Cardiomyopathie avait dit le médecin, une maladie du muscle cardiaque qui réduit sa capacité de pomper le sang vers le reste de l'organisme. Des mots, rien que des mots, mais ils vont bouleverser la vie d'une fillette de trois ans. Peut-on imaginé la vie d'un enfant, rythmé par les consultations médicales et les traitements ? Aucun parent ne souhaiterait ça. Cathleen a toujours su se montrer forte aux yeux de ses proches, montrer sa souffrance ne ferait qu'amplifier la leurs. Ils avaient assez pleuré pour elle, enfin pour son coeur malade. La jeune fille avait appris à vivre avec, construisant des projets qui pouvaient être accessibles pour elle. Sa plus belle victoire fut pendant sa première rentrée scolaire, au lycée, elle avait réussi à convaincre son médecin et ses parents qu'une vie scolaire n'aurait pas d'impacte sur elle tant qu'elle ne ferait pas de sport. Bien évidemment, elle avait fait des crises, mais son environnement n'y était pour rien. Se bâtir une vie sociale et être une adolescente comme les autres lui ont donné de l'espoir, du vivant et surtout de la joie. Mais après ? Elle avait simplement compris qu'elle devait profiter du présent et vivre de façon à ce qu'elle ne regrette rien tout en essayant de faire attention à son coeur.
when i see your smile Octobre 2009 - « Vos résultats ne montrent rien d'alarmant, je pense que c'était une crise un peu plus forte que les autres. Reposez-vous quand même. » Finit-il par dire en refermant le dossier. Il appuya sur son bipeur avant de quitter la pièce.
« J'ai l'impression de faire que ça, me reposer. » me soufflais-je à moi-même en sautant du lit blanc. Les médecins savaient très bien que la plupart des jeunes filles de dix-sept ans avaient pour habitude d'avoir une vie mouvementée. Enfin, les filles qui étaient pleines de santé. J'étais en droit d'avoir cette vie, mais je restais chez moi à tourner en rond. Je me rhabillais donc dans un silence religieux avant de prendre à mon tour la porte pour rejoindre ma famille dans le couloir. Je fus surprise de ne pas voir ma mère, elle qui était toujours si inquiète lors de mes crises, c'était étonnant de la voir en retard. Je posais donc mon derrière sur une des chaises, fixant calmement les aiguilles de la pendule en face de moi.
« Que fais une charmante jeune vie dans un endroit aussi sinistre ? » Je détournai mon regard pour rencontrer deux yeux bleus. Ils étaient aussi beaux que l'homme qui les portait, un jeune homme blond qui semblait à peine plus âgé que moi. Il se tenait d'une manière très décontracté, comme s'il était assis dans un fauteuil de son salon. Devais-je prendre cette phrase pour une moquerie ou pour une tentative de séduction douteuse ? A vrai dire, je n'avais pas l'habitude de me faire aborder par des garçons, alors par précaution, je n'allais pas me risquer à rentrer dans son jeu.
« Je pense que ça se voit, non ? J'attends quelqu'un. » Répondis-je sans le quitter du regard. Il ne semblait pas perturber par ma réponse, au contraire, il m'offrit un charmant sourire avant de s'asseoir à mes côtés.
« Tu viens voir un patient ? » Sa curiosité me gênait un peu.
« Nan, c'est moi la patiente. » dis-je un peu brutalement. A quoi bon mentir, je n'allais pas le revoir. Il m'avait fallu du temps avant d'annoncer à mes camarades de classe mes problèmes de santé, mais eux avait une importance pour moi contrairement à ce garçon.
« Ah... et c'est quoi ton petit nom ? » dit-il en se mordillant la lèvre. J'avais réussi à le gêner, mais à quoi s'attendait-il ? Nous étions dans un hôpital. Je haussai un sourcil avant de lui répondre.
« Cathleen...Worth et toi ? » « Miles Newton, et c'est un véritable plaisir te de rencontrer. » dit-il en me souriant. Ce sourire, il me semblait sincère.
now, you're a part of me Janvier 2010 - Une boule de neige vola à travers mon petit jardin, suivi de deux autres.
« Allez petit coeur, viens voir ton chéri d'amour. » La voix de Miles était douce et mielleuse, une voix attirante, mais qui avait pour seul but de m'attirer dans son petit piège.
« Sale teigne va, tu veux juste me faire bouffer de la neige. » criais-je à l'opposé de lui, derrière mon petit mur de neige. Je savais que je n'y échapperais pas, il n'allait pas me faire une fleur. C'est ce que j'aimais chez lui, même en étant au courant de mes problèmes, il se comportait normalement avec moi. Je n'étais pas la poupée en porcelaine à ses yeux, j'étais une simple jeune fille de dix-huit ans qui s'amusait dans la neige avec son petit-ami. Miles m'avait ouvert les portes d'un monde fabuleux, il me faisait découvrir des choses qu'une jeune fille devrait pouvoir vivre. Ce qui n'était pas au goût de mes parents. Mais de nos jours, comment empêcher une adolescente de vivre ses premières expériences sexuelles, de conduire une voiture ou encore de se rendre à une soirée. Ce sont des choses simples, mais importantes à mes yeux. Je fus surprise de le voir me rejoindre derrière ma cachette, il s'adossa au tas de neige tout en me fixant de son regard.
« Tu penses à quoi ? » Son ton calme et sérieux me donna des frissons, je le voyais rarement être comme ça avec moi.
« Je pense que j'ai de la chance de t'avoir dans ma vie. » dis-je en en posant mon gant sur sa joue, qui était rougi par le froid.
« C'est adorable, mais je pense sérieusement qu'un autre garçon aurait pu faire autant que moi. » Il se trompait lourdement, je n'attendais pas plus d'un homme pour découvrir ce qu'était vraiment la vie. Je ne pensais pas qu'il pourrait se rendre compte, tout ça semblait si simple et facile à ses yeux.
« Miles, tu ne te rends pas compte de ce que tu m'apportes. » Son regard pétillant s'assombrit, la dernière chose que je voulais faire était de le blesser. Avant de le rencontrer, j'étais froide et fermer, je me battais pour un futur inconnu. Maintenant, je profite du moment présent à ses côtés, je ne pense plus à demain. Était-ce une erreur ?
« Si, je le sais parfaitement bien. » Je n'eus pas le temps d'analyser sa réponse, ses lèvres s'étaient posées rapidement sur les miennes et mes bras s'enroulèrent automatiquement autour de son cou. Son baiser était chaud et doux, il me réchauffait du froid.
« Je t'aime. » Me murmura-t-il à l'oreille.
« Je t'aime aussi. » Je ne demandais rien d'autre que ça dans la vie.
Mars 2011 - « Il nous a quitté il y a quelques heures. Il avait arrêté le traitement sans que nous le sachions alors ce don d'organe devait se faire rapidement étant donné que nous ne l'avions pas prévu. J'espère que vous comprenez la situation. » La voix lui semblait si lointaine, tout comme la scène qui se déroulait sous ses yeux. Ma mère discutait avec le médecin, mais je me fichais complètement de ce qu'ils pouvaient dires. Ma mère n'avait pas arrêté de me dire que j'allais pouvoir vivre encore très longtemps, que je méritais ce qu'il m'arrivait. Je ne voyais qu'une chose, l'implantation du coeur de l'homme que j'aimais dans mon propre corps. Il était mort ? Pourquoi ? Qu'avait-il ? Tant de questions dans ma tête qui m'empêchait de hurler de douleur, ce qui m'arrivait n'était pas dans l'ordre du possible. J'avais cette vision, de lui et moi dans ce parc, ma tête posée contre sa poitrine. J'entendais son coeur battre la chamade en moi, comme je l'avais entendu ce jour-là. Ma réaction fut spontanée, je précipitai ma tête sur le côté du lit pour vomir le peu de choses qui étaient dans mon estomac. Je voyais les gens autour de moi se bouger, pour s'assurer que j'allais bien, mais je ne prenais même pas la peine de donner une réponse. Les larmes commencèrent à couler lorsqu'une chose me vint à l'esprit : il savait depuis longtemps que tout se passerait comme ça, il m'avait aimé depuis le jour où il a su qu'il ferait partie de moi à jamais.
it's like a reborn Avril 2012 - Mes cartons étaient éparpillés dans cette énorme pièce vide, qui en passant, m'avait semblé beaucoup plus grande sur les photos.
« Tu sais que ta mère serait fière de toi ? » Mon père était accoudé à la porte, portant une de ses légendaires chemises bien trop grande pour lui.
« Je suppose, enfin travailler dans l'animalerie de son frère n'est pas non une nouvelle fracassante. » Je devais quand même remercier mon père d'avoir supplié mon oncle pour avoir ma chance, avec aucune expérience professionnelle, c'était plutôt dur. J'avais eu beaucoup de chance en obtenant mon diplôme à la fin du lycée, ce qui est compréhensible pour des raisons évidentes.
« Tu vas dormir dans la pièce où ta mère à fait ses premières nuits, et je ne sais pas si tu sais, mais tu construis ta vie en ce moment. » Enchaina mon père avec une voix qui se voulait persuasive. J'émis un petit rire nerveux, tout en faisant craquer mes articulations.
« Construire une vie ? Ça semble si abstrait étant donné ce qui s'est passé ces derniers temps » Miles m'avait donné son cœur, mais une greffe entraînait quand même des conséquences, j'avais encore des crises même si elles étaient beaucoup moins fortes maintenant.
« Ta mère nous a quitté subitement il y a quelques mois et Miles t'a offert une nouvelle vie. Je comprends que tu sois toujours blessé, mais je pense qu'il est l'heure pour nous d'avancer. » Je voudrais avancer, vraiment, mais je ne pouvais pas continuer ma route comme ça. Ma vie était étrange, j'étais entre deux mondes. Tout était fragile, je devais réapprendre à vivre comme avant.
Plus tard, Tobias Lowe était arrivé avec son sourire charmeur. Oui, j'étais tombée sous son charme au point de partager une nuit avec lui sans vraiment le connaitre. Il était différent de Miles, mais j'avais l'impression de me sentir vivante à nouveau. Mais, il n'était pas au courant pour moi et je me torturais l'esprit en permanence en ce qui concernait la vérité sur moi, au du moins j'hésitais à lui raconter mon histoire. Je savais que j'étais capable de tomber amoureuse de lui, mais les gens avaient la fâcheuse tendance à mourir autour de moi, alors j'hésitais à écouter mon cœur. J'avais peur de perdre Tobias, je tenais à lui et au fond de moi, je savais que la vérité changerait les choses. Il restait plus qu'à savoir si ça allait être en bien ou en mal.