étais prêt à y répondre. La suivante me replongea d’ailleurs dans des souvenirs très agréables.

Tes parents sont venus s’installer dans l’appartement juste en face du nôtre. On s’est croisés de temps en temps dans les couloirs et je te trouvais super jolie. Le jour de la Saint Valentin papa a ramené un bouquet de roses à maman et je lui ai demandé pourquoi il lui offrait ça. Je crois que ça l’a un peu gêné… Et il m’a dit que c’était pour faire comprendre à maman qu’il la trouvait très jolie. Dès qu’il a eu le dos tourné, j’ai chipé une rose dans le bouquet et je suis allé frapper à ta porte pour te l’offrir.

C’était une belle histoire, le genre d’histoire super mignonne qui faisait fondre tout le monde. J’observais Sarah, curieux de voir sa réaction suite à cette révélation.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
Remember me.

J'étais reconnaissante envers Mylow, du temps qu'il acceptait de me consacrer, de répondre à mes questions parfois délicates, de se confronter à une réalité difficile, il n'était pas obligé de subir tout ça, d'autant plus que notre relation était devenue complexe, nous n'étions plus vraiment en contact, alors je le remerciais vraiment de m'aider.

Mylow tentait de me persuader que mon entourage n'avait pas été prévenu, tout comme lui, raison pour laquelle je n'avais pas eu de nouvelles. Je restais tout de même sceptique, j'étais certaine d'avoir ma part de responsabilité là-dedans. Même en étant pas au courant de mon accident, ils auraient cherché à me joindre pour de simples nouvelles alors que ce n'était pas le cas. Je restais toutefois silencieuse. Cette constatation m'attristait, me donnant davantage l'envie de ne plus faire passer mon travail avant mes proches.

J'appris qu'il venait de récupérer ce chien qui avait l'air d'avoir beaucoup souffert. Mylow avait l'air d'être quelqu'un de généreux et surement quelqu'un de bien.
Bounty. J'aimais bien ce nom, je trouve que Mylow l'avait bien choisi.

« Et bien, je ne peux pas encore exercer toute seule, alors pour l'instant je travaille à la clinique vétérinaire avec un collègue qui vérifie mes faits et gestes. C'est assez frustrant lorsqu'on pense que j'en étais capable les yeux fermés il y a quelques temps... », lui confiais-je en toute sincérité.

Il est vrai que la sensation d'être observée à chacune de mes actions devenait pesante. J'étais compréhensive, bien sur moi même j'aurais refusé de me retrouver toute seule à me débrouiller pour soigner un animal. Je ne souhaitais absolument pas commettre une faute, ce ne sont pas des cobayes et à mes yeux on ne joue pas avec la vie d'un être vivant, quel qu’il soit.
Mais, chaque fois que mon collègue vérifiait ou corrigeait mes erreurs j'avais l'impression que l'on remuait le couteau dans la plaie. Tu vois Sarah, suite à cet accident, tu n'es pas capable de le faire, du moins tant que ta mémoire n'aura pas refait surface. Et ça, ça c'était dur à supporter.

« Je suis tout de même étonnée, beaucoup de mes gestes sont automatiques, comme si instinctivement je savais ce que je faisais. Je fais peu d'erreurs alors dans un sens c'est plutôt rassurant. », repris-je avant de porter le verre à mes lèvres.

« Et toi, tu fais quoi dans la vie ? », ajoutais-je peu de temps après.

Ma question devait le surprendre, j'étais censé moi aussi le connaître par coeur, mais ce n'était plus le cas. Et il faisait preuve d'une telle gentillesse que je tenais moi aussi à m'informer et à m’intéresser à lui.

Le jeune homme était attentif à mes réactions, il avait remarqué que j'appréciais le thé glacé qu'il m'avait préparé quasiment instinctivement. Il avait eu de la chance que mes goûts n'aient apparemment pas complètement changés. Je comptais d'ailleurs sur lui pour me faire apprendre bien des choses sur mes préférences.

« Oui, j'apprécie vraiment le goût », lui dis-je tandis qu'il me souriait.

Il se mit alors à me raconter comment nous nous sommes rencontrés tandis que je buvais presque ces paroles. Chaque détails comptait pour moi. Je voulais absolument tout savoir.
J'étais certaine que s'il regardait attentivement il pouvait voir mes yeux pleins d'espoirs, qui pétillaient.

Une histoire adorable et touchante. C'était presque romantique du haut de nos cinq ans, je souriais.
Émue, j'attendis un petit instant avant de prendre la parole.

« Je.. Excuse moi, c'est juste que... j'aimerais tellement être capable de me souvenir de tous ces moments... », dis-je en essuyant une larme avec le dos de ma main, qui coulait le long de ma joue.

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Remember me

J’imagine très bien la frustration qui doit être la sienne de ne pas pouvoir travailler seule. Sarah a toujours été très indépendante du point de vue de son boulot, d’ailleurs elle refusait tout net de déléguer certaines tâches comme la comptabilité par exemple. Combien de fois ne lui ais-je pas répété que c’était un travail à part entière et qu’elle pouvait très bien confier cette partie à un comptable indépendant ? Une secrétaire aurait pu également lui faire gagner un temps énorme mais ça non plus elle ne voulait pas l’envisager. « On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même » aurait pu être sa phrase fétiche, alors avoir quelqu’un derrière elle pour surveiller tout ce qu’elle fait doit être terriblement difficile pour elle, très frustrant. Mais d’après ce qu’elle me disait, son collègue n’avait que peu d’occasions de la reprendre, ce qui était en soit une bonne nouvelle.

C’est de bon augure ! Ca veut sûrement dire que ta mémoire ne va pas tarder à revenir.

J’essayais de l’encourager comme je pouvais, cherchais matière à la rassurer dans tout. Pour tout dire, ça me rassurait aussi, je ne pouvais pas ne pas être touché par ce qui était en train de se jouer en ce moment, d’autant que je n’ai pas été prévenu de son accident et ça, ça reste une frustration énorme. J’aurais dû être là, pouvoir passer un maximum de temps avec elle à l’hôpital, être là à son réveil pour pouvoir la rassurer et lui dire qu’elle n’est pas seule. Contrairement à ce qu’elle pensait les gens ne se tenaient pas à l’écart d’elle… Disons juste qu’ils savent à quel point elle est occupée, ils ont pris le pli de la laisser se manifester en premier pour ne pas la déranger. C’est plus de la bonne intention qu’autre chose, mais je comprends qu’elle se pose des questions.

Moi ? Je suis illustrateur. J’illustre des livres pour enfants.

Du menton je désignais la table à dessin que j’avais placé dans un coin de la pièce. Ce job avait l’avantage que je travaillais à domicile, ce qui nous avait grandement facilité les choses, même si ça n’avait pas été suffisant. C’était étrange de l’entendre me poser ce genre de question. Bien sûr j’ai maintenant bien capté qu’elle était amnésique, mais malgré tout ça faisait bizarre. Plus on parlera, plus elle en saura sur moi, sur elle, sur notre vie, plus elle aura de chance d’avoir un déclic, en tout cas c’est ce que j’espère. Peut être que tout à l’heure je pourrai lui montrer quelques livres, qui sait si une simple image ne pourrait pas réveiller quelque chose ? On n’a rien à perdre de toute façon, autant tout essayer.

Alors quand elle m’a demandé de lui raconter notre rencontre, je lui fait part de la belle histoire qui est la notre. On pourrait presque en faire un film, c’est ce qu’elle disait toujours et j’étais bien d’accord avec elle là-dessus. Mais quand je lui ai offert cette fleur, je ne me rendais pas vraiment compte de l’image que ça renvoyait, je ne comprenais pas pourquoi la mère de Sarah me regardait avec cet air totalement conquis sur le visage. J’observais à présent Sarah en me demandant comment elle allait réagir à ces révélations. Comme je pouvais le penser, évidemment elle était émue, et du coup moi aussi… Mais quand je l’ai entendue s’excuser et essuyer une larme, ça m’a arraché le coeur. Je n’ai jamais supporté de la voir pleurer et là… Je me sentais tellement impuissant ! Je me suis rapproché, comme pour la prendre dans mes bras. Un réflexe, mais peut être pas le bienvenu alors encore une fois, je me suis abstenu, me contentant de glisser une main apaisante sur son bras. Bordel… C’est pas naturel tout ça… Pas pour moi… C’est dur de me tenir à l’écart comme ça.

Tu t’en souviendras. Donne toi le temps, ça va revenir, on va tout faire pour ça ! Je vais t’emmener dans les endroits que tu aimes, te cuisiner tes plats préférés, on va regarder des centaines de photos et je t’expliquerai les souvenirs qui y sont liés… Je vais tout faire pour t’aider chérie, je te le promets.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Je haussais les épaules en faisant un petit sourire. Je l'espérais également mais je ne voulais pas me faire de fausse joie. Je m'en voudrais trop d'avoir espéré retrouver la mémoire pour qu'au final celle-ci ne réapparaisse jamais. Peut-être que tout mon passé restera profondément enfouie en ne revenant jamais à la surface. Certes, ce n'est pas le diagnostic établit par les médecins mais eux aussi ont le droit à l'erreur, chose que d'ailleurs beaucoup de gens ont du mal à comprendre ou à accepter.
Je voyais bien que Mylow voulait m'encourager et me rassurer afin que je reprenne confiance en moi.

« Oh ce doit être plaisant comme métier »

Je me levais timidement en direction de la table à dessin qu'il m'avait désigné. Curieuse, je m'approchais légèrement pour contempler ses divers dessins. De multiples feuilles étaient sorties, donnant naissances à plusieurs personnages. De nombreux crayons et aquarelles étaient éparpillés sur la table, cela donnait l'impression que je l'avais interrompu dans son travail.
Je trouvais cela vraiment beau et je n'étais pas tant étonné que Mylow soit artiste, il me semblait que cela correspondait plutôt bien à ce que j'avais pu découvrir de lui.

« C'est beau... » murmurais-je.

Je serais enchantée de pouvoir découvrir ces diverses oeuvres plus tard, s'il souhaitait me les montrer bien entendu. Je me demandais si, lorsque nous étions ensemble, je lui accordais beaucoup de temps, si j'étais attentive à ce qu'il faisait, si je m’intéressais à ses dessins ou si je l'aidais à trouver l'inspiration. J'espérais tout de même ne pas être ce genre de personne égoïste qui ne prête pas attention à son entourage.
Je retournais m’asseoir avant de le questionner sur notre rencontre.

Alors que j'étais toute émue par cette histoire pleine de tendresse, cette histoire qui était la notre, Mylow eu une réaction qui me surpris quelque peu dans un premier temps mais qui me réconforta réellement. Il m'assura qu'il ferait en sorte de tout faire pour que mes souvenirs resurgissent. Et ce en passant par l'odeur, le goût, la vue... Il était de tout cœur avec moi et paraissait prêt à tout pour m'aider à me souvenir. Prêt à me cuisiner mes plats préférés, m’emmener dans les lieux qui ont marqués ma vie, me faire écouter les musiques que je préférais, me montrer des tas de photos...
En revanche, j'étais un peu surprise, Mylow m'avait appelée « chérie » je ne savais pas vraiment si cela lui avait échappé, ou si c'était intentionnel. Je ne savais pas non plus quels étaient ces sentiments à mon égard au jour d'aujourd'hui. Il avait l'air encore de tenir beaucoup à moi.

« C'est vrai.. ? Tu serais prêt à faire tout ça pour moi.. ? », lui demandais-je les yeux pétillants.

Une main réconfortante était venue se déposer sur mon bras, je ne le repoussa pas, j'étais contente qu'il me soutienne, je ne sais pas si beaucoup de gens l'aurait fait. Je sentais qu'il se retenait de me prendre dans ses bras, je ne savais pas quoi faire, j'en avais presque envie mais je le connaissais tellement peu et en même temps nous avions du vivre tellement de choses ensemble. Je décidais alors de venir poser ma tête sur son épaule.

J'étais persuadé que s'il faisait réellement tout cela avec moi, je parviendrais à retracer la plus grande partie de ma vie. Par chance, il me connaissait depuis toute petite, les souvenirs ne devaient donc pas être ce qu'il manquait.

Quelques minutes après, je me redressais et regardais mon téléphone un instant et m'aperçu qu'il était déjà près de 19h.

« Oh je, je devrais y aller, il est déjà prêt de 19 heures... », dis-je un peu précipitamment en essuyant à nouveau une larme qui coulait le long de ma joue.

Bien entendu j'aurais pu rester là encore des heures, l'envie de prolonger la soirée en sa compagnie ne manquait pas mais je ne pouvais m'imposer de la sorte.

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Remember me

C’est vraiment étrange de devoir lui rappeler des choses aussi simples que le métier que j’exerce… Avant je ne montrais jamais mon travail à qui que ce soit avant qu’elle ne l’ait validé, je savais qu’elle avait un goût sûr et un oeil avisé, que si quelque chose n’allait pas elle me le dirait. Depuis notre rupture, j’ai toujours ce réflexe de mettre les choses de côté en vue de son inspection, puis d’un coup je me rends compte que je ne dois plus faire ça et… Ca me fait déprimer. Elle ne se souvient plus de mon travail, de son personnage préféré, mais je me dis qu’elle a ainsi une possibilité de redécouvrir, peut être qu’elle aura un autre oeil et que finalement son personnage préféré ne le sera plus au profit d’un autre… Qui sait ? Il faut essayer de voir le verre à moitié plein et pas à moitié vide. Je crois que c’est la meilleure chose à faire si on veut vraiment avancer… Se lamenter ne servira à rien.

Merci.

Elle revenait s’installer sur le canapé après avoir été regarder les quelques croquis que j’avais faits aujourd’hui. On entrait dans une conversation plus intime, qui concernait notre couple, ça devenait plus délicat et pourtant je savais que ce n’était que le début. Je devais me faire à l’idée de ce qui était arrivé à Sarah, mais avant toute chose je devais l’aider, tout simplement parce que j’étais la personne la plus à même de le faire, parce que personne ne la connaissait mieux que moi, parce que je lui ai promis des centaines de fois d’être toujours là pour elle et que j’aime tenir mes promesses.

En tout cas j’étais bien décidé de le faire, et j’avais déjà en tête quelques moyens évidents de la replonger dans sa vie. Peut être qu’on pourra programmer un voyage jusqu’à New-York, je pourrai ainsi lui montrer l’immeuble où nous avons grandit, l’emmener à Central Park, sous cet arbre où adolescents on allait refaire le monde, puis aller manger une glace au Delice Garden et lui conseiller celle aux macarons, qu’elle prenait immanquablement et que je l’ai vue manger des centaines de fois en un peu plus de dix ans. Avant ce voyage, je peux commencer par lui préparer une lasagne. Si je l’avais écoutée, on en aurait mangé tous les jours ! Lui faire visionner Dirty dancing, un vieux film qu’elle a dû voir au moins deux cents fois et dont elle connaissait les répliques par coeur.

Toutes ces choses je pouvais envisager de les faire en me disant que ça aurait certainement un impact positif. Sa mémoire doit être stimulée de toutes les façons possibles et ça nous permettrait aussi de passer du temps ensemble, ce qui ne peut être que bon pour nous. Elle et moi, ça a toujours été naturel, on s’entend bien sans avoir à faire d’effort. Enfin… Si on excepte les raisons de notre séparation évidemment. Mais là on n’est pas à parler de ça, on parle de sa vie et clairement j’en fais partie intégrante, tout comme elle fait partie de la mienne, en est le pilier central. J’aimerais déjà pouvoir faire plus, avoir la science infuse pour l’aider concrètement, mais on va devoir faire preuve de patience.

Bien sûr que je ferais ça pour toi.

Et bien plus, mais ça elle ne pouvait pas le savoir évidemment, et je ne voulais pas l’effrayer. Dans cette même optique je n’osais pas la prendre dans mes bras pour la réconforter, préférant lui laisser son espace pour qu’elle ne se sente pas envahie. Mais quand elle a posé sa tête sur mon épaule, je l’ai enlacée et posé un baiser sur le dessus de sa tête. C’était dur, je me rendais compte à quel point elle me manquait au quotidien, à quel point j’avais besoin de sa présence. Je fermais les yeux, profitant de ce moment de grâce où elle était dans mes bras. Un moment qui n’a pas duré assez longtemps à mon goût. Quand elle s’est redressée, je l’ai libérée de mon étreinte, mais je crois que je n’étais pas prêt à la voir partir maintenant.

Tu as un rendez-vous ? … Parce que sinon… Enfin à part m’ennuyer comme un rat mort je n’ai rien prévu pour ce soir et…

Je passais une main nerveuse dans mes cheveux, un peu hésitant, ne sachant pas si je pouvais me permettre de lui demander ça, si ça n’allait pas la mettre dans une situation inextricable. Et si elle avait vraiment envie de partir ? Je laissais échapper un soupire.

Ne te sens pas obligée. C’est juste que… J’aimerais que tu restes.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Mylow avait passé un bras autour de moi pour m’enlacer après que je sois venue poser ma tête sur son épaule, venant même déposer un un baiser sur le dessus de ma tête. Je ne savais pas si c'était bien ou pas bien. D'ailleurs pas bien pour qui ? Peut-être était-ce trop tôt pour être aussi proche. J'étais quelque peu perdue mais à vrai dire je m'en foutais, j'avais besoin de réconfort, cela me faisait du bien. Quelque chose me poussait à continuer.

« Merci... », murmurais-je contre lui avant de me redresser quelques instants plus tard.

Je ne sais pourquoi mais c'est comme s'il avait déjà fait ses preuves. Mylow m'inspirait confiance, j'avais même l'impression que d'être en sa présence, cela m’apaisait. Moi qui avait plutôt tendance à être anxieuse ces derniers temps. Je ne pouvais m'empêcher d'avoir confiance, il paraissait sincère, je ne pouvais croire qu'il me voudrait du mal ou encore qu'il ait soif de vengeance. C'était peut-être un peu tôt mais lorsqu'on réfléchis bien, nous avions passé vingt ans ensemble. Et puis ce n'est pas comme si j'avais d'autres solutions, il était le seul là, prêt à me tendre la main alors j'étais prête à tenter le tout pour le tout.

Il semblait hésitant et cherchait ses mots, comme s'il ne voulait pas me brusquer. Mais contre toute attente, j'étais plutôt ravie de sa proposition, à vrai dire jusqu'à présent, personne ne m'avait invité ou que ce soit. Il faut dire que cela faisait peu de temps que j'étais sortie de l'hôpital mais je ressentais déjà un manque. J'avais besoin de voir du monde, de retrouver des personnes qui m'étaient proche ou même de faire de nouvelles rencontres. Il valait mieux ça que de rester chez soi, toute seule, à attendre que les choses reviennent d'elles-mêmes.

« Et bien à part retourner toute la maison pour trouver le moindre petit indice et me torturer l'esprit, je crois bien que je préfère accepter ta proposition plutôt que de me retrouver seule. »

Il est vrai que je n'avais pas l'impression d'être réellement dans mon chez moi. Elle était grande et faisait vide, non pas que mes anciennes affaires aient bougés, mais elle ne convenait pas vraiment à une personne vivant seule. Du moins, moi je n'arrive pas à être vraiment à l'aise. J'avais beaucoup de mal à supporter la solitude et le fait de rester seule face à cette absence du passé m'angoissait particulièrement alors j'avais presque envie de sauter sur l'occasion. J'avais même l'impression d'être soulagée.

« J'aurais au moins échappé à une soirée toute seule dans cette maison un peu trop grande pour moi », lui dis-je avec un petit sourire.

« Et si tu me parlais un peu de toi pour changer », lui dis-je en plaisantant avant de porter mon verre à mes lèvres.

Même si je me doutais qu'il aurait du mal à me parler de lui sans parler de nous. J'avais envie de découvrir l'homme qui avait partagé ma vie pendant si longtemps, apprendre à le connaître, pourquoi je l'avais choisi lui et pas un autre. Je voulais savoir toutes ses petites choses du quotidien qui pouvait sembler banales aux yeux des autres mais qui comptaient réellement pour moi. Ce qu'il prenait au petit déjeuner, son parfum de glace préféré, la musique qu'il pouvait écouter des dizaine de fois sans jamais s'en lasser, son petit rituel lorsqu'il terminait sa journée de travail, la manière dont il appréciait faire passer le temps...

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Je savais que la revoir serait bouleversant, mais je n’imaginais pas à quel point. Moi qui pensais être sur la bonne voie, avoir réussi à accepter l’idée de notre séparation, je me rends compte que finalement, maintenant qu’elle est là à côté de moi, je n’ai plus du tout envie de la voir partir. Ça n’a rien à voir avec son amnésie, c’est juste que je ne me sens vivant, complet, que lorsqu’elle est à mes côtés. Je crois que quoi qu’il arrive, il en sera toujours ainsi. C’est comme inscrit en moi, immuable, bien trop fort pour être contré. Est-ce que j’aurais dû la laisser partir ? J’en sais rien. Mais je n’en avais pas du tout envie, je ne voulais pas qu’elle rentre chez elle, surtout dans un tel état de bouleversement. Car Bouleversée, elle l’était aussi, pour des raisons différentes des miennes mais qu’importe, je n’ai jamais supporté de voir Sarah pleurer ou être mal, je veux m’assurer qu’elle va bien, que ça va aller pour elle.

Finalement je crois que j’ai bien fait, car Sarah semble craindre de rentrer chez elle. Je peux le comprendre, c’est un lieu inconnu où elle est seule, la maison est assez grande parce qu’on l’a achetée en pensant à son cabinet vétérinaire, mais aussi à notre avenir de parents. Logique qu’elle s’y sente un peu perdue et qu’elle hésite à y retourner. Et il n’y a aucune raison qu’elle y retourne tant qu’elle ne sentira pas qu’elle va pouvoir gérer ça. Égoïstement ça m’arrange… Enfin disons plutôt que ça me fait plaisir, je n’aurais pas voulu la voir partir si vite.

Je suis content que tu restes.

On avait encore des tas de choses à se dire, sans doute que Sarah aura encore des tonnes de questions à me poser. Ca fait du bien de l’avoir là, d’entendre sa voix, de sentir son parfum. Je veux encore pouvoir en profiter, elle m’a manqué bien plus que je n’ai jamais osé me l’avouer. Et des questions elle en avait encore, la preuve en est qu’elle m’a immédiatement demandé de lui parler de moi. Avec un sourire un peu gêné, je passais ma main dans mes cheveux.

Et bien… C’est pas évident de parler de soi…

C’est vrai ça… Qu’est-ce que je pouvais lui dire sur moi qui pourrait lui sembler intéressant ? Elle connait déjà mon métier, elle sait que comme elle je suis originaire de la Big Apple, tout ça est déjà un bon début. Pas suffisant, certes, je l’admets. Voyons donc ce que je vais bien pouvoir lui dire… Je réfléchissais un instant, me disant que les moindres petites choses allaient l’aider à construire une image de moi et que le temps ferait le reste.

Alors… J’aime faire du sport, je courre tous les jours. J’adore le basket-ball et je suis fan des Knicks de New-York. Tu aimes ça aussi d’ailleurs, on allait souvent ensemble au Madison Square Garden voir des matchs. J’aime lire, surtout des histoires à suspense, j’ai le permis moto et quand le temps s’y prête j’aime rouler sur ma Harley pour de longues balades. On en faisait souvent ensemble… On prenait de quoi pique-niquer et on partait à l’aventure dans la campagne anglaise.

En tout cas au début, quand elle était encore aux études et qu’elle pouvait s’accorder le temps de loisirs. Après ça n’a plus vraiment été possible, et faire ça seul, j’aimais moins, évidemment.

A part ça que dire d’autre… Je suis allergique à certaines épices utilisées dans la nourriture chinoise, il ne faut donc jamais m’inviter dans ce genre de restau… Par contre j’adore la nourriture italienne. D’ailleurs je cuisine bien et si tu es d’accord, je te fais la démonstration tout de suite parce que je meure de faim !

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Mylow avait tenu à ce que je passe la soirée en sa compagnie, ayant fait sa proposition un peu hésitant, je pense qu'il ne voulait pas me brusquer et encore moins me forcer, j'avais décidé d'accepter son invitation. Je n'avais pas osé lui avouer que j'attendais qu'il me le demande, d'une part parce que je n'avais pas envie de rentrer chez moi seul, et puis j'étais bien en sa compagnie et j'avais tellement envie d'en savoir plus.

« C'est vraiment gentil de faire tout ça pour moi, surtout que..., enfin j'imagine que ça ne doit pas être facile. »

Surtout que nous étions plus ensemble. Bien entendu la situation en elle-même était complexe mais notre ancienne relation n'arrangeait rien. Pourtant il paraissait sincère en me disant qu'il était content que je reste. J'étais flattée qu'il veuille encore passer du temps avec moi et qu'il accepte de mettre de côté les derniers événements liés à notre relation.

Il avait l'air de ne pas savoir par où commencer, je reconnais que devoir parler de soi ne doit pas être une choses des plus faciles. Surtout que c'était moi qui le lui demandait, la femme qui avait passé près de vingt ans de sa vie à ses côtés et qui était censé le connaître plus que quiconque, alors forcément en faire un résumé en quelques mots paraissait un peu complexe.

« Tu préfères parler de moi ? », lui demandais-je avec un petit sourire en le taquinant sur le fait qu'il avait du mal à parler de lui.

J'essayais de le mettre à l'aise comme je pouvais. Il finit par se lancer en commençant par me parler de ses passions, de ce qu'il aimait faire. Je découvris en lui un homme sportif et je fus surprise d'entendre que je partageais certaines de ses activités avec lui.

« Oh je faisais de la moto avec toi ! Ça devait être géniale... Dis moi, j'étais plutôt sportive ? Je venais courir avec toi parfois ? »

Je n'en revenais pas, de la moto, j'étais peut-être un peu aventurière - quand j'avais encore du temps libre. Je ne me souvenais absolument pas d'être fan de basket ni de quoi que ce soit d'autre d'ailleurs.

« C'est à noté en effet, ce serait dommage qu'un jour en te faisant la cuisine je sois obligé de t’emmener à l’hôpital », lui dis-je avec un petit rire.

J'avais presque envie de sortir un petit cahier et de prendre des notes ! C'est vrai, je devais être capable de me rappeler de toutes ces petites choses qui constituaient mon passé et qui caractérisent Mylow. Lorsqu'on y réfléchis, je vais encore être amenée à le côtoyer un moment, surement plus que ce qu'il ne pensait.

« Oh c'est avec plaisir que j'aimerais goûter ta cuisine italienne, je parie que je devais l'adorais », lui-dis en souriant.

J'avais également un petit creux et j'étais enchantée qu'il me fasse la cuisine. Je finis mon verre de thé glacé avant de m'adresser à lui.

« Je peux t'aider à faire quelque chose ? Sinon je peux aussi venir admirer tes talents de cordon bleu, à moins que cela ne doivent rester secret.. » proposais-je avec un petit air malicieux.

Je ne savais absolument pas ou se trouvais quoi que ce soit dans cette maison mais j'aurais été ravie de pouvoir l'aider à préparer le dîner ou encore à mettre la table.
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Parler de soi n’est jamais facile, pourtant je savais que je devais m’essayer à cet exercice. Sarah en avait besoin pour la simple et bonne raison qu’elle avait tout oublié de moi. J’étais à présent pour elle un parfait étranger qu’elle devait réapprendre à connaître. Les choses se sont faites si naturellement entre nous… Mais nous n’avons plus la même spontanéité que des enfants de 5 ans peuvent avoir, ça change absolument tout. Et puis on s’est construits ensemble, nos goûts et nos personnalités se sont forgés au fil des années, ce n’est pas facile de faire un résumé de tout ça. Tout comme il n’est pas facile de la voir, là, dans ce genre de circonstance. Quand je suis parti, je lui ai dit que si un jour elle décidait de revoir ses priorités, elle pouvait m’en parler. Une façon de lui faire comprendre que ma porte était toujours ouverte, que j’avais toujours envie de faire ma vie avec elle, que je l’aimais toujours. Alors j’espérais… J’espérais que quand je la reverrais, ça serait à un moment où elle aurait pris le temps de se poser, qu’après s’être rendue compte que je lui manquais elle aurait eu envie de revenir vers moi. Je sais, c’est un peu masochiste de laisser ce genre de chance à une relation mais que voulez-vous… Je ne pouvais pas faire autrement, la séparation était vraiment la dernière chose que j’avais voulu, dieu sait que j’avais tout essayé, tout fait pour que ça n’arrive pas.

Avant oui, on courrait ensemble tous les matins.

On avait commencé ce petit rituel à Central Park et on avait tout naturellement continué après avoir déménagé. Mais dès ses études finies, elle n’a plus trouvé le temps, ni l’énergie pour le faire. Je ne pouvais pas lui en vouloir, elle était crevée à essayer de monter son cabinet, elle dormait peu, alors courir… C’était la dernière chose dont elle avait envie.

J’avais finalement réussi à trouver quelques petits trucs à lui raconter, comme le fait que j’aimais faire de la moto et qu’elle venait souvent avec moi faire des balades. j’ai vu ses yeux s’agrandir quand je lui ai parlé de ça, elle semblait surprise et pourtant… On a pris la clé des champs plus d’une fois et elle adorait ça. Je me demande si ça lui manquait… En fait, je me demande comment elle a pu se concentrer sur une seule chose au point d’oublier tout le reste. Nos projets, nos rêves d’enfants, les petits plaisirs simples de la vie ne faisaient plus partie de la sienne. Ca ne lui manquait pas de siroter un petit verre de vin dans le canapé le soir en refaisant le monde avec moi ? De regarder la télé en mangeant du pop corn ? De lire un bon bouquin près de la cheminée qui crépite ? Je ne peux même pas lui poser la question, elle ne saurait quoi me répondre…

Oh si tu faisais la cuisine, ça ne serait pas à cause des épices que je me retrouverais à l’hôpital !

Je me joignais à son rire, c’était une blague entre nous, elle savait à quel point elle était mauvaise en cuisine puisqu’elle parvenait à cramer des oeufs sur le plat et oubliait systématiquement de mettre du sel pour faire cuire les patates ou les pâtes, alors on s’en amusait beaucoup et je la taquinais pas mal sur ce sujet là, une de ses très rares failles, alors il fallait bien que j’en profite ! D’ailleurs en parlant de ça, je mourrais de faim. Logique en même temps, le temps passait vite et il était plus que l’heure de manger quelque chose. J’ai donc tout naturellement proposé à Sarah de nous cuisiner quelque chose. Quand elle a proposé de m’aider, ça m’a fait sourire, parce qu’elle ne mettait jamais les pieds dans la cuisine, elle disait que ça portait malheur !

Aucun secret entre nous ! Pour une fois que tu veux participer, ne compte pas sur moi pour ne pas profiter de l’occasion !

J’attrapais sa main et la tirais à ma suite dans la cuisine.

Tu te sens capable de t’occuper de la béchamel si je te note la recette et que je reste à côté pour surveiller ?

Oui parce que… Déjà avant, c’était pour elle quelque chose de très compliqué. Comme elle a tendance à vouloir que tout aille vite, elle mélangeait tout d’un coup alors forcément, le résultat n’était jamais à la hauteur de ce qu’elle espérait ! Je notais scrupuleusement les quantités et les étapes, puis je lui sortais les aliments et le matériel dont elle avait besoin. J’allais surveiller tout ce qu’elle faisait tout en m’occupant de la viande sur le gaz juste à côté.

Nous allons vivre un grand moment… La première béchamel de Sarah Bennett ! Concentre toi je sais que tu peux le faire !

Mais non je ne me moquais pas d’elle ! Enfin… Si un tout petit peu quand même. Mais si elle avait encore eu ses souvenirs, elle n’en aurait pas été étonnée, tout simplement parce que c’était tout le temps comme ça entre nous, on trouvait toujours une raison de rire, soit de l’un l’autre, soit d’autre chose, mais tout était sujet aux plaisanteries. Ca faisait du bien de retrouver ça… Ca fait si longtemps qu’on l’avait perdu… Trop longtemps.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
Remember me.

Nous avions l'air de partager beaucoup de choses ensemble, avant que je ne me lance dans ces études qui ont bouffés probablement les meilleurs années de ma vie. Entre les balades en moto, le sport, les sorties, peut-être avons-nous même voyagé, nous avions du vivre de beaux moments ensemble. J'aimerais pouvoir revivre tout cela ou encore les avoirs gardés en mémoire, car quoi que l'on puisse dire, les photos, les objets gardés ne remplaceront jamais les souvenirs.

Je le regardais avec de grands yeux, prenant un air presque offusquée.

« Ne sois pas de si mauvaise foi, je suis certaine que tu exagères ! Si tu es encore en vie, c'est que jusqu'à présent je ne t'ai jamais empoisonné alors pas de quoi en faire tout un plat ! », lui dis-je d'un ton qui se voulait sérieux, mais je finis par rire avec lui.

J'avais peine à croire que j'étais si mauvaise cuisinière, quel dommage ! Enfin, il restait un avantage, ne pas avoir à se soucier du repas en rentrant le soir chez soi, fallait-il encore avoir un charmant compagnon bon cuisinier, ce qui apparemment était le cas.

« Très bien Mylow Valentyne s'évertue à critiquer ma cuisine alors il va s'empresser de me montrer ses talents ! », affirmais-je avec un ton qui se voulait autoritaire mais j'avais du mal à garder mon sérieux.

Il me prit par la main et m'entraîna vers la cuisine. Je ne me posais pas de question et le suivis sans réfléchir. Il était tactile et étrangement ce contact ne m'avait pas dérangé. Il pris soin de m'expliquer que j'allais me charger de la béchamel.

« Oui je pense et puis au pire des cas ce ne sera pas la première fois que je te ferais goûter quelque chose d’immangeable apparemment ! », lui répondis-je avec une petite moue, comme si je lui en voulais à propos de sa remarque sur ma cuisine.

J'ajoutais tout de même un sourire, je sentais que nous commencions à être plus à l'aise l'un envers l'autre. La plaisanterie était toujours une bonne solution pour créer des liens et de la complicité.
J'étais contente qu'il veuille bien me donner quelque chose à faire, c'est un peu comme s'il me faisait confiance. Et ça, j'en avais réellement besoin. Même si c'était sur le ton de la plaisanterie et qu'apparemment la cuisine ne devait pas être mon truc, depuis mon accident, les gens avaient tendance à me sous-estimer, à ne pas me laisser faire par peur.

« Je rêve ou tu es en train de te moquer de moi ouvertement ? » lui demandais-je légèrement offusqué en le poussant gentiment à l'épaule.

Je lui arracha presque le papier des mains afin d'en lire les instructions. Je voulais lui prouver de quoi j'étais capable, et puis au pire des cas, même si j'échouais les conséquences seraient minimes. Je n'avais pas à me sentir angoissée, à me mettre la pression que je subissait lors de mes consultations à la clinique. Là je me sentais à l'aise, presque en sécurité et ça faisait un bien fou.

Je me saisissais des ingrédients afin de commencer à suivre la première étape mais je sentais son regard posé sur moi, comme s'il était resté fixé.

« Cesse de m'observer ainsi tu vas me mettre la pression, si je ne l'a réussi pas cela viendra entièrement de toi. »

Ces yeux étaient rivés sur moi, il paraissait pensif, presque nostalgique. J'aurais beaucoup donné à cet instant même pour être capable de connaître ses pensées. Que pensait-il de moi ? Peut-être ne réagissais-je pas comme il l'espérait, peut-être n'attendait-il qu'une chose, de se réveiller et d'oublier toute trace de cette rencontre perturbante.

« Voyons voir cela, ai-je fais un quelconque faux-pas jusqu'à présent ? Je te préviens que si elle est réussie, tu me devras des excuses », lui assurais-je sûre de moi tout en versant le lait.

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Remember me

Vous savez quoi ? J’avais presque envie de me pincer pour vérifier que je ne rêvais pas. La femme que j’avais en face de moi n’était pas la Sarah des derniers temps, celle qui était facilement irritable, qui était sur les nerfs tout le temps parce qu’elle avait peur de ne pas gérer son emploi du temps ou un cas trop difficile… Non, la femme que j’avais en face de moi, c’était la Sarah d’avant, celle dont j’étais tombé amoureux, cette fille pleine d’esprit et joyeuse, avec de l’énergie à revendre et toujours souriante. Elle m’avait manqué cette Sarah là, j’avais l’impression qu’elle avait disparu à jamais avec l’âge adulte. Ca fait du bien de la retrouver, de pouvoir rire avec elle comme je le faisais avant. En un clin d’oeil j’avais retrouvé mes repères avec elle, j’étais redevenu celui que j’avais toujours été en sa compagnie, tout naturellement, sans que j’aie à me poser de question, c’était tout simplement comme ça. Et le mieux dans cette histoire, c’est qu’il en était de même pour elle. Je la sentais plus à l’aise et même si j’étais toujours un étranger pour elle, elle ne me regardait plus comme tel. Je la taquinais, ricanais à ses réactions, j’oubliais presque dans quel contexte nous étions dans cette cuisine.

Si je t’ai proposé de la faire, c’est parce que je crois que tu peux la réussir je te signale… N’attends pas que le lait soit chaud pour mettre la farine ! Et petit à petit !

OK, elle va me tuer, je me tais ! Mais bon, si elle ne veux pas de grumeaux… Bref, je la laissais faire, me concentrant à présent sur mes échalotes que j’épluchais et hachais finement avant de les faire revenir dans un filet d’huile d’olive. Je n’en revenais pas d’être là, en train de cuisiner, avec Sarah qui m’aidait. Elle qui avait horreur de ça…

Ca te plait ou… Tu fais juste ça pour m’aider ? Parce qu’avant tu n’aimais pas cuisiner donc… Je me demande.

Je lui souriais, curieux d’entendre sa réponse. Des choses semblaient avoir changé chez elle, ou bien simplement elle était redevenue elle ? C’est vrai que je ne la reconnaissais plus depuis qu’elle avait ouvert son cabinet, peut être que c’est dû à ça. Ses goûts semblaient être restés les mêmes, pour le peu que j’avais pu observer depuis qu’elle était chez moi, mais peut être qu’elle a une vision différente de certaines choses à présent. Je prenais une cuillère et prélevait un peu de la béchamel qu’elle venait de terminer, faisant mine de me concentrer longuement avant de donner un avis, puis je me fendais d’un salut théâtral.

Mademoiselle Bennett je vous fais toutes mes excuses, cette sauce est divine !

Sarah a continué de m’aider et ce moment partagé ensemble était vraiment agréable. J’essayais de ne pas trop penser à tout ce qui ne concernait pas le moment présent pour en conserver l’insouciance, mais le fait était que je me demandais si je devais lui parler de ce que je ressentais. Parfois je me disais que je le devais, qu’il fallait que je sois honnête avec elle, ne rien lui cacher, parfois je me disais que je ne devais rien dire, que ça risquait de lui faire peur, de la faire fuir… Après tout, dans son esprit elle me connaissait à peine. On a fini par monter les étages de la lasagne ensemble et par la mettre au four, puis on a mis la table. Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça à ce moment là, sans doute parce que j’en avais besoin, j’avais besoin qu’elle le sache. En tout cas c’est sorti le plus spontanément du monde, je n’ai rien prémédité.

Tu m’as manqué Sarah.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
Remember me.

Une fois la sauce terminée, je continuais à l'aider à cuisiner les lasagnes ainsi qu'en mettant la table. C'était quelque peu étrange de mettre la table uniquement pour nous deux, surtout que je l'avais rencontré aujourd'hui même. Nous n'étions pas loin du dîner romantique à vu d’œil. Je posa les verres sur la table tandis qu'il me posa une question curieuse.

« Et bien je te dirais ça lorsque j'aurais fait plusieurs essais, en tout cas cette fois ci là cela ne m'a pas déplu. »

Il est vrai que je n'en savais strictement rien. J'avais passé un moment agréable avec lui en l'aidant à cuisiner et à vrai dire sans me poser la question de si cela me plaisait. J'essayais simplement de profiter de ce moment sans trop me poser de question, me contentant d'être dans la bonne humeur pour trouver une certaine complicité.

« Peut-être pourrais-je même remédier à cela en devenant un petit cordon bleu si tu m'apprends à cuisiner », lui lançais tel un défi avec un clin d'oeil.

Nous passions rapidement à table et je pu déguster sa cuisine italienne. Il complimenta ma béchamel, me présentant même ses excuses. Je souris fièrement en riant légèrement.
Je ne voulais pas l'accabler de question mais c'était plus fort que moi, elles revenaient sans cesse. Je ne me connaissais pas et c'était très frustrant à vivre. J'étais impatiente d'en savoir plus sur ma vie passée.

« Quelle genre de fille j'étais ? Je veux dire mon caractère, ce que j'aimais faire, mes petites manies et ce qui me caractérisait... »

J'étais certaine qu'il y avait tant de choses à dire, tellement qu'il ne saurait pas par ou commencer étant donné qu'à mes yeux, tout était bon à savoir lorsque l'on a tout oublié. Il était pourtant le mieux placé pour me répondre, j'avais décidé de partager ma vie avec lui alors il devait me connaître par coeur, même lorsqu'il s'agissait de mes secrets je suppose.

« Tes lasagnes sont délicieuses, même si je suis persuadée que c'est en grande partie grâce à ma béchamel », le taquinais-je en savourant son plat.

Je fus surprise d'entendre Mylow m'avouer ceci, tout naturellement, au beau milieu du repas. Je suppose qu'il avait ressenti le besoin de m'en faire part, ça paraissait si spontané. Tellement que je me retrouvais quelque peu déstabilisée et gênée face à cet aveux.

Sincèrement, que pouvais-je répondre à cela ? La réponse ne pouvait être toi aussi, ça sonnerait faux et c'était hypocrite, or j'avais envie d'être sincère avec lui. Je l'appréciais et j'étais contente d'être en sa compagnie mais n'ayant aucun souvenir de lui je ne pouvais me résoudre à lui dire ce qu'il attendait certainement en retour.
En guise de réponse je lui accorda un sourire sincère.

« Lequel d'entre nous a fait le premier pas ? », lui demandais-je quelques minutes plus tard.

J'avais envie qu'il me raconte comment nous en sommes arriver à éprouver plus que de l'amitié l'un envers l'autre, lequel s'est décidé à faire sa déclaration, quand, où, comment. J'étais curieuse de savoir si j'étais le genre de fille plutôt réservée, qui laissait faire les choses ou si j'étais celle qui prenait les devants. Je devais connaître notre relation sur le bout des doigts pour comprendre comment nous en sommes arrivés là. Les yeux rivés sur lui, je buvais ses paroles.

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Remember me

C’est drôle de la voir derrière les fourneaux. Elle n’a jamais aimé ça mais tout bien considéré, c’est peut être parce que personne ne lui avait appris à cuisiner ? Je sais que sa mère est de ces femmes actives qui n’ont pas le temps de faire la cuisine et préfèrent s’en remettre aux plats préparés ou aux traiteurs. C’est quelque chose qui se transmet et moi, c’est ma grand mère qui a commencé à m’apprendre à faire des cookies quand j’étais tout petit, puis maman a pris le relai et comme j’aimais ça, le reste s’est fait tout seul. Alors oui, peut être que si elle s’y met et que je l’aide, elle pourra devenir un cordon bleu !

Je t’apprendrai avec plaisir.

C’était une belle occasion d’être ensemble, et puis ça permettait de parler facilement. Parler, c’est une chose dont elle avait besoin. En tout cas poser des questions. On était là pour ça, j’avais promis de l’aider au mieux que je pouvais, mais j’avoue que quand elle m’a demandé de la décrire, j’ai trouvé que l’exercice n’était pas aussi facile qu’il semblait l’être. J’avais pourtant tant de choses à dire sur elle, j’aurais pu écrire un livre pour la décrire dans les moindres détails. Mais en quelques mots, c’est tellement difficile… Je prenais mon temps pour réfléchir à ce que j’allais lui répondre avant de me lancer.

Tu aimes la pluie, écouter du Chopin en prenant ton bain, tu es capable de dévorer un pot de nutella en cinq minutes chrono, tu peux toucher ton nez avec ta langue, tu adores la mode, tu rêves de poser le pied sur chaque continent du monde, depuis que tu es gamine tu sais que tu veux être vétérinaire et tu l’es devenue. Tu es têtue, obstinée, lunatique, rayonnante, drôle, intelligente, sensible, soupe au lait, bosseuse, généreuse, très mauvaise cuisinière en temps normal et pleine de joie de vivre.

C’était un résumé bref et concis. Pour le reste j’imagine que ça viendra petit à petit, que chaque situation réveillera des souvenirs que je pourrai lui raconter. On avait commencé à manger la lasagne qu’on avait préparé ensemble pour la première fois et pour moi c’était tout un événement en soi. J’avais aimé partager ce moment avec elle.

C’est UNIQUEMENT grâce à ta béchamel, c’est évident !

Je lui offrais un clin d’oeil qui se voulait complice, nous servant à tous les deux un verre de vin. En lui parlant d’elle, je n’avais pu m’empêcher de réaliser à quel point elle m’avait manqué. Je ne sais pas pourquoi je le lui ai dit… C’était spontané, pas du tout calculé. Une évidence qui devait être dite. Je me suis bien rendu compte que ça la mettait mal à l’aise, alors j’ai baissé les yeux vers ma part de lasagne et en ai mangé un nouveau morceau, comme si de rien n’était. Après un long silence, Sarah m’a demandé de lui parler de nous, de la façon dont ça avait démarré. Un léger sourire se forma sur mes lèvres pendant que la scène me revenait dans les moindres détails et que je lui racontais.

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DEBUT DE FLASHBACK

On était assis sous cet arbre à Central Park où on aimait venir glander quand on le pouvait. La veille, le plus curieux des hasards avait voulu qu’on rompe avec nos partenaires respectifs et bien entendu, on ne pouvait pas faire autrement que d’en parler ! Sarah venait de mordre rageusement dans son sandwich et avait ce regard noir qui voulait dire « le premier qui joue avec mes pieds, je le démonte ! ».

J’arrive pas à le croire… Je vais finir par croire que j’ai vraiment un problème !
Mais non tu n’as pas de problème… Ou alors j’en ai un gros aussi ! Vas-y doucement, tu vas finir par t’étrangler.
Ou alors j’en demande trop ? Tu crois que je suis trop difficile ?
J’en sais rien…
Tout ce que je demande, c’est un mec mignon, gentil, qui aime les animaux, qui sait m’écouter sans me faire comprendre que je l’ennuie, romantique et qui ne passe pas son temps devant la télé à regarder le superbowl.
Moi en fait…

J’avais dit ça sur le ton de la plaisanterie, sans vraiment me rendre compte à quel point c’était vrai. Mais Sarah, elle, avait capté.

Et toi… Tu cherches quoi ?
Mmm… Une fille qui me fait rire et qui est toujours de bonne humeur, qui ne se moque pas de mon côté romantique mais qui au contraire aime ça, une fille intelligente avec qui je pourrai partager des loisirs et en qui je pourrai avoir confiance.
Moi en fait, non ?

Dit par elle, ça prenait un autre sens. Là j’ai vraiment réalisé que oui, effectivement, c’est une fille comme elle que je cherchais et que si aucune de mes relations ne fonctionnait, c’est parce qu’aucune n’était… Sarah.

Dis Mylow, pourquoi on s’acharne à chercher ailleurs ce qu’on a sous les yeux depuis toujours ?
Parce qu’on est des idiots ?

J’avais haussé les épaules avec un sourire contrit, puis je m’étais penché pour l’embrasser. Elle ne s’était pas reculée et m’avait rendu mon baiser, le premier d’une très longue série à venir.

FIN DE FLASHBACK
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Voilà, c’est comme ça que ça a commencé toi et moi.

Je ne vais pas dire que c’est étrange de se remémorer ces moments, parce qu’il arrive souvent que j’y pense. Ca fait partie des meilleurs souvenirs de ma vie.

Je crois que ça serait bien qu’on envisage d’aller à New-York. C’est là qu’on a grandit et tes parents sont là-bas. D’ailleurs… Est-ce qu’ils sont au courant de ton accident ?

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
Remember me.

Le repas se déroulait tranquillement, autour d'un bon plat de lasagne et d'un verre de vin. C'était étrange, on aurait dit deux bons vieux amis qui se retrouvaient. Il paraissait plus à l'aise, tout comme moi avec lui d'ailleurs. Nous parlions cuisine, il me taquinait sur le fait que c'était une grande première de me voir préparer ne serait ce qu'une sauce, puis je lui posais d'autres questions me concernant.

Je riais lorsqu'il me cita toutes ses petites choses à mon propos. J'étais surprise par certaines choses, comme le coup du pot de nutella, d'autres m'étonnaient moins, le fait de vouloir voyager par exemple. J'avais l'air d'être assez ambitieuse et de savoir ce que je voulais. A la suite, il me sorti un nombre incalculable d'adjectif servant à décrire ma personnalité. Je l'écoutais attentivement, en essayant de m'identifier.

« Tu sais, je me demande parfois si ma personnalité, mes goûts seront complètement différent. J'ai du mal à comprendre comment on peut changer du tout au tout simplement en ayant perdu la mémoire. Pour moi, la plupart de ses choses sont instinctives, je ne vois pas pourquoi elles deviendraient complètement différente. »

Je ne sais pas pourquoi mais j'avais eu le besoin de lui confier ma pensée, certainement parce que depuis que j'étais sortie de l’hôpital je ne m'étais jamais confié à qui que ce soit. Et ça faisait du bien d'avoir quelqu'un qui vous écoute sans vous jugez, je ne doutais pas de Mylow sur ce point de vu.

« Pourtant j'ai tout de même l'impression que rien ne pourra redevenir comme avant même si je cherche à m'en approcher. », poursuivais-je.

Mylow cherchait la complicité et à la fois la proximité, m'avouant même à quel point je lui avait manqué. Toutes ses questions avaient forcément du réveiller des choses en lui, peut-être même une once de sentiments. Je ne pu m'empêcher de le questionner sur la manière dont on avait été amenés à sortir ensemble.

J'étais réellement impressionnée, Mylow semblait se souvenir de chaque détail, aussi petit soit-il, comme si c'était gravé en lui.

« Oh je vois, un peu comme dans ses films où les deux héros sont les seuls à ne pas savoir qu'ils sont fait l'un pour l'autre », lui dis-je en riant légèrement.

C'était attendrissant, comme si le fait d'être ensemble ne nous avaient jamais traversés l'esprit alors qu'en fait il ne suffisait pas toujours d'aller chercher bien loin pour être heureux, nous en étions la preuve.

« Je rêverais d'y aller... », lui confiais-je, les yeux pleins d'étoiles.

Bien entendu que je mourrais d'envie d'aller à New York, de connaître les lieux dans lesquels j'avais grandis, peut-être même que cela réveillerais quelques souvenirs en moi. Je remarquais qu'il avait utilisé "on" se qui voulait certainement dire qu'il était près à m'accompagner là-bas pour m'aider une fois de plus. J'avais presque envie de le prendre dans mes bras tellement j'étais ravie.

« Justement, j'allais te poser la même question, je n'ai eu aucune nouvelle d'eux jusqu'à présent alors j'imagine que non... »

Le fait qu'ils n'aient pas cherchés à avoir de mes nouvelles m'attristais. J'aurais aimé qu'il soit présent à mon réveil pour m'aider à surmonter cette période difficile de ma vie.

« Sait-tu si j'étais proche de mes parents ? Si nous nous étions disputés quelques temps avant mon accident ? »

Chacun de nous à besoin de ses parents dans les bons moments mais encore plus lorsque notre vie devient complexe et que l'on doit subir de tels événements. J'espérais avoir gardé contact avec eux, j'avais envie de les rencontrer. Ils seraient eux aussi les mieux placés pour parler de leur fille.

« Ils devaient t'apprécier non ?», finis-je par le questionner.

Je supposais que oui, depuis tant d'années que nous nous fréquentions. Et puis Mylow n'avait pas l'air d'être le genre de garçon à qui l'on pouvait trouver facilement des excuses pour ne pas l'apprécier.

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Remember me

Plus j’y pensais, plus je me disais que Sarah s’était perdue les dernières années de sa vie. Elle n’était pas cette fille carriériste capable de tout abandonner pour son métier, capable d’oublier ses rêves de famille. Je ne sais pas ce qui s’est passé, souvent que je me dis que si j’avais été plus vigilant j’aurais vu les choses venir et j’aurais pu lui parler, la raisonner. La Sarah que je connaissais si bien m’aurait écouté, elle m’aurait d’abord envoyé sur les roses et le lendemain elle serait venue me voir pour me dire qu’elle avait réfléchi et qu’il y avait peut être un tout petit peu de vrai dans ce que j’avais dit. Sa façon à elle de rester digne quand elle se rend compte que j’ai raison !

Alors j’espère qu’elle est à nouveau ma meilleure amie, la femme de ma vie, celle avec qui j’ai grandi et qui était ma complice depuis toutes ces années. J’avais tellement envie de la retrouver… Pas la Sarah que j’avais quitté, celle dont j’étais tombé amoureux et qui voulait soigner les animaux, avoir un chien, une maison à la campagne et au moins trois enfants. Peut être que cet accident aura l’effet positif de me la rendre… Peut être que dans quelques années on regardera en arrière en se disant que ça avait eu du bon, que grâce à ça elle avait pu redevenir elle-même et faire repartir sa vie sur le bon chemin, celui qu’elle aurait toujours dû suivre.

Peut être… Que ça n’est pas si mal que tout ne redevienne pas comme avant. Tu sais Sarah… Tu ne riais plus comme avant, tu étais toujours exténuée, sur les nerfs… Tu n’étais plus la fille gaie et lumineuse que tu avais toujours été. Peut être que c’est l’occasion pour toi d’être à nouveau vraiment heureuse.

Sarah me disait souvent que ce qu’elle aimait chez moi, c’était mon honnêteté vis à vis d’elle. Elle savait toujours ce que je pensais parce que je ne lui mentais jamais et que j’étais toujours franc avec elle. Cette franchise lui faisait du bien, ça la rassurait. Les derniers temps elle ne m’écoutait plus, comme quand je lui disais qu’elle devait téléphoner à ses parents plus souvent. Je me souviens qu’elle avait levé les yeux au ciel, prétexté qu’avec le décalage horaire c’était difficile, que de toute façon ils savaient à quel point elle était occupée et respectaient ça. En réalité, ils avaient simplement renoncé à la houspiller et espéraient qu’au bout des quelques années dont elle avait besoin pour se fixer professionnellement parlant et avoir son rythme de croisière, elle finirait par recommencer à les contacter plus régulièrement.

J’avais envie de lui demander si ses parents étaient au courant de ce qui lui était arrivé, mais Sarah fut plus rapide et me demanda de lui raconter comment ça avait commencé entre nous. Ce souvenir était terriblement vivace dans mon esprit, j’aurais pu sans le moindre problème rejouer la scène dans les moindres détails. Je me souvenais de ce qu’elle portait ce jour là, de la petite brise qui soufflait et faisait voleter ses cheveux. Je lui décrivais la scène sans rien omettre de ce qu’on s’était dit et elle trouvait que ça ressemblait à une histoire tirée d’un film. C’est vrai, ça y ressemblait.

Exactement ! Notre entourage nous charriait souvent en nous disant qu’on devrait penser à vendre notre histoire à Hollywood !

Ca serait bien qu’on retourne là bas tous les deux, à New-York, afin qu’elle retrouve ses racines pour mieux se retrouver, elle. Revoir ses parents, les miens, les lieux qu’on fréquentait, le lycée où on a été, le cinéma où on avait l’habitude d’aller voir des films… Quoi de mieux pour titiller sa mémoire que d’aller dans une ville où elle a vu le jour et passé dix-huit années de sa vie ?

Alors je vais réserver des billets pour qu’on y aille au plus vite, je suis sûr que ça va te faire du bien.

Autant battre le fer tant qu’il est chaud comme on dit, plus la mémoire de Sarah serait mise à l’épreuve, plus elle avait de chance de rejaillir. Et bien entendu il était pour moi hors de question qu’elle fasse ce voyage sans moi. J’étais le mieux placé pour lui servir de guide là-bas, pour ajouter des anecdotes à ce qu’elle allait voir. Parler de ça me permit aussi de revenir sur le sujet des parents, et comme je l’imaginais, ils n’étaient pas au courant de son accident.

Je m’en doutais… Nos mères sont amies, si ta mère avait été au courant, elle en aurait parlé à la mienne et j’aurais su ce qui t’était arrivé.

CQFD, comme on dit. Mais bien sûr cet état de fait faisait s’interroger la jeune femme sur ses relations avec les siens. Elle se demandait à juste titre si elle s’était disputée avec eux. Je lui souris, et ce sourire s’agrandit lorsqu’elle me dit que ses parents devaient m’apprécier.

Et bien j’espère qu’ils m’apprécient encore !

Je ne manquais pas de rire à ma propre réponse que j’avais voulue amusante, mais je reprenais vite mon sérieux pour répondre à son autre question, bien plus sérieusement cette fois.

Vous avez de bons rapports, à ce que je sais vous ne vous êtes pas disputés. Ces juste que ces derniers temps tu ne prenais pas le temps de les appeler et ils ont décidé de ne pas être trop sur ton dos… Pour eux ce n’est pas étrange que tu restes des mois sans donner de nouvelles, alors j’imagine qu’ils ne doivent pas s’inquiéter. Je vais te donner leur numéro. Si tu veux les appeler avant qu’on aille là-bas tu pourras, ou alors tu leur diras tout directement quand tu les verras, c’est comme tu veux.

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Sarah Bennett & Mylow Valentyne
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Mylow ne semblait pas regretter la Sarah qu'il avait connu dernièrement, il me confia que ce n'était pas plus mal que je n'en redevienne pas un copier-coller. J'appréciais sa sincérité, je préférait qu'il me dise la vérité plutôt que je me construise une fausse image de moi-même. C'est vrai, que là, aujourd'hui il paraissait heureux de pouvoir discuter avec moi, pouvoir rire et être presque complices ensemble.

« Oh, bien sur, je ne parlais pas forcément de ces derniers temps, je veux dire même celle que j'ai été avant, lorsque tout allait bien... »

C'est vrai que tout ce que l'on me renvoyait me donnait à croire qu'en quelques années tout avait dérapé par ma faute. J'avais tout fichue en l'air, laissant même de côté ma relation avec lui, lui qui semblait près à tout pour arranger les choses. C'est impressionnant comme les choses peuvent parfois nous échapper, à croire qu'il faut en arriver là pour comprendre et changer. Je n'ai aucunement envie de redevenir comme cette personne décrite ces derniers mois. Je tiens d'ailleurs à profiter de la vie avant tout tant que je le peux. J'ai eu de la chance d'échapper à cet accident alors ce n'est pas pour rien.

« C'est une belle histoire » ajoutais-je en souriant et en pensant à ce qu'il venait de me raconter.

Je ne savais comment le remercier de bien vouloir m’emmener aux Etats Unis, j'étais excitée rien qu'à l'idée d'y être. Je me demandais même par où allions nous commencer tant j'avais de choses à redécouvrir là-bas. J'étais réellement contente d'avoir quelqu'un pour m'accompagner dans cette aventure. J'avais besoin d'aide pour me souvenir, seule ce n'était pas possible et là une belle occasion s'offrait à moi alors je comptais bien en profiter.

« C'est certain, ça ne peut que me faire du bien ! », lui répondis-je enjouée tandis que je finissais mon assiette.

« Je ne sais même pas comment te remercier... », lui avouais-je.

J'aimerais lui faire plaisir en effet et le remercier pour tout ce qu'il faisait pour moi mais je n'avais pas la moindre idée de ce dont je pouvais faire.

Nos parents avaient l'air d'être encore proches d'après ce que m'expliquais Mylow. Il est vrai qu'avec toutes ces années des liens s'étaient forcément créés entre eux. Je riais avec lui avant de lui en demander plus sur les relations que j'avais avec eux.

« Oh, je vois. J'avais peur que ce ne soit plus grave que ça. J'ai vraiment hâte de pouvoir les rencontrer en tout cas. »

Il me proposa de me donner leur numéro de téléphone si jamais je souhaitais les prévenir de mon passage.

« Je pense que j'attendrais de leur expliquais lorsque je me trouverais face à eux. Inutile de les inquiétez, et puis c'est déjà difficile à croire en vrai apparemment alors, je n'imagine pas par téléphone ! » ajoutais-je en riant légèrement.

Je faisais bien entendue référence à sa propre réaction lorsqu'il m'avait découvert à sa porte. Je préférais leur expliquer calmement tout ça une fois que je les auraient rejoins. Nous terminions tranquillement le repas avant de débarrasser la table.

« Merci pour ce repas Mylow, c'était délicieux et j'ai vraiment apprécié. »

Codes par Wild Hunger.

Invité

Remember me

Demain je vais me réveiller avec un but. Ca faisait un bon moment que je n’en avais plus vraiment et ça fait du bien de retrouver cette motivation. C’était bon de la retrouver mais il n’y avait pas que ça, je devais également veiller sur elle, faire en sorte qu’elle soit la plus à l’aise possible pour pouvoir se concentrer à fond sur son rétablissement. Parfois ce soir il m’est arrivé de retrouver dans ses yeux la Sarah d’autrefois, par exemple quand je lui ai proposé le voyage à New-York. Elle avait retrouvé ce côté enfantin qui lui allait si bien et qui m’avait manqué les derniers moments de notre relation. Cette fille fraîche, enthousiaste, gaie et pleine de vie avait laissé place à une femme tourmentée, stressée, fatiguée que je ne connaissais pas.

New-York va lui faire du bien. Nos parents doivent avoir des tonnes de photos de nous, le père de Sarah en particulier était toujours vissé à son appareil photo et a pris des milliers de clichés de sa petite fille. La Big Apple, c’est là où on a grandit et forgé nos personnalités, notre caractère, c’est là que tout s’est construit et je suis certain qu’à un moment ou à un autre Sarah aura un déclic. Même si ça ne lui ramène pas sa mémoire en entier, retrouver quelque chose de familier, qui lui dit quelque chose comme un ancien souvenir qui semble flou ne pourra que l’encourager et lui remonter le moral.

Tu n’as pas à me remercier. Tu aurais fait la même chose pour moi.

Evident, on ne peut plus logique… Je sais que pour l’instant je suis le seul à le savoir, mais bientôt Sarah se rendra compte qu’il ne pouvait pas en être autrement. Malgré notre séparation, il y avait entre nous ce lien qui ne pouvait être brisé, toute cette histoire qu’on avait en commun et qui avait duré de si longues années. Elle m’a dit des choses qu’elle n’avait jamais dit à qui que ce soit d’autre, je lui ai confié mes secrets les plus intimes, rien ne peut être plus fort que ça, c’est le genre de chose qu’on ne peut briser.

Evidemment elle ne pouvait que ressentir de l’excitation à l’idée de ce voyage, mais cependant elle s’inquiétait pour ses parents. Elle n’avait prévenu personne de cet accident, elle n’avait pas pu le faire parce que tout simplement elle n’avait aucun souvenir de son père et de sa mère. Quelles étaient leur relations ? Pourquoi ne s’étaient-ils pas inquiétés de son silence ? Etaient-ils seulement encore en vie ? Il était bien normal qu’elle se pose ce genre de question et j’étais content de pouvoir la rassurer. Non, pas de froid entre eux, ils avaient simplement appris à faire avec la nouvelle façon de faire de leur fille.

Ca va leur faire un choc, c’est certain…

Je ne sais pas comment ils vont réagir, ce n’est pas le genre de chose à laquelle on peut se préparer. J’imagine qu’ils auront du mal de la laisser partir à la fin du séjour, mais ça aurait aussi valu sans cet accident.

Je t’en prie, ce n’était pas grand chose. Et puis on s’est amusés en le faisant !

J’avais pris énormément de plaisir à partager ce temps avec elle. Les conditions n’étaient pas idéales, c’est certain, mais on pouvait garder l’espoir et puis… Même si pour l’instant elle n’a plus sa mémoire, elle est vivante, elle va bien, c’est tout ce qui compte. En quelques minutes la table était débarrassée. Le soir était tombé depuis un bon moment, et je me souviens avoir remarqué ce vélo contre le mur de la maison quand j’ai ouvert la porte à Sarah à son arrivée.

Il est tard… On va mettre ton vélo dans mon coffre et je vais te ramener à la maison, je ne veux pas que tu sois sur la route à une heure pareille, ce n’est pas prudent.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

vos messages · **vos messages** : 251 **Date d'inscription** : 26/06/2014

Sarah Bennett & Mylow Valentyne
Remember me.

Surement. A vrai dire, je n'en sais trop rien si l'ancienne Sarah aurait fait la même chose, certainement. Je doute qu'elle était si mauvaise pour ne pas lui venir en aide si une telle chose lui était arrivé. Elle n'aurait pas pu tirer un trait comme ça sur toutes ces années passées ensemble, elle n'aurait pas pu détruire ce lien qui les unissaient. Du moins, c'est ce que je préférais me dire pour ne pas culpabiliser davantage. En tout cas, ce soir j'étais très reconnaissante envers le comportement de Mylow.

« Oh et au fait, je n'ai pas de frères et soeurs ? »

La question venait de me traverser l'esprit, c'est vrai ça, j'allais aller à New York et avoir la chance de rencontrer mes parents, mais y avait-il d'autres proches que je pourrais voir également ? Que ce soit de la famille ou des amis à nous ?

Il est évident que je ne pourrais pas leur éviter un choc, que je leur annonce au téléphone ou de vive voix, ils resteraient stupéfaits, mais je me devais d'aller les voir, de les rencontrer, de les prévenir, ils étaient tout à fait en droit de savoir. Je comptais bien profiter d'être avec eux et leurs poser mille et une questions.

J'avais passé une agréable soirée, pour la première fois depuis mon réveil, sans compter que j'avais appris beaucoup de choses sur mon passé en même pas une journée. J'avais vraiment bien fait d'oser lui rendre visite, je n'avais rien à perdre, au pire des cas il m'aurait renvoyé de chez lui mais, il en était tout autre chose pour mon plus grand plaisir. Malgré tout cela n'allait pas s'arrêter là, nous allions encore nous voir quelques fois, j'avais encore tant à apprendre, et puis ce voyage à New York allait être fantastique et ne pourrait que m'aider.

« Pour moi ce n'était pas rien, je t'assure. Ça m'a fait beaucoup de bien. »

Il faisait déjà bien nuit lorsque je m'apprêtais à rentrer chez moi. Je n'étais d'ailleurs pas très rassurée de devoir repartir à vélo, le chemin jusqu'à la maison n'était pas encore familier. Je fus alors rassurée lorsque Mylow me proposais de me raccompagner en voiture. Je ne savais pourquoi mais quelque chose me disait qu'il veillerait bien sur moi.

« C'est gentil, je ne te cache pas que je n'étais pas très rassurée de devoir rentrer seule, je ne connais pas encore bien le chemin. »

Je lui fis un petit sourire tandis que nous mettions chacun notre veste sur le dos. Il se dirigeait vers l'entrée, j'attrapais mon sac à main et le suivis. Mylow s'occupa de charger le vélo dans le coffre tandis que je montais en voiture. Le trajet ne serait pas bien long, en vélo j'avais mis moins de vingt minutes à l'aller. Je l'attendais sagement. J'appréhendais tout de même de reprendre la voiture, c'était la première fois depuis mon accident. J'essayais de ne pas y penser, j'avais confiance en Mylow mais malgré cela j'avais une boule au ventre. Il du s'apercevoir que j'étais soucieuse, je n'étais soudain plus très bavarde. J’espérais qu'il m'aiderait à penser à autre chose le temps du trajet.

Codes par Wild Hunger.

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