La journée à été longue. Pas fatigante, mais longue. Le bar n'a pas eu beaucoup de clients, si bien que j'ai failli m'endormir sur le comptoir. Arrivé chez moi, je me suis installé sur le toit de l'immeuble, un joint entre les lèvres. Ça m'a fait décoller, planer, et putain ouais, que c'était bon. De retour dans mon appartement, je suis allé vérifier si Ryan n'était pas connectée sur le chat. En voyant qu'elle ne l'était pas, j'ai eu comme un déclic. Ryan, ça fait bien un mois que je sais où elle habite. Alors, pris d'une folie, j'ai décollé de chez moi, plus déterminé que jamais. Ryan Appletown, un petit appartement dans le bas nord, ce quartier pas fameux. Je gare ma voiture sur un parking assez sombre, encore plus sombre à cause de la nuit qui tombe, mais à vrai dire, j'ai carrément pas peur. Là, je me sens invincible. Invincible parce que je m'apprête à aller voir cette fille à qui je parle depuis six mois. Cette fille qui m'a interdit de la rechercher sur facebook ou quoi. Elle va sûrement me détester quand elle aura compris qui je suis. J'arrive devant une porte, y a bien son nom de marqué sur la porte. Les battements de mon cœur frappe bien trop fort contre ma poitrine. Je prends un moment pour me calmer et souffler. Et puis, je frappe à la porte. Heureusement que le soleil n'est pas entièrement couché encore, sinon, je pense qu'elle pourrait me prendre pour un malade. Quoique, peut-être que c'est ce pour quoi elle va me prendre. Lorsqu'elle ouvre la porte, je reconnais bien la fille que j'ai vu en photo. Cette photo floue et minuscule. Je reste bouche-bée, parce qu'elle est là, face à moi. Ryan. Elle, elle sait absolument pas qui je suis. Elle doit certainement se dire que je suis qu'un abruti qui s'est trompé de porte. Mais non. « Ryan pas vrai ? » J'y vais doucement, j'ai un sourire assez faible qui vient se coller à mes lèvres, comme lorsque que les effets des joints me montent à la tête sauf que là, c'est juste elle qui me fait sourire. « Promis, je suis pas là pour te faire peur, vraiment. » Je la laisse pas en placer une, la pauvre. Je plante mon regard dans le sien. Elle va me tuer, bon sang, elle va m'achever. Mais elle sait bien que les règles et moi, ça fait bien plus que deux. « Devine qui je suis. »

J’étais chez moi, comme à mon habitude. Je ne sortais pas. Cela coûtait bien trop cher pour moi. J’avais juste entraînement dans deux heures. Mon équipe de volley ball allait en finale du championnat régional. Je ne pouvais donc louper aucune entrainement. D’ailleurs, je ne payais aucune cotisation. Le coach était au courant de ma situation financière. Alors, en échange, je coachais les plus jeunes. J’aimais bien cela, vraiment. Je m’y plaisais au volley. Et puis, cela me changeait de mon train train quotidien : métro – boulot – dodo. Et Dieu sait combien j’en avais besoin. J’étais rentrée depuis une petite heure. C’était le jour où je devais faire la garderie. Mes cours pour le lendemain n’étaient pas encore prêts. J’avais donc étalé mes affaires sur ce qui faisait office de table de salle à manger. Le logement social que je louais n’avait pas comporté de meubles lorsque j’étais entrée dedans. J’avais donc acheté une table pliante et deux chaises. Dans la chambre traînait un matelas par terre. Je ne me plaignais pas. C’était beaucoup mieux cela que de dormir dans la rue. Au moins, j’avais un toît. Quel ne fût pas mon étonnement lorsque j’entendis quelqu’un toquer à la porte. Je sursautais presque. J’enfilais un pull. A l’origine, je ne portais qu’un simple t – shirt très décolleté. Ce n’était pas une tenue pour accueillir quelqu’un. Je n’avais donné mon adresse personne. Bon, l’école la savait au cas où. Mais c’était tout. J’ouvris alors la porte. C’était un jeune homme, plutôt mignon. Il m’appela directement par mon prénom. Je le regardais alors, bouche bée. Je prenais presque peur. « Qui tu es ? ». Je le regardais alors de haut en bas. « Je ne te connais pas ! Tu me suis ? Tu me harcèles ? ». Je reculais alors de la porte. Mais je ne la fermais pas. J’étais paniquée. Qui cela pouvait – il bien être ? Je pris quelques secondes. Je le regardais à nouveau. « Attend, tu es Silas ? Le Silas ? ». Je ressentais deux choses différentes : de la colère mais aussi de la joie. J’étais en colère parce que je lui avais fait promettre de ne pas me retrouver. Mais j’étais heureuse de voir qu’il avait fait des démarches pour me trouver…