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 But I was thinkin' bout you and it kinda made me smile

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Kelsey Washton
Kelsey Washton
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MessageSujet: But I was thinkin' bout you and it kinda made me smile   But I was thinkin' bout you and it kinda made me smile EmptyDim 18 Mai - 1:08

Je m'souviens, on avait des chansons, des paroles comme des pétales et des corolles, qu'écoutait en rêvant la petite fille au tourne-disque folle. Le parfum, imagine le parfum, l'Eden, le jardin, c'était pour demain, mais demain c'est pareil, le même désir veille. Là tout au fond des cœurs, tout changer en douceur.
charlsey.
La veille au soir, Moriarty, le cochon d'Inde mohair de Kelsey, cette adorable boule de poils noire et blanche en avait profité pour faire un peu de gymnastique dans sa roue en ferraille qui grinçait à chaque fois que la bestiole remuait sa graisse, au grand dam de Sherlock, l'affreuse chose que Charlie qualifiait de sublime beagle tricolore, qui en avait profité pour ouvrir sa grande gueule et montrer la puissance de ses jappements. A vrai dire, Sherlock ne détonnait pas dans cette atmosphère où rien n'était propice au repos. Il n'était pas rare d'entendre quelques engueulades dans les appartements voisins ou d'entendre les hurlements d'une baston en contrebas de l'immeuble, amenant parfois jusqu'à quelques coups de feu. Et parfois, comme pour venir troubler cette joyeuse fête, la sirène des autorités se faisait entendre, dispersant tout ce beau monde et imposant un repos faussé. Car sitôt le chat reparti, les souris se remettaient à danser. Quelles chieuses, ces souris ! Avoir un cochon d'Inde, ça ne posait aucun souci, si ce n'est que cette satané roue commençait ses vieux jours en ronchonnant.
Kelsey avait acheté Moriarty en s'installant ici, six ans auparavant. Elle pensait qu'elle se sentirait moins seule en ayant une présence à ses côtés – non pas que Charlie était désagréable avec elle, bien au contraire. Mais elle voulait avoir son petit truc, sa petite chose qui lui permettrait d'échapper à une vie humaine, l'espace de quelques secondes. Pourtant, c'était sans compter cette vie mouvementée qui l'avait accueillie dès les premiers jours. Elle avait entendu des portes claquer, des verres se briser et des coups donnés contre les murs. Ce cirque se reproduisait à peu près chaque jour, durant deux semaines. Au début, elle avait été pousser sa gueulante, comme toute personne sensée ferait, mais il s'avérait qu'on l'avait envoyé proprement paître. Alors, la jeune femme avait appris à vivre avec. Au fil des jours, elle avait fini par se montrer insensible. Pourtant, les jappements du clébard de son amie continuait à l'irriter. C'était ainsi. A chaque fois qu'on aspirait au silence et à la quiétude, à chaque fois il y avait un trouble-fête. Plusieurs fois, elle avait demandé à Charlie de faire taire ce chien, et plusieurs fois, elle n'avait jamais obtenu gain de cause.
Alors, en se levant ce matin et en se préparant à aller en cours, la jolie blonde s'était promis d'acheter une nouvelle roue pour Moriarty et une muselière pour le cabot, que cela n'en déplaise à Charlie. Après tout, elle ne pouvait pas lui reprocher de faire ce qui lui paraissait juste ! Et lorsqu'elle fut enfin prête, c'est avec ses idées là qu'elle sortit de l'appartement. Tous les matins, elle partait bien avant Charlie et revenait souvent avant elle le soir. Ce matin là, avec ses projets en tête, elle avait juste oublié ses clés sur sa table de nuit. Mais ça, elle ne le constaterait que bien plus tard.
Le soir, après avoir essuyé une journée de cours, la jeune femme s'en était retournée chez elle. Ce n'est qu'arrivée devant sa porte d'entrée et farfouillant dans son sac à main qu'elle constata qu'elle n'avait pas ses clés sur elle. Pourtant, elle était persuadée de les avoir glissé dans son sac, avant de se coucher, hier soir. Kelsey essaya tant bien que mal de reconstituer sa soirée, jusqu'au moment où elle s'était glissée entre ses draps, mais… Elle se souvenait d'avoir embrassé le cochon d'Inde, jeté un drôle de regard au chien et adressé un grand sourire et un bonne nuit plein d'entrain à Charlie. Elle se souvenait d'avoir posé son violon sur l'une des tables de nuit prévue à cet effet, avoir branché son portable sur une prise puis posé sur l'autre table de nuit, réglé son réveil, s'être allongée sur son lit puis rabattu les draps et la couette, lu quelques pages d'un livre glané dans une bouquinerie d'ouvrages de seconde main avant d'avoir éteint la lumière. Mais elle ne se souvenait pas d'avoir glissé ses clés dans son sac. Tout en se maudissant intérieurement, la demoiselle sortit son téléphone de la poche de sa veste en jean sans manches et composa le numéro de Charlie. Malheureusement, son envie d'entrer en contact avec elle l'amena directement sur sa messagerie. «  Bon, Charlie, c'est moi. Je, euh… J'ai oublié mes clés à la maison et je me retrouve enfermée dehors. Si tu pouvais me rappeler, ça serait cool ! Bisous, à tout à l'heure ! ». Se laissant choir au sol, elle étendit ses jambes devant elle et sortit de son sac le livre d'occasion qu'elle lisait la veille et qu'elle avait glissé dans son sac le matin, avant de partir. Elle se plongea rapidement dedans, interrompant parfois sa lecture pour tenter de joindre Charlie, ignorant Sherlock qui aboyait de l'autre côté de la cloison et ignorant les pleurs du mioche de l'étage du dessus. C'en était devenue une douce musique qui avait fini par la bercer. Ce n'est qu'en entendant des bruits de pas qui allaient en s'amplifiant et qui s'arrêtèrent à son étage, ce n'est qu'en sentant une présence familière et singulière, qu'elle sut que Charlie était rentrée. Elle acheva de lire sa phrase avant de lever le regard vers elle. « Hey ! Dis moi, ton portable, est-il rechargé ? »
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Charlie Falcetti
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MessageSujet: Re: But I was thinkin' bout you and it kinda made me smile   But I was thinkin' bout you and it kinda made me smile EmptyLun 19 Mai - 0:51

Squick quick.

Moriarty s’en donnait à cœur joie dans sa petite roue. Il avait ce chic de toujours déranger Charlie, ramenant toutes ses pensées à elle. S’il n’était qu’un hamster ordinaire, il avait comme maîtresse celle qui hantait les nuits mouvementées de la jeune femme depuis tant d’années. Depuis quand ? L’adolescence, oui, cette époque sombre, ce rite de passage avant l’âge adulte. Cette dizaine d’années, enfin presque, où notre cerveau laissait sa place aux hormones et aux pulsions et où la découverte de notre corps et celui des autres devient une obsession intrigante. À ce désir charnel se conjuguait parfois les sentiments les plus complexes et les plus passionnés. Si Charlie avait senti plusieurs fois le sol se dérober sous ses pieds lorsqu’une pensée de trop lui venait en tête, cette passion brûlante avait tout de même réussi à la garder en vie alors qu’elle avait cru à de nombreuses reprises se consumer d’un coup.

Dans sa chambre, toutes les lumières étaient éteintes. Son corps reposait entre ses draps et sa tête penchait doucement sur les oreillers duveteux, pourtant ses yeux restaient ouverts. Son esprit vagabondait, se laissant distraire par toutes sortes de possibilités pour la plupart impossibles et irréalistes. Serait-elle encore éveillée si Kelsey la tenait dans ses bras dans leur lit commun. Serait-elle moins craintive lorsque les coups de feu résonnaient dans les rues du quartier et leur parvenaient par écho. Et des fois, ils n’étaient pas si éloignés d’eux. Six ans à se faire un sang d’encre. Six longues années à attendre, à vivre à moitié, à aller en classe et à revenir à la maison sans s’y sentir à son aise totalement. Elle marchait sur des œufs, ayant peur de Kelsey, mais surtout d’elle-même. Elle aurait pu lui dire des choses mielleuses et tendres ou encore d’autres choses moins agréables, plus dures et acerbes. Charlie l’aimait, elle l’avait toujours aimée et cet amour lui pesait. C’était le fardeau qu’elle devrait porter tout au long de son existence. Heureusement, ce poids sur son cœur avait des yeux si brillants et des lèvres qui devaient être tendres à embrasser. Dans ses rêves, elles étaient si accueillantes, si douces. La réalité était tout autre. Si Kelsey semblait heureuse de leur choix de vie, son regard accusait bien souvent involontairement Charlie de ses erreurs passées. Quant à ses lèvres, elles formaient d’ordinaire des mots simples qui ne faisaient que résonner dans la tête de Charlie l’absence d’autres mots qu’elle espérait depuis des années. Elle ne lui dirait pas. Elle lui dirait. Les yeux ouverts, Charlie fixait le plafond qu’elle peinait à voir dans la noirceur de sa chambre et espérait y trouver une réponse. Elle savait pourtant qu’elle n’y trouverait rien, voilà déjà six ans qu’elle y cherchait le sens de la vie.

Ses pensées furent drastiquement interrompues par les aboiements de son pauvre Sherlock, encore une fois dérangé par la présence de l’indésirable compagnon de Kelsey. Elle avait tellement bien choisi son nom. Moriarty était bel et bien l’ennemi juré de Sherlock et à ses heures de Charlie également. Qui aurait cru qu’un hamster pouvait avoir en lui tant de malice et de méchanceté. Il avait déjà mordu le pouce de la jeune femme lorsqu’elle avait voulu nettoyer sa cage pour rendre service à sa chère Kelsey. Depuis cet épisode, elle s’était tenue à carreau de cette véritable vermine puante. Et Kelsey lui rendait bien la monnaie de sa pièce en détestant son chien. Elle disait son chien, même s’il avait été adopté à deux. Elle avait refusé d’être associée à cet aboyeur professionnel.  

« Viens ici Sherlock ! » Penchée au-dessus de son chien, elle essayait de l’attraper en toute sécurité alors qu’il était en proie à des jappements agressifs. Si l’atmosphère du quartier jouait sur les nerfs des deux chambreuses, il était clair que leur adorable bête à poils en subissait les conséquences également. La fatigue rendait ses mouvements maladroits et il lui fallut dix bonnes minutes pour attirer son ami à quatre pattes dans son lit. Le matelas n’était pas assez grand pour les laisser dormir confortablement tous les deux. Sherlock avait une place de choix, oui, mais Charlie faisait la vague, coincée entre le mur et le chien. Il avait aboyé encore et encore pendant une bonne heure avant de s’assoupir finalement. Épuisée, elle s’était laissé bercer par de doux rêves romantiques entremêlés de cauchemars angoissants dans lesquels elle se retrouvait à la rue avec son chien, loin de son cœur qui appartenait d’ores et déjà à Kelsey.

À son réveil, Kelsey était déjà partie depuis longtemps. N’ayant qu’un cours en après-midi, elle s’était permis une grâce matinée. À vrai dire, toutes ses matinées étaient bien paresseuses depuis des années. Un coup d’œil rapide au frigo lui avait permis de se rappeler de l’état de ses finances. Une autre déception, encore. Un bon verre de jus d’orange et une banane dans l’estomac, elle avait pris sa douche rapidement, laissant le temps à son chien de se réveiller. Les cheveux encore humides et frisotant, elle avait mis son collier et la laisse à son chien, le préparant à leur jogging matinal quotidien. Courir dans le vent, c’était son moment préféré de la journée. La musique dans ses oreilles faisait vibrer ses tympans au rythme des violons et du piano. Seule la musique classique calmait son âme. Elle s’était rendue au parc où elle avait laissé Sherlock jouer avec les autres chiens du quartier.

Et la journée avait suivi son cours normal, rien d’extraordinaire n’arrivait jamais de toute façon. Ses cours l’ennuyaient et les gens bavassaient comme d’habitude des propos inintéressants. Elle qui avait l’habitude d’être avenante et sympathique avec tout le monde, elle éprouvait un mal de vivre et une fatigue qui la hantaient depuis maintenant trop longtemps. Pourtant, lorsque les cours prenaient fin, son sourire lui revenait rapidement. Elle dansait parfois sur le trottoir avant d’arriver chez elles. Elle et Kelsey. Kelsey et elle. Elles vivaient ensemble et cette idée lui donnait encore des papillons dans l’estomac malgré les années. Sa vie n’était pas horrible. Ce n’était pas le paradis, mais ce n’était pas l’enfer. Et le cœur pesant, mais enjoué, elle gravissait les escaliers infinis, souriant bêtement à penser à Kelsey, encore.

Elle était là, assise, l’attendant. Ce devait faire assez longtemps car Kelsey finissait toujours plus tôt qu’elle. Les jappements de Sherlock résonnaient dans tout le couloir. À la question de Kelsey, Charlie sortit rapidement son téléphone de son sac. En mode silencieux, il ne l’avait pas avertie des messages laissés par sa colocataire. Coupable, elle plongea son regard désolée dans les grands yeux de celle qui l’avait attendue trop longtemps. « Oui, désolée, j’ai pas eu tes messages. Je ne mets pas de son quand je suis en cours. » Un sourire taquin se forma sur ses lèvres, trouvant quelque chose d’amusant dans la mésaventure de sa meilleure amie. Elle mit ses mains sur ses hanches, de façon autoritaire, mais peu crédible et lui lança : « Madame oublie ses clés ? Je ne sais pas si tu mérites que je t’ouvre la porte après tout… » Un petit rire niais suivit ses paroles. Ses yeux ne quittaient pas Kelsey. Même si elle connaissait ses traits par cœur et pouvait les voir parfaitement lorsqu’elle fermait les yeux, elle ne pouvait jamais réellement détacher son regard d’elle. Elles étaient attachées à jamais.
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Kelsey Washton
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MessageSujet: Re: But I was thinkin' bout you and it kinda made me smile   But I was thinkin' bout you and it kinda made me smile EmptyJeu 29 Mai - 0:40

Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi. Sans un regard, reine de Sabbat, j'ai dit Aïcha, prends, tout est pour toi. Voici les perles, les bijoux, aussi l'or autour de ton cou. Les fruits, bien mûrs au goût de miel. Ma vie, Aïcha si tu m'aimes. J'irais où ton souffle nous mène, dans ces pays d'ivoire et d'ébène. J'effacerai tes larmes, tes peines. Rien n'est trop beau pour une si belle.
charlsey.
Elle était là, sa Sauveuse, dans tous les sens du terme. Elle lui avait maintenu la tête hors de l'eau quand sa vie commençait à vaciller. Malgré tout, Kelsey avait fini par couler et la noyade avait failli arriver. Sans elle, sans Charlie dans son adolescence, la jeune blonde ne serait probablement plus de ce monde à présent. Quand elle était adolescente, il y avait bien eu ce jour où tout avait failli basculer. En un sens, tout avait basculé. Kelsey s'était retrouvée à terre, dépourvue de ses forces, sentant la vie la fuir, sentant son cœur battre dans sa cheville, ses pensées s'entrechoquant dans un étonnant capharnaüm. Puis le silence s'était si soudainement abattu. La jeune fille n'entendait alors que sa propre respiration qui s'amenuisait et les battements de son cœur qui diminuèrent. Il fallait qu'elle résiste. Il le fallait. Mais elle n'y arrivait pas. Elle s'était battue trop longtemps ; le moment de lâcher les armes était arrivé. Puis Charlie était arrivée. La Sauveuse. Au début, c'était une voix, confuse, qui se frayait difficilement un chemin jusqu'à ses oreilles et jusqu'à son cerveau. Elle aurait voulu réagir, lui dire que tout allait bien, qu'il ne fallait pas s'en faire. Elle n'avait pas réussi à bouger ni même à parler. Elle était morte. Quasi morte. Elle sentait ces contacts sur son corps, elle entendait cette agitation autour d'elle, elle la sentait, elle la ressentait. Mais plus la jeune fille tentait de refaire surface, plus ses forces vitales la quittaient. Elle se battait pour vivre. Au final, elle se battait avec la mort. Et vint un moment où elle lâcha prise. Combien d'années pour élever un enfant ? Pour l'égorger, c'est juste un instant. Combien de rêves en route abandonnés ? D'automensonges pour se contenter ? Les douces illusions l'avaient bercé depuis longtemps. A chaque fois, elle s'était persuadée qu'elle réussirait à s'y faire, qu'elle réussirait à mettre ce passé derrière elle. La vérité était qu'elle n'y était pas parvenue. Un échec supplémentaire sur le tableau pourri de sa vie. Alors, alors, Kelsey avait subitement décidé qu'il était temps d'accepter la vérité toute nue, telle qu'elle était. Elle s'était mise debout et l'avait affronté. Et la vérité lui avait demandé de tout lâcher et de la suivre, Elle, que l'on dit vêtue de longs haillons et équipée d'une faux et qui en réalité est bien loin de ces clichés. On l'avait choqué une fois, mais le cœur n'était pas reparti. On avait recommencé, augmentant la dose d'électricité. Toujours rien. A plus fort taux d'électricité, ils s'étaient acharnés plusieurs fois. Ils avaient commencé à perdre espoir, mais la dernière tentative fut la bonne. Le rythme cardiaque était reparti. Elle n'avait jamais pu faire le chemin jusqu'au bout. Elle ne saura jamais ce qu'il y a au bout de ce tunnel. Les médecins s'étaient acharnés sur son corps ainsi offert en pâture. Des rapaces qui se jettent sur une proie, si fraîche et quasiment morte. Elle avait senti ces aiguilles s'insérer dans son corps, elle avait senti qu'on la transportait. Elle avait senti qu'on avait comprimé sa cheville, qu'on l'avait emmené ailleurs. En salle de réveil. C'est là que tout avait basculé. Une seconde fois. Kelsey émergeait doucement des limbes mortelles, mais ses forces n'étaient pas suffisamment puissantes pour qu'elle puisse parler ou esquisser le moindre geste. Pourtant, les sons lui parvenaient avec clarté, les sensations n'étaient plus pareilles. Elle avait senti cette main serrer la sienne, elle avait entendu ces paroles si réconfortantes, si douces ! « Je t'aime Kelsey, ne me refais jamais le coup de me quitter. » Dans sa tête, tout hurlait, tout criait, tout pleurait. L'adolescente n'avait plus su quoi penser. Elle aurait voulu y répondre, mais elle n'avait pas réussi. Pourtant, elle aurait juré que ses doigts avaient pressé ceux de sa meilleure amie.
Depuis lors, les années avaient passé, et la jeune femme qu'elle était devenue se posait toujours la même question. Charlie, que représentait-elle exactement à ses yeux ? Pour sûr, elle était bien plus qu'une meilleure amie et bien plus qu'une âme sœur. Malgré tout, elle ne voulait pas risquer de froisser son amie si elle s'ouvrait à elle. Aussi, elle avait peur des qu'en-dira-t-on, des ragots, des colportages de couloirs. La santé mentale de Kelsey se remettait encore bien trop doucement de ces souffrances d'adolescence ; ce n'était pas le moment de la brusquer. Après tout, ce n'était jamais le moment de la brusquer. Elle était peureuse, elle était méfiante, mais par dessus tout, elle était confuse. A vrai dire, ses relations avec les hommes ne se comptaient que sur les doigts d'une seule main. Et encore, ces relations n'excédaient pas quelques mois. Les hommes l'avaient trouvé trop frigides, inaccessibles. Ils n'avaient pas réussi à faire sauter le verrou, alors ils l'avaient largué comme des malpropres. Dans son enfance, elle s'était imaginée mariée, mère de famille et ayant une carrière brillante et prometteuse. Force était de constater qu'au final, tous ces idéaux de gamin n'étaient que pures fabulations. Elle ne savait plus où elle en était. Une chose était pourtant sûre : Charlie était bien trop précieuse à ses yeux. Mais elle n'était pas encore prête à s'ouvrir à elle, à entrer dans la fosse aux lions. Seulement, le sera-t-elle un jour ?
Alors, la voir ici, debout devant elle, ça lui rappelle ces instants où elle a toujours été là pour elle, où elle a été la Sauveuse, celle qui la tirait des griffes des tourments impétueux dans lesquels elle s'enlisait, celle qui la soutenait quoiqu'il advienne. Ça, Kelsey ne pourrait jamais l'oublier. Elle lui adressa un grand sourire avant de se lever avec difficulté, manquant de trébucher sur sa longue jupe rose pâle. Avec toute la dignité qu'elle avait, elle fit mine de rien et se redressa tout en réajustant ses vêtements et en rangeant son livre dans son sac. « T'inquiète pas, c'est pas grave ! Tu bosses, c'est normal, je ne peux pas t'en vouloir. » Elle vit Charlie se parer d'un air autoritaire et poser ses mains sur ses hanches, comme une mère qui s'apprêterait à réprimander son enfant. Kelsey leva les yeux au ciel et soupira. « Après tout, ça ne sera pas la première fois que tu me retrouveras dehors et par terre. J'y suis habituée, tu sais. Allez, dépêche-toi d'ouvrir la porte ! J'entends mes Kinder Pingui m'appeler. Je les avais caché quelque part dans le frigo pour pas que tu me les voles. » Sans attendre la réponse, Kelsey fouilla dans le sac de sa meilleure amie à la recherche de ces fameuses clés qui la séparaient de son précieux goûter. Elle les introduisit dans la serrure, les tourna et ouvrit la porte. Sherlock l'accueillit en lui sautant littéralement dessus. La blonde le caressa un peu avant de le repousser en sortant un élégant « dégage » – quoique plus vulgaire – puis laissa choir son sac dans l'entrée pour se diriger à toute allure vers le frigo. « Tiens, j'ai croisé le chinois qui tient le resto un peu plus loin. Il nous invite à venir goûter sa dernière innovation culinaire. Je lui aurais bien dit oui, mais vu le ratage de son dernier « nouveau plat », j'ai pas envie de mettre mon estomac en péril… »
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Charlie Falcetti
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MessageSujet: Re: But I was thinkin' bout you and it kinda made me smile   But I was thinkin' bout you and it kinda made me smile EmptyMer 30 Juil - 3:36

Sa meilleure amie avait toujours eu cette résilience, cette force de vivre qui impressionnait Charlie. Elle se relevait, c’était une battante. Elle voyait le bon côté des choses malgré toutes ses aventures parfois désastreuses, tous ces traumatismes qui l’avaient marquée au fer rouge. Un œil étranger n’aurait pas su reconnaitre les cicatrices qui balafraient son cœur. On aurait plutôt dit qu’elles ornaient son être, elle qui avait appris à vivre avec sa douleur profonde. Elles avaient vécu tant de choses ensemble, Charlie avait parfois le tournis lorsqu’elle y pensait trop longuement. Les vertiges de la surprise et de l’incertitude lui prenaient sa tête alors que son corps tout entier voulait choir sur le sol. Elle ne l’avait pas perdue, elle s’était attachée à elle, elle ne l’avait pas laissée s’engouffrer dans ce long sommeil duquel on ne revient pas. Debout devant son âme-sœur, elle se surprenait parfois à remercier le ciel ou quelque dieu qui lui passait par la tête de l’avoir épargnée, elle qui valait plus que tout au monde, elle qui était sa moitié manquante.

La jeune femme souriait souvent à la simple vue de Kelsey, de ses airs enjoués et de son tempérament explosif et vif. Elle ne l’aurait changée pour rien au monde, elle l’aimait après tout. Elle l’aimait à jamais. Et dans ce couloir, elle la regardait avec ces mêmes yeux remplis d’une joie immense, elle se régalait de cette vue qu’elle savait interdite. Elle voyait en sa colocataire une chose qui n’y était évidemment pas, une relation inexistante, brisée depuis le temps. La voir ainsi, tous les jours, ça lui avait fait bien plus mal qu’elle ne se l’avouerait jamais. Elle avait cru que la côtoyer chaque matin remplirait ce vide qui trouait son cœur, pourtant ce fut bien le contraire qui se produisait maintenant depuis tant d’années. Chaque regard, chaque sourire n’était qu’un couteau plus tranchant que le précédent qui s’enfonçait dans sa chair, martelant encore et encore les mêmes mots, la même pensée que Charlie savait être vraie. Elle ne l’aimait pas en retour, elle ne l’aimerait jamais comme ça, comme elle le voulait. Kelsey ne serait pas son amante, elle ne serait pas non plus sa complice de vie. Elle hanterait ses rêves et ses fantasmes, elle habiterait son cœur à jamais, mais elle ne deviendrait pas sa partenaire. Et dans les moments les plus simples et les plus heureux, Charlie gardait le sourire tout en sentant son cœur se désagréger un peu plus que la veille. La douleur de la proximité était brutale, mais celle de la séparation ne serait que trop mortelle. Elle acceptait mal cette réalité qu’était sa vie, pourtant elle vivait avec, s’acclimatant à sa colocataire qu’elle aimait tant et acceptant les quelques signes affectueux que Kelsey daignait bien lui offrir de temps à autre. Les câlins lui offraient assez de proximité avec Kelsey pour fournir ses rêveries des jours durant et les éclats de rire de cette dernière lui donnaient une raison de plus de se lever le matin et vivre sa vie. Elles s’étaient battues pour cette vie et elles devaient s’y cramponner à jamais.

Ses sourires faisaient papillonner son estomac. « Bah quand même, j’ai un train de retard. Regarde-toi, pauvre fillette abandonnée dans les couloirs d’un quartier malfamé. J’ai honte ! » Sans lui offrir un temps pour réagir, Kelsey se décida de prendre les choses en main, elle qui semblait en avoir marre de regarder à temps perdu cette peinture défraichie et écaillée qui servait d’unique décoration aux sinueux couloirs de leur bloc appartement. « Han mais comment t’es de mauvaise foi. J’te vole jamais tes chocolats. Enfin presque jamais. Nah mais oh, c’est comme ça qu’on traite la meuf aux clés par chez toi, petite ingrate ? » Charlie lâcha ces quelques mots alors qu’on la dévalisait sur place, sa colocataire étant toujours si impatiente, surtout lorsqu’il était question de chocolat. Elle se laissa faire, préférant offrir ce petit divertissement à celle qui l’avait attendue au pas de la porte. Elle ne refusait jamais de contact avec Kelsey, ni de près, ni de loin. Chaque opportunité de la sentir contre elle la faisait sentir plus ardente et plus meurtrie à la fois. Cette douleur la gardait en vie.

Un large sourire se traçait sur les lèvres de Charlie alors que la porte de leur appartement s’ouvrit. Sherlock aussi savait jouer sur les cordes émotionnelles de sa maitresse et arrivait toujours à décrocher un rire de celle-ci. Son air piteux qu’il arborait chaque fois que Kelsey le repoussait venait chercher la fibre maternelle et elle ne pouvait s’empêcher de le cajoler comme pour lui prouver son amour. Sa main se perdait dans le long pelage de son chien. « Du chinois ? Mouais, plus de la bouillie pour chat. T’as bien fait de lui dire non, après on aurait chié des briques pendant deux jours… » La dernière tentative d’invention du restaurateur avait été mémorable et tragique à la fois, permettant à Charlie d’y aller d’une vulgarité plus crue qu’à l’ordinaire. « Faudrait que je ramène Sherlock chez le toiletteur, il a le poil trop long. Il doit crever de chaud, le pauvre ! » Elle quitta un instant son chien pour aller déposer son sac dans sa chambre et retirer les couches de vêtements superflues. En pyjama, elle se sentait vraiment à la maison. L’enfiler lui avait coûté le reste d’énergie qu’elle avait et c’est péniblement qu’elle se rendit au divan du salon, se laissant tomber dessus comme une masse inerte que la gravité aurait rappelée à elle. D’un gémissement de satisfaction et de fatigue, elle s’adressa à sa colocataire : « T’as envie de te faire un film ce soir ? Je suis tellement crevée, j’ai pas la foi d’étudier. »
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